Crédit : emprunter en faisant appel au crowdlending ou au prêt bancaire ?

Crédit : emprunter en faisant appel au crowdlending ou au prêt bancaire ?

Alors que la Banque de France vient de publier les chiffres de son observatoire mensuel sur les crédits accordés par les banques aux entreprises, on peut se poser la question suivante : le crowdlending concurrence-t-il le prêt bancaire ?
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 04 Avril 2017

Crédit emprunter en faisant appel au crowdlending ou au prêt bancaire

Les banques continuent de financer les entreprises

Selon la Fédération bancaire française, plus d’un million d’entreprises et de PME se financent par le crédit. Les données publiées par la Banque de France montrent que les nouveaux crédits aux entreprises sur un an atteignent 266 milliards d’euros pour un encours de 917 milliards d’euros à la fin du mois de janvier 2017. La croissance annuelle est de l’ordre de 4,8 % et les taux demeurent attractifs : 1,41 % en janvier 2017.

Les banques françaises font également un effort particulier sur le financement des TPE et des PME avec une croissance des crédits accordés de 2,9 % en janvier 2017, pour un encours de 386,9 milliards d’euros. Les taux moyens des prêts bancaires aux PME s’élèvent à 1,83 %, un score inférieur à la moyenne européenne. Mais à ces niveaux de financement, le crowdlending peut-il véritablement concurrencer le prêt bancaire ?

Les statistiques du crowdlending en 2016 en France

Les montants collectés en crowdlending et destinés au financement des entreprises ont été multipliés par 2,6 entre 2015 et 2016, passant de 31,5 millions d’euros à 83 millions d’euros. A l'évidence, les sommes dont on parle pour le crowdlending sont minimes par rapport à celles brassées par le prêt bancaire. Néanmoins, le prêt de particuliers aux entreprises continue sa progression avec 651 projets financés contre 395 l’année précédente. Le nombre de plateformes de crowdlending est même passé de 12 à 16 (Lendopolis, WeShareBonds, etc.), les plus dynamiques en termes de volumes de prêts étant Lendix, Lendosphère et Unilend.

Les entreprises ont emprunté à 7,16 %, un taux largement supérieur à celui d’un prêt bancaire, sur une durée moyenne de 38 mois. L’institutionnalisation du marché se concrétise par le partenariat noué entre Hello bank! et Crédit.fr pour les clients particuliers ou l’entrée au capital de WeShareBonds par La Banque Postale à hauteur de 10 %. Outre les banques, les assureurs se positionnent à l’instar d’AVIVA ou d’AG2R et la création du fonds Prêtons Ensemble.

Distinction entre IFP et CIP : des effets de seuils

Les plateformes de financement participatif se scindent en deux catégories. Les intermédiaires en financement participatif (IFP) appliquent un plafond par prêt et par personne. L’autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) permet à l’épargnant de verser jusqu’à 2 000 €. Pour aller au-delà de ce seuil, la plateforme doit avoir le statut de conseiller en investissement participatif (CIP) qui autorise l’intermédiation de titres obligataires (emprunt plafonné à 1 million d’euros et prêt plafonné à 2 000 €) et de minibons (emprunt plafonné à 2,5 millions d’euros et aucun plafond de prêt).

En revanche, les CIP effectuent un filtrage accru des projets pour réduire les taux de défaut. Car le risque pour les prêteurs de perdre leur capital est réel. A titre informatif, en 2016, il est de 8,09 % pour Unilend, 6,40 % pour Lendopolis, 4,88 % pour Prexem, 2,63 % pour Bolden, 1 % pour Pretup ou encore 0,60% pour Lendix. Les banques critiquent d’ailleurs les plateformes sur cet élément du taux de défaut.

Prêt bancaire ou financement participatif pour les entreprises ?

Le système bancaire offre une flexibilité dans les modes de financement et de remboursement. La banque s’intéresse à la vie de l’entreprise et à ses projets en amont comme en aval. Elle joue un rôle prépondérant dans les périodes de changement de l’entreprise et sert aussi de conseillère pour les montages financiers à opérer, les choix des instruments et les coûts. Le prêt bancaire s’inscrit donc dans un climat de confiance, l’établissement prêteur prenant le temps d’étudier la santé financière de l’entreprise, le secteur d’activités et la nature du projet.

Toutefois, l’octroi du prêt peut prendre deux mois, quant le prêt par financement alternatif est très rapide (quelques jours parfois seulement). Si les taux sont plus couteux via le crowdfunding, le prêt bancaire s’accompagne de caution, d'hypothèque ou de nantissement. Enfin, faire un prêt participatif pour l'entreprise offre plus de latitude sur la nature du projet à financer (projet innovant type start-up, besoins en trésorerie, investissement concret dans une machine par exemple).

Les deux systèmes de financement apparaissent en réalité complémentaires et sont difficilement comparables notamment dans les sommes en jeu. Chaque entreprise choisira en fonction de sa structure, du moment et de la nature du besoin en fonds vers quel système de financement elle souhaite aller. Mais l'alternative aux banques existe, et c'est déjà une avancée en soi.



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