Une nouvelle néobanque : Curve

Une nouvelle néobanque : Curve

Cibler ses clients grâce aux opportunités de niche ou de verticales fructueuses sur le marché : c'est le casse-tête des néobanques. Pour Curve, ce sera les clients multibancarisés via sa méga-carte réunissant en un seul moyen de paiement tous les comptes bancaires de l'utilisateur.
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 12 Aout 2019

nouvelle neobanque curve

Quel positionnement pour la Fintech Curve ?

La néobanque britannique va officiellement se lancer sur le marché hexagonal au cours du quatrième trimestre 2019. Alors, entre les néobanques qui s’adressent aux jeunes (Kard, Xaalys, Pixpay) et les nouveaux entrants qui ciblent les entrepreneurs (Prismea, Margo Bank), quel est le créneau de Curve ? Les clients multibancarisés CSP+, âgés entre 30 et 45 ans ! A l’instar de l’assistant Max, déployé depuis 2017 par le Crédit Mutuel Arkéa, Curve délivre une carte qui agrège l’ensemble des comptes et des cartes bancaires. Concrètement, le client ouvre l’application mobile Curve et sélectionne la carte avec laquelle il désire payer. La Fintech précise que le nombre de cartes bancaires agrégées est illimité.

L’offre Curve inclut également d’autres avantages tels que le paiement fractionné, l’opportunité de récupérer 1% du montant de ses paiements par le mécanisme de cashback auprès d’enseignes partenaires, la visualisation du solde de chacun des comptes bancaires raccordés, la catégorisation automatique des dépenses, les notifications d’alerte en temps réel ou encore le blocage/déblocage des cartes bancaires. Autre fonctionnalité intéressante : le retour dans le temps (« go back in time »). Dans les deux semaines suivantes le paiement, le client peut procéder au transfert de l’opération d’une carte à l’autre. Mais l’argument décisif de Curve pour séduire la clientèle est qu’elle peut utiliser cette solution sans avoir à changer de banque.

Curve complète l’infrastructure bancaire existante

Depuis son lancement outre-Manche au début de l’année 2018, Curve revendique 500 000 utilisateurs et plus de 1 milliard d’euros de transaction. L’objectif chiffré est d’atteindre un million de clients dès la fin de l’année 2019. Pour y parvenir et s’ouvrir aux autres marchés européens, Curve a bouclé une levée de fonds de 49 millions d’euros cet été, pour une valorisation à 250 millions de dollars. Plusieurs fonds d’investissements ont répondu à l’appel mené par le fonds Gauss Ventures et Cathay Innovation : Breega, Santander InnoVentures, Seedcamp, Speedinvest.

Ben Marell, co-fondateur du fonds d'investissement Breega, loue la stratégie « over the top » de la plateforme bancaire digitale :« Au lieu de reconstruire une banque dans toute sa complexité, Curve a pris le parti de répliquer ce qu'il s'est passé dans les télécoms avec des offres « over-the-top » de vidéo comme Netflix, et d'utiliser les infrastructures bancaires existantes pour lancer une offre centrée sur l'expérience et la relation client, en commençant par le paiement et à terme sur tous les services financiers ». 

Fondateur et directeur général de la Fintech, Shachar Bialick précise : « Curve prend une voie complètement différente des banques '"challengers" en se concentrant sur la création d'une expérience client radicalement améliorée, sans demander au client de lui confier ses fonds, et sans s'exposer aux frais associés au statut de banque ». Contrairement à N26 ou Revolut, Curve ne dispose pas d’une licence bancaire et travaille avec Wirecard pour l’émission de ses cartes et de la monnaie électronique.

Le modèle économique de Curve : concentrer les flux bancaires sur sa plateforme

La carte Curve est gratuite. La néobanque se rémunère en prélevant une commission de 2 % sur le montant de chaque transaction dès que le client a dépensé plus de 500 euros par mois à l’étranger. La Fintech commercialise une black card à 10 euros par mois et une carte métal à 15 euros par mois, permettant d’élargir les garanties d’assurance et d’assistance selon les besoins des clients ayant plusieurs comptes bancaires. Ces derniers peuvent d’ailleurs résilier la carte bancaire de leur banque pour réduire leurs frais bancaires en se contentant de connecter uniquement l’Iban de leur compte. D’autres sources de revenus existent telles que les commissions ponctionnées sur le cashback ou l’interchange.

Comme les néobanques, la soutenabilité du modèle économique dépend des flux d’argent qui transitent sur la plate-forme. Ben Marrel dévoile que « le panier moyen de flux chez Curve est de 1900 euros par mois contre 250 euros pour une néobanque ». Surtout, la Fintech « voit passer tous les flux, ce qui lui donne accès à un volume de données colossal ». Shachar Bialick résume sa vision : « Il n'y pas une entité aujourd'hui qui puisse avoir accès à votre profil financier entier et qui puisse vous indiquer quel est le meilleur produit pour vous. A terme, nous voulons fournir des recommandations personnalisées sur le crédit, l’assurance et d'autres produits financiers. ». La France doit être le deuxième marché en Europe pour la néobanque, alors qu'un prochain lancement aux États-Unis est prévu en 2020.



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