La Banque Postale se lance dans la bataille des banques en ligne
Alors que BPCE et Orange étaient passés par le rachat respectivement de Fidor (banque mobile jamais lancée en France) et Groupama Banque, La Banque Postale a quasiment échafaudé sa propre néobanque de zéro. Une nouvelle filiale a été créée. Un nouvel agrément bancaire a été sollicité. Un nouveau service clientèle a été mis en place. Seul le système d’information s’est appuyé sur la solution existante de mBank (filiale polonaise de la banque allemande Commerzbank).
Ouvrir un compte bancaire en ligne chez Ma French Bank s’effectue en quelques minutes. L’opération est sans engagement et la souscription dénuée de barrières à l’entrée (pas de conditions de revenus). En ligne sur mafrenchbank.fr, le client passe par son mobile, sa tablette ou son ordinateur. L’entrée en relation à distance via un parcours digital intuitif requiert deux pièces justificatives d’identité, la carte bancaire étant remise sous 48h à 72h.
Pour les impatients, il suffit de se rendre dans un bureau de poste qui commercialise l’offre Ma French Bank. Accompagné par un chargé de clientèle formé, le client n’a besoin que d’une pièce justificative d’identité et repart illico avec sa carte bancaire activée sur place. Les souscripteurs n’ont plus qu’à télécharger l’application bancaire depuis l’App Store ou Play Store pour faire leur versement ou leur virement initial de 50 euros minimum.
Ma French Bank, une offre payante de 2 euros par mois
La Banque Postale ne mise pas sur la gratuité pour attirer ses clients mais sur un tarif attractif fixé à deux euros par mois. Ce tarif est en réalité un standard pour les banques mobiles qui se positionnent sur une offre payante en échange d’un compte, d’une carte bancaire et de services (monabanq, Eko by CA (Crédit Agricole), Enjoy (Caisse d’Épargne), Essentiel (LCL), etc.).
Moyennant cette cotisation mensuelle, le souscripteur dispose d’un compte sans découvert, avec un suivi de solde et des opérations en temps réel, d’une carte de paiement international Visa, sans contact, des opérations gratuites de retrait et de paiement en euro ou en devises étrangères, la possibilité de payer avec son mobile avec le paiement sans contact Apple Pay, les virements par sms, la catégorisation automatique des dépenses et une cagnotte gratuite sans commission. En ajoutant deux euros au pot par mois, le client accède à l’option « Mes garanties ». Celle-ci inclut une « assurance de moyens de paiement, une garantie achat et bonne fin de livraison et une garantie de protection de l’identité en cas d’usurpation ou de problème d’e-réputation. ».
Ma French Bank met à disposition plusieurs services innovants accessibles sur son application mobile. Citons « Ma Tirelire » (cagnotte alimentée automatiquement par un système d’arrondi, de pourcentage ou de montant fixe), « Mon Extra Prêt » (crédit renouvelable dont le montant est versé aussitôt sur le compte en banque), « We Partage » (dispositif de suivi et de règlement de dépenses communes), « Let’s Cagnotte » (cagnotte en ligne gratuite reversée sans commission sur le compte bancaire), ou encore « KissKissBankBank » (plateforme de crowdfunding).
Ma French Bank, quel atout pour La Banque Postale ?
La Banque Postale se lance dans un marché très concurrentiel où une vingtaine d’acteurs s’affrontent. Néanmoins, le groupe bancaire pourrait réduire son coefficient d’exploitation très élevé, élargir ses canaux de recrutement, faire des économies sur les coûts de fonctionnement des guichets, et surtout séduire une clientèle plus jeune. Pour exister, Ma French Bank peut compter sur l’ADN de sa maison mère : la confiance, la proximité et la simplicité.
Alice Holzman, Directrice générale de Ma French Bank, souligne l’intérêt de s’appuyer sur les bureaux de Poste permettant « d'élargir notre cible, en termes de localisation - je pense aux territoires ruraux - mais aussi en termes de tranche d'âge, même s'il existe une vraie corrélation entre l'âge et l'usage du smartphone. ». L’objectif est de séduire un million d’utilisateurs d’ici 2025. A titre de comparaison, Orange Bank a conquis 300 000 clients entre novembre 2017 et mai 2019. Se félicitant déjà de débuts prometteurs, « supérieurs à nos espérances », Alice Holzman tient à rappeler : « Notre cible ce sont les jeunes, les personnes plus modestes et les multibancarisés. ».