L'épargne sans risque : la préférence française...

L'épargne sans risque : la préférence française...

Si l'exécutif cherche à réorienter l'épargne des Français pour financer l'activité économique, notamment avec la loi Pacte, changer les mentalités semble toujours aussi compliqué. Une étude de la BPCE montre que les ménages n'ont jamais autant laissé dormir leur argent sur…leur compte courant.
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Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 26 Avril 2019

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Les encours sur les produits d’épargne sans risque gonflent

Le Français a une aversion du risque pour ses placements au dessus de la moyenne. Malgré la faiblesse des rendements (0,75 %), les livrets d’épargne réglementés ont toujours la cote. En février 2019, le Livret A et le Livret de développement durable et solidaire (LDDS) affichent une collecte nette de 2,5 milliards d’euros : 1,93 milliard d’euros pour le premier et 580 millions d’euros pour le second. L’encours total des deux produits, intérêts capitalisés compris, s’élève à 398,6 milliards d’euros, soit une hausse annuelle de 4,5 %.

Même tendance pour l’assurance vie dont la rentabilité des fonds euros ne cesse de s’éroder (1,8 % en moyenne en 2018). En février dernier, la collecte nette se chiffre à 3,2 milliards d’euros. Sur les deux premiers mois de l’année, elle atteint 5,4 milliards d’euros (4,3 milliards l’an passé sur la même période) sachant qu’elle était de 22,4 milliards d’euros en 2018. Ce qui démontre encore et toujours selon Bernard Spitz, président de la Fédération française de l’assurance (FFA) « l’attachement viscéral des Français au modèle d’une épargne simple, sure et souple ».

Record des dépôts sur les comptes courants des Français

L’épargne sans risque des Français semble pousser à l’extrême pour ne pas dire à l’absurde. Ainsi, une étude menée par les économistes du groupe BPCE estime que les particuliers ont déposé plus de 33 milliards d’euros sur leur compte bancaire l’an passé. Cette somme correspond à 44 % des flux d’argent orientés sur les placements financiers (en dehors des titres). Les dépôts à vue explosent et représentent 420 milliards d’euros, soit 11 % du stock des placements financiers des Français. Une des explications se trouve dans la chute des marchés boursiers en décembre qui a précipité la décollecte massive sur les titres financiers (35,1 milliards d’euros).

Les Français se méfient toujours de la bourse et des placements à risque. Alain Tourdjman, économiste chez BPCE, explique : « Il y a cette idée chez les ménages que le temps long n'est plus nécessairement rémunérateur sur les marchés boursiers et que ceux-ci sont devenus très complexes. Les individus considèrent qu'ils n'ont pas la même information et la même capacité d'action que des acteurs professionnels qui fonctionnent par exemple avec des algorithmes. ».

Stratégie patrimoniale : une éducation à faire

Le baromètre 2019 « Les Français, l’épargne et la retraite » publié par Le Cercle des Epargnants et Ipsos confirme ce tableau. Les meilleurs produits d’épargne pour les Français sont l’assurance vie (35 %), le livret A (28 %) et l’épargne logement (21 %), alors même que les trois-quarts d’entre eux disent connaître la faiblesse de leur rendement. Viennent ensuite l’épargne salariale (17 %), les actions/obligations (9 %) et le PEA (8 %). Seuls 19 % des sondés sont prêts à épargner sur des placements plus rentables, à moyen ou long terme.

Pour doper les rendements des placements, il est intéressant de les diversifier en n’hésitant pas à miser sur les unités de compte dans les contrats d’assurance vie qui peuvent être en bourse, en immobilier ou en capital-investissement. La FFA note d’ailleurs cette inflexion avec des volumes de souscription d’unités de compte qui ont atteint un record en 2018. L’éducation financière est également un problème et un effort de pédagogie doit être fait sur la question de l’épargne à long terme qui autorise des horizons de détention impliquant des risques maitrisés.



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