300 milliards d’euros d’encours pour le Livret A
Comme un réflexe pour les Français, l’épargne de précaution file directement sur le Livret A rémunéré à 0,75% dont le capital et les gains sont exonérés d’impôt et de prélèvements sociaux. Le mois de septembre 2019 a connu sa meilleure collecte sur la dernière décennie : 1,06 milliard d’euros (contre une décollecte de 410 millions d’euros en septembre 2018). Généralement, la rentrée de septembre est synonyme de ralentissement. Pas cette année même si les mois de juillet (+1,44 milliard d’euros) et d’août (+1,71 milliard d’euros) ont été plus dynamiques. Sur les neuf premiers mois de l’année, la collecte nette du Livret A s’élève à 15,77 milliards d’euros, alors qu’elle atteignait 10,93 milliards d’euros l’an dernier sur la même période, soit une progression de 40%. L’encours total du Livret A flirte avec la barre des 300 milliards d’euros.
Les épargnants votent sécurité et disponibilité
Pourquoi un tel score en septembre cette année ? Les Français ont eu plus de billes pour épargner, suite à la mise en place du prélèvement à la source en 2019 de l’impôt sur le revenu (plus de dernier tiers à payer) et l’abandon progressive de la taxe d’habitation pour 80% des contribuables. Une explication plus globale ne doit pas être écartée : l’instabilité sociale et économique chronique qui attise les peurs et incite à mettre de l’argent de côté, en lieu sûr (capital garanti) et facilement accessible (liquidité du placement). Un sondage Odoxa/APECI/Les Echos indique que la sécurité (39%) et la disponibilité (32%) sont les premiers arguments dans le choix des produits d’épargne, largement devant la performance (17%). Conséquence : le taux d’épargne des Français est passé, en moyenne, de 14% à 15% de leurs revenus entre 2018 et 2019.
Livret A, assurance vie en fonds euros : même combat
Reste que le contexte des taux bas plombe le modèle économique des banques mais aussi les rendements des placements liquides à capital garanti. Stéphane Vidal qui préside l'APECI (Association Professionnelle des Entreprises de Conseil en Investissement) invite les épargnants à « comprendre que le rendement sans risque, liquide chaque jour et rentable n’existe plus, dans un contexte de taux bas, voire nuls, voire négatifs. Leur dire le contraire serait un mensonge ». On retrouve le même discours que celui tenu pour les fonds en euros des contrats d’assurance vie. Mais aussi le même plébiscite. La Fédération française de l’assurance (FFA) indique que l’encours atteint un niveau record fin septembre 2019 avec une enveloppe de 1776 milliards d’euros (+4% sur un an). La collecte en 2019 est pour l’heure de 109,6 milliards d’euros, soit une hausse de 4,9% en année glissante.
Assurance vie : accélération de la collecte des unités de compte
La FFA relève toutefois une accélération de l’argent fléché sur les supports en unités de compte dont le capital n’est pas garanti. En septembre 2019, la collecte en UC représente 30,8% des montants placés (3,7 milliards d’euros), alors que la moyenne annuelle était de 24% (2,9 milliards d’euros par mois en moyenne). Le message transmis par les assureurs semble avoir été entendu par ceux qui aspirent à un rendement plus élevé que le taux annoncé de 1,6% en 2019 servi par les fonds euro. Malgré ce frémissement pour des produits plus risqués, l’inquiétude, en particulier sur le financement des retraites, se dévoile au niveau international par la hausse du taux d’épargne des ménages : 13,3% en zone euro, soit un niveau proche de celui post-crise financière, et 8,2% aux États-Unis contre 3,7% en 2007.
Bien que plafonné à 22 950 euros, le Livret A profite donc d’un contexte conjoncturel, sur le pouvoir d’achat, et structurel, nourri des inquiétudes sur la situation économique et sociale. Les comportements changeront-ils si son taux baisse à 0,50% en février prochain ? Rien n’est moins sûr. Rappelons que le Livret A permet de financer le logement social, par redistribution aux bailleurs sociaux qui gèrent la construction et la rénovation, et aux collectivités territoriales.