Le crowdfunding : financement alternatif plébiscité par les Français

Le crowdfunding : financement alternatif plébiscité par les Français

L'évolution annuelle du secteur du financement alternatif indique que l'engouement perdure. Quels sont les chiffres clés à retenir ? Quels sont les secteurs et les acteurs qui en bénéficient ? État des lieux du crowdfunding en France et ses perspectives en Europe.
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 20 Février 2018

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Crowdfunding : 940 millions d’euros collectés en 2017

Le cabinet de conseil KPMG et l’organisation Financement Participatif France (FPF) ont publié leur deuxième baromètre annuel sur la finance alternative. La collecte de fonds des plateformes spécialisées a doublé entre 2016 et 2017. Elle est passée de 629 millions d’euros à 940 millions d’euros. La collecte est trois fois plus conséquente qu'il y a deux ans (297 millions d’euros en 2015). Le lancement de nouvelles plateformes et l’utilisation de nouveaux outils de financement (émissions obligataires, minibons, titres participatifs…) sont à l’origine de l’émergence de modèles hybrides. Grâce à eux, le financement alternatif maintient sa dynamique avec toujours plus de projets financés (+ 13 % sur un an).

Les particuliers sont au rendez-vous. Ils continuent de placer leur épargne en misant sur des projets sous forme de don, de prêts ou de capitaux propres. La collecte de leurs fonds atteint 336 millions d’euros en 2017, soit une progression de 44 %. Évidemment, ce chiffre reste très éloigné des standards des crédits bancaires délivrés par les établissements bancaires (50 milliards d’euros selon les données de la Banque de France). Toutefois, le financement alternatif progresse et s’élargit. Près de 3,9 millions de particuliers financeurs se sont manifestés sur les plateformes de crowdfunding (+ 33 % sur un an). Ce qui fait dire à Stéphanie Savel, la présidente de la FPF et de la plateforme Wiseed : « nous ne sommes plus dans un cercle restreint ».

Le crowdfunding obligataire, premier de cordée

Parmi les modes de crowdlending les plus dynamiques, le crowdfunding obligataire est le principal relais de croissance sur l’année qui vient de s’écouler. Sur les 336 millions d’euros de fonds collectés, plus d’un tiers provient d’opérations de souscription d’obligations (115,8 millions d’euros). Sur ce critère, il devance respectivement le don avec récompense (68,1 millions d’euros), le prêt rémunéré (66 millions d’euros) et le crowdfunding en capital (57,5 millions d’euros). Ce dernier a d’ailleurs chuté de 15 %. Stéphanie Savel l’explique par le contexte de l’élection présidentielle peu propice aux investissements et à la pause des démarches des particuliers ayant déjà réalisé des investissements.

Le crowdfunding obligataire enregistre une hausse annuelle spectaculaire (+ 157 %). Il précède là encore le don sans récompense (+ 104 %), le prêt rémunéré (+ 64 %), les minibons (+ 29 %) et le don avec récompense (+ 10 %). L’avantage du financement obligataire est sa maturité assez courte pour des rendements plutôt attractifs. Le ticket moyen est de 5 896 € contre 7 745 € pour celui du capital, 2 368 € pour le prêt en minibons et 310 € pour le prêt rémunéré. En revanche, le crowdfunding obligataire est à nouveau en tête sur le critère de la source de financement. Le montant moyen collecté par projet s’élève à 487 395 €, un chiffre supérieur à l’investissement en capital (417 780 €), aux minibons (198 608 €) et au prêt rémunéré (121 706 €).

L’épargne en ligne privilégie l’immobilier et l’environnement

Le financement alternatif se diffuse auprès d’un public de plus en plus large mais aussi dans tous les secteurs de l’économie. En fonction du nombre de projets financés pondéré par le volume de fonds collectés, l’immobilier est le secteur économique le plus concerné (42 %), devant l’environnement et les énergies renouvelables (22 %), le commerce et les services (12 %). Interrogé sur cette progression du crowdfunding dans le secteur immobilier, Nicolas Lesur, fondateur de la plateforme de prêt Unilend, estime que ce succès est dû à la multiplication des « opérations de promotions immobilières qui se font sous format d’obligations et moins sous format d’actions ». L’environnement semble profiter du développement de l’investissement responsable autour des green bonds.

Si on observe d’autres pans de l’activité économique, le secteur culturel collecte 45 millions d’euros (contre 261 millions d’euros pour le secteur économique) notamment dans l’édition, le journalisme et les publications (34 %) et l’audiovisuel et la musique (31 %). Dans le secteur social (30 millions d’euros collectés), plus de la moitié porte sur des projets en lien avec l’humanitaire et le développement solidaire (53 %), un tiers dans le sport (31 %) et le reste dans l’éducation et l’enseignement (16 %).

Pour Mikaël Ptachek, expert Fintech chez KPMG, le crowdfunding est « un mode de financement de plus en plus populaire chez les Français, notamment auprès de la population jeune, adapté tant aux nouveaux usages qu’à la possibilité pour chaque financeur d’agir sur sa stratégie d’investissement dans l’économie réelle. ». De plus en plus d’acteurs divers s’orientent vers des solutions de financement alternatif. Ainsi, en termes de porteurs de projets, deux-tiers sont des entreprises (TPE, PME, ETI), le tiers restant étant composé par des start-up, des associations et des particuliers.

2018 doit sonner une nouvelle étape dans le développement du financement participatif. La Commission européenne planche sur un régime européen de crowdfunding. L’objectif est de permettre aux acteurs du crowdfunding d’obtenir un agrément au niveau européen et de mener des opérations transfrontalières. Ce label pourrait ainsi supprimer l’enchevêtrement des cadres réglementaires nationaux freinant tout déploiement à l’international de ces acteurs.



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