Décryptage du crowdlending en 2017

Décryptage du crowdlending en 2017

Le crowdlending est une déclinaison du financement participatif (crowdfunding). Toutefois, alors que le second est un financement sans contrepartie, le premier est un prêt remboursé par le porteur de projet, l'investisseur se rémunérant grâce à des intérêts.
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 30 Mai 2017

Décryptage du crowdlending en 2017

Le dynamique secteur du crowdlending en France

Régulé depuis 2014, le marché du crowdlending en France est en plein essor. D’après les données retranscrites par le baromètre édité par le spécialiste crowdlending.fr, l’année 2016 a été le théâtre de 651 financements de projets pour un investissement global de 83 millions d’euros. Les quatre premiers mois de l’année 2017 affichent une croissance de 32 % (29,47 millions d’euros collectés) par rapport à la même période l’an dernier (+ 3 % en termes de nombre de projets financés). Pour le fondateur du site, Mathieu George, les perspectives laissent envisager un chiffre pour 2017 compris « entre 150 et 200 millions d’euros ». L’emprunt moyen des entreprises s’élève à 135 812 euros sur une durée moyenne de 41 mois, le tout au taux moyen de 7,38 %.

C’est justement ce taux d’intérêt avantageux qui incite les épargnants à y placer leur pécule. Ils s’inscrivent donc sur des plateformes spécialisées (autour d’une vingtaine en France) qui mettent en avant les valeurs prônées par l’économie collaborative. Le concept de prêts rémunérés de particuliers aux entreprises répond à deux souhaits contemporains : la remise en cause du système bancaire traditionnel et la volonté d’incarner une vision de la finance plus éthique et plus humaine. Ces deux éléments découlent directement de l’image sévèrement écornée des banques et de la finance suite à la crise économique de 2007. Ainsi, le crowdlending permet aux porteurs de projet de trouver des solutions de financement si les banques ne répondent pas à leurs demandes. Il permet aussi aux épargnants de trouver un autre moyen de diversifier leur placement en escomptant des revenus plus élevés comparativement à d’autres produits bancaires lestés par l’inflation.

Autre point à connaître : la fiscalité. Les intérêts sont soumis au barème progressif de l’impôt sur le revenu avec application d'un prélèvement forfaitaire à la source au taux de 24%, et aux prélèvements sociaux à hauteur de 15,5%. Depuis le 1er janvier 2016, notez que la perte issue du non-remboursement du prêt est déductible des intérêts engendrés par les prêts de même nature.

Les risques du crowdlending et la régulation du secteur

L’épargnant doit malgré tout connaître les risques de son investissement sachant que plus un taux d’intérêt est attractif, plus le placement est risqué. En théorie, le secteur implique trois types de risques : le blanchiment d’argent des contributeurs, le détournement d’argent des porteurs de projets ou le maquillage des risques de défaut par les plateformes. La règle principale à connaître pour le grand public est que le capital investi n’est pas garanti. Ainsi, si le porteur de projet fait faillite, la mise est perdue d’où la priorité portée sur l’évaluation de la solvabilité des projets soumis sur les plateformes.

Pour pallier à cette problématique, la réglementation a choisi de fixer des seuils maximum d’investissement par projet et par particulier. Le but est que les épargnants diversifient leur placement, limitant les conséquences d’un défaut de paiement dans un des projets financés. Autre règle : l’obligation des plateformes à communiquer de manière la plus transparente possible sur les risques imputés aux projets. Les acteurs affichent leur taux de défaillance sur les 36 derniers mois, comme gage de confiance. Cette publication est mensuelle et un rapport annuel doit être réalisé.

Dans le cadre du crowdlending a été instauré le statut d’intermédiaire en financement participatif (IFP) délivré par l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) aux plateformes de prêt comme Lendix, Credit.fr, Lendopolis, Prexem ou encore PretUp. Le statut IFP leur accorde le droit de mettre en relation des porteurs de projets et des prêteurs via une interface en ligne. Pour l’obtenir, il faut en faire la demande auprès du Registre des intermédiaires en assurance (ORIAS) et justifier de plusieurs conditions (compétences professionnelles, honorabilité, etc.). Le cadre régulé impose que les demandes de financement ne portent que sur un emprunt inférieur à 1 million d’euros, ou encore que les investisseurs soient limités à 2 000 € par projet.

Afin de garantir l’éthique et les pratiques du secteur du crowdlending, les acteurs se sont regroupés au sein de l’organisme Financement Participatif France (FPF). Ce dernier a rédigé un code de déontologie régulièrement actualisé, créé une fonction de déontologue en son sein pour favoriser le dialogue et installé un « collège de l’écosystème » réunissant les diverses catégories d’intervenants, (particuliers, banques, etc.).

En pleine croissance, le crowdlending est un bon moyen de diversifier ses placements financiers à condition d’être attentif aux réglementations en vigueur, à la nature des projets et au sérieux des plateformes utilisées.



Articles les plus consultés

Patrimoine
Construire son patrimoine
L'actualité patrimoine