Le retour de l'or en valeur refuge

Le retour de l'or en valeur refuge

2807,8 tonnes d'or, c'est ce que renfermaient les fonds indiciels cotés, c'est-à-dire les ETP répliquant le cours du précieux métal, fin septembre. Une somme qui représente plus de 134 milliards de dollars. Pourquoi un tel engouement pour l'or ? Quelle stratégie adoptée ? Réponses.
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 23 Octobre 2019

Le retour de l

2800 tonnes d’or pour les ETP associés

Les Exchange traded products (ETP) sont des produits financiers distribués depuis 2003. Ce sont des fonds indiciels cotés, adossés à un ou plusieurs actifs financiers. Nous nous intéressons aux ETP dont l’indice de référence est le cours de l’or. Pourquoi ? Parce que le Conseil mondial de l’or (CMO) vient de signaler que les fonds indiciels n’ont jamais été aussi richement dotés : 2807,8 tonnes d’or à la fin du mois de septembre, soit un volume supérieur à 134 milliards de dollars.

Si les fonds aux États-Unis sont les plus importants, les fonds européens rattrapent leur retard. Auparavant, les deux-tiers des avoirs mondiaux provenaient d’Amérique du Nord. Désormais, la part des ETF américains est descendue à 52 % contre 44 % en Europe, le reste étant réservé à l'Asie, notamment les fonds chinois. Au palmarès, le Fonds monétaire international (FMI) détient 2814 tonnes d’or, devançant la Banque d’Italie (2452 tonnes) et la Banque de France (2436 tonnes).

Investissement dans l’or : +13 % sur un an

Dans un communiqué, le CMO, organe constitué par des compagnies minières d’extraction d’or, relève que « les avoirs ont dépassé les niveaux de fin 2012, époque où le prix de l'or approchait les 1.700 dollars l'once, soit 18 % de plus qu'actuellement ». L’année 2019 marque un net regain d’intérêt pour cette valeur refuge avec une hausse annuelle de 13,4 % des investissements sur un an (+18 milliards de dollars). La pénurie de l'offre n'est pas en cause, puisque les exploitations aurifères tournent à plein régime, tout comme le recyclage qui représente 40 % de l’offre internationale. C’est bien la hausse de la demande qui booste le prix de l’once, pas celle de la joaillerie ni de l’industrie, mais celle des investisseurs et des banques centrales.

L’attrait des investisseurs pour l’or bénéficie d’un alignement des planètes : politique accommodante des banques centrales, tensions sur le commerce mondial, menaces géopolitiques (Moyen-Orient, Brexit) et tumultes politiques à l’image de la procédure de destitution touchant Donald Trump. Les banques ont vite compris l’entrain pour les fonds indiciels cotés en bourse et n’hésitent pas à innover. C’est le cas de Barclays qui commercialise un véhicule financier adossé à l’or, sans frais d’entrée. Il s’agit d’un ETN (exchange traded note), soit un titre d’emprunt émis par la banque, très peu encadré réglementairement et dont le capital n’est pas garanti.

Un actif risqué sans rendement

Paradoxalement, l’or n’a pas de rendement (pas de dividende ou de coupon) mais cet inconvénient majeur pour des investisseurs se retourne quand les autres valeurs refuges basculent en rendement négatif (cas des obligations de certains états). Le métal précieux ne constitue pas non plus un actif sans risque. Au contraire, son cours est soumis à la volatilité selon les mouvements des taux d’intérêts, de la politique des banques centrales, de la spéculation, de la parité du dollar, etc.

En France, la demande explose également alors que le cours est haut : +15% sur les deux derniers mois. Ce serait près de 3000 tonnes d’or qui seraient actuellement stockées dans les coffres. Cette tradition toujours vive en zone rurale concerne 17% des familles françaises. Ce chiffre est loin des 25 000 tonnes d’or détenus par les Indiens, qui n’ont pas hésité, en cette année de récolte fructueuse, à placer massivement leurs subsides dans le métal précieux ou dans l'achat de bijoux.

Un particulier peut investir dans l’or papier sous plusieurs formes d’organismes de placements collectifs (OPC) dont les ETF mais aussi les certificats ou les trackers. Côté sonnant et trébuchant, il faut être attentif à ne pas vendre ses lingots ou ses pièces à un prix largement inférieur au cours du marché. Depuis 2014, la législation impose d’ailleurs plus de transparence sur les prix, avec l’obligation d’un contrat de pré-vente et un délai de rétractation de 48h pour les ventes de bijoux.  



Articles les plus consultés

Patrimoine
Construire son patrimoine
L'actualité patrimoine