Le financement participatif en 2018

Le financement participatif en 2018

Le financement participatif consiste à solliciter de l'argent auprès d'un large public pour financer un projet. Malgré une formule historiquement éprouvée, l'essor du web 2.0 démultiplie les perspectives. Cinq ans après l'instauration du cadre réglementant les plateformes de crowdfunding, où en est-on ?
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 16 Juillet 2019

Le financement participatif en 2018

Le financement participatif en France gagne du terrain

1,4 milliard d’euros, c’est la collecte 2018 enregistrée par les acteurs de la finance alternative en France (+39 % sur un an) selon le rapport annuel de l’association Financement Participative France (FPF). Les fonds collectés l’ont été pour 28 % via des plateformes de crowdfunding en don, prêt, investissement en capital et royalties, pour 25 % par le biais de sites de prêts à la consommation, pour 24 % grâce aux cagnottes en ligne, pour 23 % à travers des fonds de prêts en ligne pour le financement des entreprises ou des solutions d’affacturage. Le reste provient de solutions de collecte de micro-dons (arrondi sur salaire ou en caisse). Ainsi, le financement participatif fait un bond de 20 % entre 2017 et 2018, passant de 336 millions d’euros à 402 millions d’euros collectés. Près de 90 % de cette enveloppe a servi au financement des TPE/PME, des jeunes pousses et d’organismes consacrés à l’économie sociale et solidaire.

La transition écologique pour donner du sens à ses placements

Parallèlement au rapport d’activités 2018 de FPF, le baromètre du crowdfunding EnR, édité par GreenUnivers, indique que 38,71 millions d’euros ont été investis sur les énergies renouvelables dans l’hexagone (+89 % par rapport à 2017). Les sommes placées essentiellement sous forme de dette ont contribué à financer la construction de 1131 MW EnR. Deux-tiers de la collecte a été fléchée sur l’énergie solaire (63,94 %) contre plus d’un quart vers l’éolien (21,03 %). Les montants sur les autres énergies se répartissent ainsi : 6,96 % sur les réseaux de chaleur, 3,85 % sur les biogaz, 2,80 % sur l’hydraulique et 1,42 % sur l’efficacité énergétique. Stéphanie Savel, présidente de Financement Participatif France, partenaire de GreenUnivers, souligne l’évolution positive du cadre réglementaire : « La loi Pacte a été positive car elle renforce l’idée de donner du sens à l’épargne. Les gestionnaires d’épargne collective doivent désormais proposer au moins un fonds labellisé Transition énergétique ou Investissement sociale et solidaire (ISR) ».

Comment se porte la finance alternative en Europe ?

L’étude pilotée par l’université de Cambridge, en partenariat notamment avec Investbook, chiffre à 3,4 milliards d’euros (hors Royaume-Uni qui pèse pourtant à lui tout seul 7 milliards d’euros !) les sommes mobilisées en 2017, soit une hausse annuelle de 63 %. La trajectoire ascendante, au rythme de 80 %  par an, valide une tendance de fond qui gagne le Vieux continent. Irriguant 45 pays européens, l’écosystème repose sur 269 plateformes intervenant dans les secteurs du crédit à la consommation (1,4 milliard d’euros, +100 %), de l’affacturage en ligne (536 millions d’euros, +113 %), du crowlending aux entreprises (467 millions d’euros, +33 %), du crowdfunding immobilier (259 millions d’euros, +138 %), du crowdequity (211 millions d’euros, -4 %), du crowdfunding en récompenses (159 millions d’euros, -17 %), du crowdfunding obligataire (75 millions d’euros, +226 %) et du crowdfunding de dons (53 millions d’euros, +66 %). Notons que la France s’érige en championne d’Europe continentale (661 millions d’euros de volumes collectés en 2017), devant l’Allemagne (559), les Pays-Bas (280) et l’Italie (240).

Le crowdfunding obligataire d’entreprises a le vent en poupe

Si l’étude n’englobe ni les cagnottes en ligne ni les fonds institutionnels de prêts, le rapport montre que la croissance du cœur de la finance alternative est alimentée par les entreprises et les émissions d’obligations. Toutefois, ce marché de niche n’est occupé que par 14 plateformes en Europe, laissant entrevoir un potentiel de développement élevé reposant sur des montants de transactions toujours plus importants. Les opportunités sont également plus nombreuses pour les investisseurs grâce à l’internationalisation des plateformes, à l’évolution du cadre réglementaire (produits d’épargne, titre obligataires éligibles en France au PEA-PME) et à la diffusion du passeport européen fluidifiant les mouvements de capitaux. L’étude relève une certaine maturation du secteur de la finance alternative avec la hausse de la participation des épargnants (grand public ou fortunés) et la baisse de la participation des acteurs institutionnels (banques, compagnies d’assurance, gestionnaires d’actifs). En 2017, ceux-ci ne représentaient plus que 12 % des fonds collectés sur le crédit à la consommation en ligne contre 45 % l’année précédente.

Et la gestion du risque dans tout ça ?

La rentabilité des prêts en obligations fluctue entre 4 % et 12 %, d’après le baromètre annuel du crowdfunding en France de KPMG. De quoi attirer les épargnants qui cherchent à faire fructifier leur capital dans un contexte morose. Toutefois, les prêts effectués aux entreprises sur les plateformes dédiées ne sécurisent aucunement l’argent misé. Lorsque l’entreprise n’a plus la capacité de faire face à ses échéances ou ne peut rembourser l’emprunt suite à une faillite, le prêteur perd son capital. L’UFC-Que Choisir évalue à 9,5 % le taux de défaut moyen dans l’hexagone (pratiquement 1 projet sur 10). Au Royaume-Uni, le régulateur a musclé les mesures de protection de l’épargnant. Exemple : un épargnant débutant voit ses placements limités à 10 % de sa capacité d’investissement. En France, l’investissement est plafonné à 2000 euros par projet. Pour exercer, les acteurs doivent recevoir l’agrément de l’Orias, et sont tenus à un devoir de transparence notamment sur la procédure appliquée en cas de faillite.   



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