Les banques Françaises résistent au stress Test

Les banques Françaises résistent au stress Test

L'Autorité bancaire européenne a mis à l'épreuve des stress tests 48 établissements qui sont tous parvenus à passer l'obstacle même si certaines banques révèlent quelques fragilités. Côté français, BNP Paribas, Crédit Mutuel, BPCE, Crédit Agricole, La Banque Postale et Société Générale ont été testées.
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 20 Novembre 2018

Les banques Françaises résistent au stress Test

Stress test des banques européennes : un bilan plutôt positif

Le résultat des tests de résistance sur les 48 banques européennes qui concentrent 70 % des actifs bancaires a été rendu public le 2 novembre. L’idée est d’évaluer l’objectif de ratio de fonds propres durs minimum en cas de scénario économique extrêmement négatif et de tester la sûreté des banques. L’Autorité bancaire européenne (ABE) souligne que les bilans apparaissent nettement plus solides par rapport aux années passées. Plusieurs mesures instaurées par les autorités de régulation semblent avoir porté leurs fruits en contraignant les banques à renforcer leurs fonds propres. Le directeur des analyses et statistiques économiques à l'ABE, Mario Quagliariello, déclare : « Le résultat des tests de résistance montre que les efforts des banques pour solidifier leur base capitalistique ces dernières années ont renforcé leur capacité à résister à des chocs importants ». Ainsi, aucune grande banque européenne ne se positionne sous le ratio plancher CET1 (Common Equity Tier 1), établi à 5,5 % dans une projection d’une récession majeure suivie de turbulences sur les marchés. Porté par les banques scandinaves, le ratio agrégé de CET1 atteint en moyenne 10,1 % en 2020.

Les résultats des banques françaises

Les banques françaises étudiées affichent des résultats satisfaisants. Les établissements mutualistes obtiennent les meilleures performances en cas de scénario extrême en 2020 : 13,18 % pour le Crédit Mutuel, 10,68 % pour le groupe BPCE et 10,21 % pour le Crédit Agricole. Le Crédit Mutuel s’en réjouit expliquant que ce score « confirme la solidité financière, la pertinence du modèle de développement et la bonne santé générale du groupe ». Le ratio de la BNP Paribas (8,64 %) et de La Banque Postale (8,22 %) est correct mais bien inférieur à la moyenne européenne (9,9 %). BNP Paribas limite la baisse de ses fonds propres à -2,88 %, alors que La Banque Postale affiche le plus grand recul de ses fonds propres entre 2017 et 2020 (-5,19). Mais le résultat le moins reluisant concerne La Société Générale avec un ratio de 7,61 %, ce qui la place en fin de classement derrière, par exemple, la Deustche Bank. La banque pâtit de la contraction de ses bénéfices liée aux pertes de revenus d’intérêts et de dépréciations d’actifs. Un doute s’insinue sur sa capacité à optimiser sa profitabilité. La rentabilité de ses capitaux propres est de 7,5 % au premier semestre 2018, la Société Générale visant le cap des 10 % en 2020, une barre déjà ciblée en 2016.

Le debrief de la Banque centrale européenne

Malgré des résultats satisfaisants, Luis de Guindos, vice-président de la Banque centrale européenne (BCE), maintient les banques sous pression : « La capacité de résistance dans l'ensemble élevée du système bancaire de la zone euro ne doit pas cacher le fait qu'il demeure des zones de vulnérabilité. ». Il pointe le cas de 12 des 33 banques de la zone euro en les incitant à renforcer davantage leurs capitaux. Ainsi, Luis de Guindos a clairement mis en avant les neuf établissements qui  présentent un ratio supérieur à 11 % dont le Crédit Mutuel fait partie au côté des banques scandinaves et belges. Il distingue aussi 12 banques, dont le ratio est compris entre 9 % et 11 %, caractérisées par « un degré de résistance raisonnable dans l’ensemble ». En revanche, l’alerte est donnée aux banques dont le ratio est inférieur à 9 % qui « devraient accroître leur solidité et renforcer leurs positions de capital pour faire face aux défis à venir et seront en conséquence surveillées attentivement ».

Les banques européennes invitées à renforcer leurs positions de capital

Outre La Société Générale, BNP Paribas et La Banque Postale, on retrouve les allemandes Norddeutsche Landesbank (7,07 %) et Deutsche Bank (8,14%), les italiennes Banco BPM (6,67%) et UBI (7,46%), l'espagnole BBVA (8,80%) et l’irlandaise Bank of Ireland (8,93%). Mais les plus mauvais élèves sont sans conteste les banques britanniques à l’instar de Barclays (6,37 %) et de Lloyds (6,80 %). Ce n’est toutefois pas le cas pour HSBC (9,18 %) et la Royal Bank of Scotland (9,92 %). Il faut ajouter que l’ABE a anticipé l’effet d’un Brexit dur en faisant reculer dans son scénario du pire le PIB du Royaume-Uni de 3,3 % entre 2017 et 2020, contre 2,7 % seulement pour l’Union européenne. La Banque d’Angleterre s’est empressée de communiquer en affirmant que les « banques britanniques pouvaient absorber l’impact du scénario extrême de l’ABE ». Ce tableau globalement positif vis-à-vis du stress test laisse toutefois un sentiment plus mitigé pour certains experts.

Des tests de résistance à faire évoluer

C’est le cas de Diane Pierret, Professeure HEC de l’Université de Lausanne et de Sascha Steffen de la Frankfurt School of Finance & Management qui pointent « la désynchronisation entre poids réglementaire et jugement des marchés [pouvant] fausser la mesure de certains ratiosBâle III doit pallier ce décalage de perception en respectant « un autre ratio plus général, égal à 3% des actifs totaux (sans pondération) ». Si ce calcul était déjà appliqué, le ratio ne serait pas respecté par certaines banques « principalement les banques allemandes, Deutsche Bank et les Landesbanks. Mais également certaines autres grandes banques comme BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale ou Barclays. ». Et les spécialistes de conclure : «  il y a bien excédent de capitalisation bancaire en Europe mais pas nécessairement dans les bonnes banques ». En attendant une évolution de calcul du ratio, les résultats des tests de résistance doivent permettre au superviseur d’évaluer les besoins additionnels en capitaux des banques ainsi que leurs marges d’action afin de conduire leurs politiques de dividendes.



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