Quelle rentabilité pour les fonds euros d'assurance vie en 2019 ?

Quelle rentabilité pour les fonds euros d'assurance vie en 2019 ?

1,6 %, c'est le taux du fonds euros de l'assurance vie qui pourrait être servi, en moyenne, en 2019 aux épargnants. Un niveau qui illustre l'érosion de la performance de ce produit si prisé des Français et du défi imposé aux assureurs.
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 23 Septembre 2019

Quelle rentabilité pour les fonds euros d

Un rendement brut deux fois supérieur au livret A

Alors que la dernière ligne droite en 2019 se profile, l’heure est à la prospective pour estimer le rendement de l’assurance vie. Le Revenu anticipe un taux servi pour le fonds euro à 1,6 %, soit légèrement supérieur au chiffre de 1,5 % avancé à la fin du premier semestre. Pour rappel, le rendement moyen du fonds euros des contrats d’assurance vie en 2018 a atteint 1,8 % (1,49 % après les prélèvements sociaux à 17,2 %). Les assureurs avaient toutefois dû puiser dans leurs réserves de plus-values afin de maintenir un niveau de rémunération brut deux fois plus élevé que celui du livret A (0,75 %).

C’est ce qui devrait se reproduire en 2019. Les assureurs disposent en effet de 50 milliards d’euros de réserves de rendement, une cagnotte constituée au fil des années pour justement faire face à un contexte plus délicat. Le climat n’est évidemment guère favorable aux fonds en euros, marqué par la faiblesse des taux d’intérêt et la baisse de l’inflation. Les banques centrales, à l’image de la Fed dernièrement aux Etats-Unis, poursuivent leur politique en baissant leurs taux directeurs. Or, le fonds euros se compose en moyenne de 80% de titres obligataires, deux tiers d’obligations entreprises et un tiers d’obligations d’États, afin de garantir le capital et sa liquidité.

Le rendement du fonds euro de l’assurance vie, qui pourrait dépasser les 2 %, en 2019, pour les contrats les plus performants, peut toutefois compter sur le stock d’anciennes obligations plus rémunératrices détenues par les assureurs. Ces derniers privilégient aussi les obligations d’entreprises plus généreuses mais plus risquées. La part investie en actions (8 % en moyenne) alimente aussi la performance d’autant que les marchés boursiers sont plutôt euphoriques. Toutefois, les turbulences de décembre 2018 invitent à la prudence. Enfin, la part investie dans l’immobilier (6 % en moyenne) devrait contribuer positivement au rendement à venir, avec l’envolée des prix du marché dans les zones tendues.

L’ACPR prône pour un renouvellement de l’offre

Malgré ces perspectives rassurantes pour les épargnants, l’idée de renoncer au fonds en euros de l’assurance vie gagne les esprits. Dans un entretien à l’Argus de l’Assurance, Bernard Delas, vice-président de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), prédit que les assureurs vie devront à terme privilégier les supports plus risqués et plus rémunérateurs, et délaisser les « produits en euros offrant à la fois protection du capital et une liquidité permanente ». Avant de poursuivre son propos : « Les assureurs devront imaginer de nouvelles offres et, étape par étape, habituer leurs clients à prendre une part de risque ».

Cyrille Chartier-Kastler, fondateur de Good Value for Money, tempère : « Les assureurs vie gèrent très bien leurs fonds en euros classiques et disposent de bonnes réserves pour diversifier leurs investissements au sein de ces supports. Ils ont encore la capacité d’absorber 10 années de taux d’intérêt bas ». Pour les épargnants, la diversification demeure la ligne de conduite à suivre. Le Revenu prévoit ainsi un rendement de 6 % minimum après la claque reçue l’an passé (-8,9 %). Idem pour la pierre papier (SCPI, OPCI, SCI) qui performerait par exemple à 4 %. Les contrats multisupports incluent d’ailleurs de multiples catégories d’actifs, notamment les ETF qui connaissent un réel engouement.

Les ETF ont le vent en poupe

Les trackers sont des fonds dits indiciels qui reproduisent, à la hausse comme à la baisse, la performance d’un indice en actions (CAC 40, Dow Jones, Nikkei, etc.), d’indices obligataires ou de matières premières. Leur encours dans le monde a franchi le seuil des 5000 milliards de dollars. Les ETF en actions représentent 16,3 % de la totalité des encours des fonds en action dans l’hexagone d’après la Banque de France. Leurs atouts : des produits simples et des frais de gestion minimes entre 0,25 % et 0,40 % par an. Comparativement, les frais de gestion active des fonds classiques s’élèvent environ à 2 % par an.

Et certains contrats d’assurance vie en ligne utilisent des ETF, notamment chez les banques en ligne et les courtiers en ligne : Fortuneo Vie en comptabilise 8, Darjeeling de Placement-direct 56 et Linxea Avenir 80. Faut-il tout miser sur les ETF pour les supports risqués de son contrat d’assurance ? Gilles Belloir, Directeur Général de Placement-direct répond par ce qu’il remarque sur le terrain : «  Nos clients adoptent souvent un comportement qui mélange des produits simples, transparents et bon marché comme des trackers avec de l’immobilier papier de type SCPI, mais également quelques fonds stars du marché, pilotés par des gérants de conviction ».

Reste la question de la faiblesse des rétrocommissions pour les assureurs. La solution est peut-être celle mise en place par Yomoni (Yomoni Vie) ou Primonial (Link Vie) qui facturent un mandat de gestion à hauteur de 0,7 % par an. Toutefois, cette dernière ne correspond plus à un mode de gestion passive.



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