Investir dans les valeurs de rendement

Investir dans les valeurs de rendement

Entre taux bas et chute des marchés boursiers, les valeurs de rendement apparaissent comme des alternatives aux obligations, d'autant que les valeurs de croissance sont couteuses et les valeurs cycliques décotées en tension. Toutefois, la générosité des dividendes pourrait se tarir. Explications.
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Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 29 Octobre 2019

Investir dans les valeurs de rendement

Qu’est-ce qu’une valeur de rendement ?

La valeur de rendement correspond à une action dont le rapport entre le dividende et le cours de Bourse est plus élevé que la rémunération des emprunts d’État ou que la moyenne du marché, fixée actuellement à 3,75% (indice Stoxx compilant 600 des meilleures capitalisations européennes). En tant que part du profit net, le dividende est versé aux actionnaires. Son montant résulte soit du bénéfice réalisé au cours de l’année, soit d’une politique voulue par l’entreprise. Ces entreprises comme Bic, Vinci ou bien Air Liquide sont des sociétés évoluant dans des secteurs moins risqués, appelés non cycliques. Leur but : fidéliser leur actionnariat.

Dans l’idéal, le montant du dividende doit progresser de façon proportionnelle aux profits. Le rendement du dividende se calcule en divisant le montant du dividende par action au cours de bourse. Ce ratio boursier fait partie des multiples qui permettent d’observer la survalorisation ou la sous-valorisation d’une entreprise comparativement à d’autres entités intervenant dans le même secteur d’activité. Généralement, le versement de dividende est plus conséquent pour les groupes matures, par rapport aux sociétés de croissance qui flèchent massivement leurs revenus dans l’investissement. Une valeur de rendement doit donc être en mesure d’apporter un bon rendement à l’épargnant, et d’asseoir une stabilité et une pérennité de croissance du dividende.

Dividende : vers une baisse de la générosité des entreprises  

Par leur moindre volatilité comparativement à la moyenne du marché, les valeurs de rendement ont l’avantage d’amortir les soubresauts à la baisse tout en accompagnant les mouvements haussiers. De fait, elles trouvent pleinement leur place dans la constitution d’un portefeuille patrimonial. Pour l’exercice 2018, 50 milliards d’euros de dividende ont été distribués par les entreprises du CAC 40 (+10%). Entre 2010 et 2019, les bénéfices moyens au niveau planétaire ont progressé à un rythme annuel de 6,5%, celui des dividendes de 10,3%. Cette générosité est-elle soutenable ? Pas vraiment pour Ben Lofthouse, gérant du Henderson International Income Trust, qui a passé au crible 1200 grandes sociétés cotées : « les dividendes d'un cinquième des entreprises mondiales pourraient devenir insoutenables, si l'économie mondiale faiblit ».

Or, le ralentissement de l’économie mondiale est engagé et les valeurs de rendement d’en pâtir. En effet, le dividende n’est pas garanti car il dépend de la cyclicité de l’activité de l’entreprise et de l’évolution des résultats. Et l’indice d’un rendement du dividende élevé n’est pas forcément un signal positif puisqu’il peut grimper suite à une chute du cours boursier, l’entreprise pouvant ne plus assurer le versement des dividendes. Un ratio élevé peut aussi trahir une faiblesse de la dynamique de l’activité. Les entreprises préfèrent choyer leurs actionnaires via de généreux dividendes au lieu d’investir pour chercher des relais de croissance ou, pire, en puisant dans leurs fonds propres ou en creusant leur dette.

L'indice de couverture des dividendes en baisse

L’alerte sur les valeurs de rendements est donnée par l’indice de couverture des dividendes qui illustre leur soutenabilité. Cet indice a basculé de 3 à 2,3 entre 2010 et 2018. Traduisons : les profits mondiaux sont 2,3 fois supérieurs à la totalité des dividendes distribués (contre 3 fois auparavant). Ben Lofthouse détaille : « En général, la couverture des dividendes augmente rapidement quand l'économie croît fortement. Lors d'une longue période d'expansion économique, les entreprises desserrent progressivement les cordons de la bourse et les ratios de couverture diminuent au fil des années. Et finalement, une contraction économique entraîne une chute brutale de ces ratios. ».

La hausse des taux peut aussi porter un coup aux valeurs de rendement qui, dans ce contexte, sous-performent le marché en moyenne, avec une nuance sectorielle. On retrouve d’ailleurs des valeurs de rendement dans tous les secteurs d’activité, même si le degré de risque varie. Les principales thématiques de rendement sont les services aux collectivités et les télécoms qui bénéficient moins du retour inflationniste et du rebond de la croissance. Autre secteur symbolique : les sociétés foncières dont l’actif net réévalué subit directement la hausse des taux. Mais d’autres secteurs, présentés comme des valeurs de croissance, tels que les groupes de luxe, s’engagent aussi dans une dynamique de croissance du dividende sur le long terme.



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