Tikehau Capital s’offre Credit.fr
Une nouvelle page de l’histoire de Crédit.fr s’ouvre avec son acquisition opérée par Tikehau Capital, un groupe de gestion d’actifs et d’investissements français. Pour rappel, Credit.fr est une plateforme œuvrant sur le marché du financement alternatif des entreprises. La Fintech tire sa force dans son expertise en matière de scoring par le développement de ses algorithmes en interne. La plateforme de crowdfunding, qui appartenait à l’incubateur Truffle Capital depuis 2015, a mobilisé 13 000 prêteurs particuliers sur 217 dossiers, avec un taux de défaut de 0,3 % et une collecte de 13 millions d’euros de prêts.
Pour Tikehau Capital, la stratégie consiste à « consolider et élargir sa plateforme de prêt à l’économie, étendre son offre de financement d’entreprises aux TPE, PME et ETI. ». Du côté de Credit.fr, le directeur général Thomas de Bourayne déclare que l’opération permettra à la plateforme de « se développer en France et à l’international (…) de proposer aux investisseurs institutionnels de pouvoir investir dans une nouvelle classe d'actifs et de contribuer ainsi au développement des TPE-PME françaises. ».
Du financement vers le cofinancement pour les plateformes
L’acquisition de Credit.fr par Tikehau Capital entre en résonance avec le rachat de KissKissBanBank par La Banque Postale. Le rapprochement entre les plateformes innovantes et les acteurs institutionnels semble désormais la perspective la plus envisagée. Longtemps opposées sur la crédibilité et la maitrise du risque d’une part, et les volumes d’autre part, les deux parties perçoivent désormais mieux leurs complémentarités que leurs désaccords. Pour Guillaume Arnaud, directeur général de Tikehau IM, « la clef pour réussir dans ce métier, c’est à la fois la qualité des flux d’affaires et la qualité de l’analyse de crédit ».
Les petits acteurs sont donc obligés de s’adosser à de puissants protecteurs pour espérer devenir rentable. Le mariage de raison vient du constat pour les plateformes en ligne que le recrutement de prêteurs particuliers dans le cadre du financement alternatif coûte cher, tout en étant rentable à moyen voire long terme. Or, les banques disposent de fonds importants, de l’argent peu onéreux qui peut permettre de viabiliser les modèles. Comme Cyril Tramon, président fondateur de WeShareBonds, le publie dans une tribune, les synergies sont nombreuses : « accès massif et gratuit à la base de clients prêteurs et de clients emprunteurs de l'établissement bancaire et bien entendu visibilité et notoriété décuplées par l'association à une marque. ».
L’important à l’avenir est de savoir si les plateformes auront les coudées encore suffisamment franches pour maintenir leur souffle initial d’innovation et de conquête.