Le succès du financement participatif EnR en France

Le succès du financement participatif EnR en France

La Banque Postale vient d'annoncer le financement participatif record, sur sa plateforme de crowdfunding Lendopolis, pour le projet d'installation d'une centrale solaire en Charente. L'occasion de faire le point sur le succès grandissant du financement des énergies renouvelables par les citoyens en France.
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Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 02 Juillet 2019

Les énergies vertes valent-elles de l

Des fonds collectés de plus en plus importants

En avril dernier, GreenUnivers publiait la troisième édition du Baromètre du financement participatif des énergies renouvelables (EnR) dans l’hexagone. L’étude, pilotée de concert avec Financement Participatif France (FPF), indique une croissance des fonds collectés : 11,5 millions d’euros en 2016, 20,5 millions d’euros en 2017 et 38,71 millions d’euros en 2018. Cette progression s’appuie sur la multiplication des projets alors que le développement des énergies renouvelables en France trouve un véritable écho auprès de la population. Stéphanie Savel, président de FPF, précise : « Ce sont des financements qui ont un impact réel et visible et un retour sur investissement peu risqué. Le rendement de ces investissements est par ailleurs très intéressant au regard des courtes durées d’engagement ».

Un rendement moyen en 2018 à 4,94 %

Le taux de rentabilité moyen net du crowdlending EnR en 2018 s’élève à 4,94 %, tous projets confondus. Mais c’est l’efficacité énergétique qui rapporte le plus (6,5 %), devant le biogaz, le solaire, l’éolien, l’hydraulique fermant la marche (4 %). Olivier Houdaille, directeur général de la plateforme Lumo, explique pourtant que si les projets hydroélectriques sont moins rentables, ils « suscitent énormément d’intérêt de la part des citoyens ». Les projets solaires captent deux tiers des prêts citoyens (65 %) et représentent deux-tiers des dossiers financés (67 %). Ils contrastent avec les projets éoliens qui ne mobilisent plus que 21 % des montants en 2018 contre 50 % en 2016. La filière pâtit de montages financiers plus complexes et de certaines difficultés.

Des bonus participatifs pour les porteurs de projet

La contribution du crowdfunding dans le financement des énergies renouvelables reste faible mais le cadre réglementaire évolue favorablement. En 2016 a été introduit un bonus participatif dans les appels d’offres, qui donne au développeur du projet une bonification de son tarif de rachat d’électricité (entre 1 et 3 euros par MWh). En contrepartie, le porteur de projet doit faire financer au moins 40 % des fonds propres de l’installation par des citoyens et des collectivités locales (ou 10 % du financement total). La durée minimale du projet est de trois ans et les contributeurs doivent être localisés dans le département d’implantation de la structure et les départements limitrophes.

La loi Pacte relève le plafond du financement participatif

Le baromètre GreenUnivers indique que 36 % des projets lauréats en moyenne intègrent ce bonus, dont 70 % des projets de centrales photovoltaïques au sol et 63 % des projets de toiture. De plus, la loi Pacte a relevé le plafond du financement participatif de 2,5 millions d’euros à 8 millions d’euros par projet sur douze mois consécutifs. Stéphanie Savel se félicite : « La loi Pacte a été positive car elle renforce l’idée de donner du sens à l’épargne. Les gestionnaires d’épargne collective doivent désormais proposer au moins un fonds labellisé Transition énergétique ou Investissement sociale et solidaire (ISR) ». Le crowdfunding est donc un outil intéressant afin de flécher massivement l’épargne locale vers les projets EnR, tout en favorisant l’acceptation des projets par les populations vivant sur le territoire.

Lendopolis lève plus d’un million d’euros pour une centrale solaire

L’engouement pour le financement participatif des EnR est illustré par le nouveau record établi dans le domaine sur la plateforme Lendopolis. Le spécialiste du crowdfunding adossé à la Banque Postale a bouclé, entre le 12 mars 2019 et le 12 juin 2019, une levée de fonds de 1,049 million d’euros sur une collecte 100 % locale. Mené par Urbasolar, le projet concerne la construction d’une centrale solaire à Nersac, en Charente, de 17 MWc. Le taux d’intérêt annuel des obligations convertibles est de 5,5 %, pour une durée de quatre ans. Autre exemple : le financement plus modeste à venir (50 000 euros) de la construction de huit éoliennes dans le sud de la Mayenne par la société BayWa r.e, avec un rendement entre 5 % et 6 % sur deux ans.

Lendopolis mise sur la transition écologique

Après avoir suspendu ses prêts aux TPE-PME, Lendopolis place la transition écologique au cœur de son modèle. Vincent Ricordeau, le fondateur de KissKissBankBank qui chapeaute Lendopolis, explique dans un entretien à l’Opinion : « C’est la naissance d’une classe d’actif distribué par les conseillers financiers de la Banque postale, des rendements, à destination de clients qui veulent agir pour ce qui leur tient à cœur, plutôt que de laisser l’argent stagner sur les comptes courants ou se diluer sur les marchés financiers classiques. Elle lève déjà plus d’argent que KissKissbankBank : 20 millions d’euros en 2019, et nous espérons deux fois plus en 2021 ». Il ajoute : « nous ne sommes qu’au début de ce système de financement de l’économie. Les citoyens, qui se sentent dépossédés de la finalité de leur épargne, peuvent reprendre la main sur l’utilité de leur argent. Cela va être un séisme. ».

Les citoyens cherchent du sens à leur placement

Une enquête FPF/YouGov, publiée en avril 2019 et basée sur un échantillon issu de huit plateformes représentant 90 % du marché du crowdfunding EnR (Akuocoop, Enerfip, Lendopolis, Lendosphere, Lita.co, Lumo, Tudigo, Wiseed), montre que 8 Français sur 10 ont une bonne opinion des énergies renouvelables, 7 sondés sur 10 indiquant avoir conscience de l’importance de la transition énergétique Enfin, si 2 Français sur 10 disent avoir déjà investi dans le secteur des énergies renouvelables, 4 sur 10 expriment leur intérêt à l’idée d’investir ou de continuer à investir dans les projets EnR. La première motivation est la sensibilité à la cause environnementale : à l’échelle nationale pour 60 % des investisseurs sur les plateformes contre 24 % qui plébiscitent une inscription locale du projet. D’où sans doute le questionnement sur l'évolution du système de bonus participatif restreint à la collecte locale.



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