MIF 2 : des visites mystère de l'AMF dans les banques

MIF 2 : des visites mystère de l'AMF dans les banques

L'Autorité des marchés financiers (AMF) mène, depuis 2011, des campagnes de visites mystère, afin de jauger les conditions de commercialisation des produits financiers et la qualité du conseil. Logiquement, elle s'est intéressée aux pratiques appliquées un an après l'entrée en vigueur de MIF2. Résultats.
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 13 Septembre 2019

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Une campagne mystère 2019 centrée sur MIF 2

La réglementation européenne MIF 2 est effective depuis le 03 janvier 2018, avec comme objectif de muscler la protection des investisseurs. Cette directive se base sur quatre nouvelles règles : améliorer la connaissance de l’investisseur, améliorer la connaissance du produit et/ou de l’offre, afficher les coûts avec plus de transparence, procéder à la traçabilité des échanges et des opérations. Les banques sont-elles au rendez-vous ? 

Pour collecter ses informations et étudier le comportement du conseiller bancaire en investissement, l’AMF a effectué deux campagnes mystère, en décembre 2018 et en février 2019. Au final, ce sont 220 visites qui ont été effectuées dans 11 banques de réseau sur l’ensemble du territoire national. Le profil des clients mystère s’est référé aux scénarios déjà éprouvés faisant varier l’appétence au risque (« risquophobe » ou « risquophile »). La situation était la suivante : un prospect désireux d’investir 70 000 euros suite à une donation et qui souhaite souscrire un compte de dépôt, réaliser un versement et s’équiper d’un produit financier. Quelles sont les conclusions de l’AMF ?

Une qualité de questionnement des conseillers positive

L’Autorité des marchés financiers relève une amélioration du questionnement des conseillers par rapport aux campagnes précédentes. La qualification de la situation du prospect est relativement comparable entre les deux profils, sauf pour les charges et la capacité à supporter des pertes. Les conseillers interrogent le nouveau client sur sa situation professionnelle (91 % pour le profil prudent, 81 % pour le profil dynamique), sa situation familiale (89 %), le montant de son épargne globale (82 %, 81 %), son patrimoine immobilier (81 %, 80 %) et la répartition de son épargne (81 %, 79 %).

La qualification des objectifs financiers (retraite, étude des enfants, etc.) est également plutôt bien menée (86 %, 90 %), tout comme la question de l’horizon de placement (88 %, 83 %) et, à un degré moindre, l’appétence au risque (78 %, 66 %). Par contre, la question de la tolérance au risque est peu abordée (51 %, 28 %), ce qui constitue pourtant une nouveauté impulsée par MIF 2. Enfin, les visites mystère de l’AMF repèrent des lacunes en termes de questionnement sur les connaissances du client et son expérience des produits financiers, et en termes d’informations sur l’indépendance ou non du conseil délivré. Cette obligation MIF 2 n’est respectée que dans 24 % des cas, 16 % seulement en expliquant les raisons.

Des propositions commerciales plus nombreuses qu’avant

Les conseillers proposent spontanément une gamme de produits plus étoffée qu’auparavant : 3,6 en moyenne contre 3,1 en 2015. En comparant les profils client mystère, 4,1 produits ont été mis en avant pour ceux dont l’appétence au risque est plus marquée, contre 3,2 produits pour les autres. Le conseil s’inscrit également plus nettement dans une optique de diversification des produits financiers, ce qui n’empêche pas l’assurance vie d’être un incontournable pour 90 % des conseillers (fonds en euros et unités de compte confondus). Le PEA gagne du terrain, illustrant la volonté d’encourager la promotion de l’épargne financière quand le profil s’y prête. Idem pour la promotion de la pierre-papier (SCPI, OPCI), indiquée pour les profils moins frileux, sans que les fonds actions et les fonds diversifiés ne soient oubliés pour les deux catégories de clients mystère.

L’AMF remarque que le service de gestion sous mandat est bien plus proposé que précédemment. En revanche, les visites mystère démontrent que la présentation des frais, et donc leur transparence voulue par la directive européenne MIF 2, fait défaut. Les auteurs déclarent : « C’est un sujet préoccupant, l’information donnée oralement reste toujours insuffisante sur les frais, ce qui est préjudiciable pour les épargnants ». En guise de conclusion, l’étude retient l’investissement fourni par les banques dans leur système d’informations et dans l’accompagnement au changement, particulièrement perceptible pour le process « nouveaux clients ». Mais, si les questionnements se sont améliorés, certaines carences demeurent sur la transparence des frais, la nature du conseil, et l'évaluation des connaissances financières.  



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