Assurance vie en unités de compte : comment maîtriser les risques ?

Assurance vie en unités de compte : comment maîtriser les risques ?

Après Generali et Allianz, nouvelle illustration du durcissement de l'accès aux fonds euros avec AG2R, qui songe à appliquer des frais d'entrée, dans un contexte de taux bas pénalisant les rendements. De quoi remettre au centre du jeu les unités de compte plus risquées.
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 28 Octobre 2019

Assurance vie en unités de compte : comment maîtriser les risques ?

Distinguer fonds en euros et unités de compte

Les fonds en euros constituent des placements sûrs. Autrement dit : le capital initial et les intérêts sont garantis, quelle que soit la trajectoire de l’évolution du contexte économique et financier. Les sommes déposées sont liquides, donc peuvent être récupérées à tout moment. De leur côté, les assureurs investissent l’argent pour générer le plus de rendement. Leur problématique est d’obtenir des gains tout en misant sur des placements peu risqués, du fait de la garantie de capital. Or, des placements peu risqués signifient des rendements moins performants. Et dans le contexte de faiblesse actuel des taux d’intérêt, les banques et les assurances peinent à décrocher des rendements compétitifs.

C’est tout l’intérêt des contrats d’assurance vie multisupport qui placent une partie du capital sur des supports plus risqués, donc plus rémunérateurs. Ces supports, ce sont les unités de compte (UC) qui ne garantissent pas le capital. Toutefois, ce placement est encadré par le Code des assurances (art. L-131) qui précise que les assureurs doivent offrir « une protection suffisante de l’épargne investie ». Ainsi, ils s’engagent à placer l’épargne sur des paniers définis d’actions ou d’obligations. Outre ces dernières, toutes les classes d’actifs sont ouvertes aux UC : fonds indiciels, fonds structurés, fonds patrimoniaux, Sociétés civiles de placement immobilier (SCPI), métaux précieux, etc.

Les caractéristiques de l’assurance vie en UC

Le gouvernement essaie justement de flécher l’épargne des Français vers des supports plus risqués au service du financement de l’économie. A ce titre, la loi Pacte prévoit plusieurs mesures pour développer l’attrait des fonds euro-croissance, dont le capital n’est garanti qu’après une certaine période, des valeurs non cotées sur les marchés boursiers (private equity) et de l’investissement socialement responsable (fonds ISR).

Pour convaincre, l’assurance vie en Unité de Compte affiche une fiscalité avantageuse : les gains sont exonérés d’impôt et de prélèvement sociaux jusqu’au rachat. S’ajoute un prélèvement libératoire de 7,5% ou 12,8% après abattement de 4200 euros pour une personne et le double pour un couple, si la sortie se fait après 8 ans de détention. Côté succession : le placement est exclu de l’actif successoral et le capital est transmis aux ayants droit en franchise partielle jusqu’à 152 500 euros.

Malgré ces arguments et la volonté de l’exécutif, les fonds en euros continuent de représenter 80% des 1700 milliards d’euros d’encours de l’assurance vie. Sur la collecte annuelle, ce chiffre se maintient à 70%, alors que le rendement des fonds en euros de l’assurance vie ne cesse de diminuer (taux servi en 2018 de 1,80 % en moyenne, contre 1,60% attendu en 2019). Si l’aversion au risque des Français est culturellement bien ancrée, gérer ce risque est accessible à tous, sous peine d’adopter un comportement vertueux.

Risques et UC : sans maitrise, la puissance n’est rien

Parmi les premières recommandations, savoir correctement segmenter son contrat multisupport est essentiel. Autrement dit : l’épargnant doit évaluer sa prise de risques à l’aune de son horizon de placement et de son profil d’investisseur (du prudent au dynamique). Ainsi, la part d’UC sera de 30% pour un horizon de placement à 8 ans, contre 10% maximum pour un horizon de placement à 2 ans.

La question de la gestion se pose forcément. Manque de temps ou peu de connaissances sur l’univers des placements, mieux vaut opter pour une gestion déléguée en étant vigilant aux frais associés et parfois opaques. A ce titre, les solutions en gestion pilotée d’assurance vie en ligne présentent un rapport qualité/coût imbattable. De Boursorama Banque à Fortuneo en passant par ING, les banques en ligne construisent leurs offres avec des partenaires réputés ou des sélectionneurs de fonds indépendants.

Sur quels fonds miser justement ? Les fonds structurés sont faits pour aller chercher du rendement en sécurisant le capital investi au départ. Si le dosage est bon, ils peuvent performer en surfant sur la volatilité des marchés. C’est l’inverse pour les fonds flexibles qui ont souffert de la chute des cours en décembre 2018. Les fonds patrimoniaux peuvent néanmoins alimenter une stratégie de diversification sous couvert de moyen terme.

Sécurisation des plus values par écrêtage, investissement progressif programmé, désinvestissement des UC à partir d’un seuil de moins-value fixé à l’avance (« stop loss ») ou son pendant inverse (« stop win») : faut-il exploiter les outils de pilotage automatique ? Oui, car leur but est d’amortir les soubresauts boursiers. Toutefois, ils réclament une attention particulière sous peine d’être contre-productifs.  

Face à l’érosion des rendements des fonds en euros, les banques et les assureurs mettent en place une solide offre de marché, accessible à prix réduit, afin d’accompagner les clients dans leur transition vers des portefeuilles en unités de compte. Et de rappeler, pour paraphraser Warren Buffett, que l’enrichissement ne provient pas du profit tiré des hausses du marché mais du fait de limiter ses pertes au moment de ses baisses, soit la définition même de la gestion du risque.



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