Remontée des taux d'emprunt

Remontée des taux d'emprunt

Légère bascule en territoire positif du taux d'emprunt des obligations assimilables au trésor (OAT) à 10 ans de la France le 06 novembre dernier. Quelles sont les raisons de cette remontée des taux d'emprunt ? Quelles conséquences ? Explications.
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Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 18 Novembre 2019

Remontée des taux d

Le taux obligataire français de référence brièvement dans le vert

C’est un phénomène perceptible en cette période automnale : les taux d’emprunt des états renouent enfin avec une pente ascendante. Ainsi, depuis le début du mois d’octobre, les taux d’intérêt en Europe et aux États-Unis ont bondi d’une trentaine de point de base. En France, la référence qu’est le taux d’OAT à 10 ans s’est positionnée à -0,03 % sur l’échéance 11/2020 le 07 novembre (+1,8 point de base), après avoir atteint 0 %, un évènement qui n’était plus arrivé depuis la mi-juillet 2019.

Est-ce un problème pour l’Etat, dont l’endettement à taux négatif permet de réduire la charge des intérêts versés sur la dette publique (environ 40 milliards d’euros par an) ? Non, car à ce niveau, les conditions de financement continuent d’être extrêmement favorables. L’Agence France Trésor (AFT), dont le rôle est de placer le papier français sur les marchés, a pu émettre quasiment 10 milliards d’euros, le jeudi 07 novembre. Sur les dix mois écoulés en 2019, le taux moyen pour la France s’établit à 0,13 % sachant que le pays doit finaliser un plan d’émission historique de 200 milliards d’euros.

Une baisse des taux engagée depuis 2008

La remontée des taux d’emprunt est surtout rythmée par l’évolution des pourparlers sur les relations commerciales entre les États-Unis et la Chine. Rappelons que le taux d’OAT à 10 ans français avait amorcé sa trajectoire baissière avec la crise financière et la politique des banques centrales. Le taux était ainsi passé de 4,50 % à 3,40 % entre 2008 et 2009. Cette dynamique a ensuite été entretenue par les mesures prises par la Banque centrale européenne (BCE) pour sauver l’euro. Le taux d’OAT à 10 ans de la France est alors passé de 3,20 % à 2 % sur 2012.

Deux ans plus tard, avec la politique non conventionnelle de la BCE maintenue, le taux bascule sous la barre des 1 %. La BCE a réactivé cette politique accommodante en 2019 pour anticiper un ralentissement de la croissance causé par les tergiversations du Brexit et surtout la guerre commerciale sino-américaine. Conséquence : le taux d’OAT sur 10 ans de la France touche un point bas en août 2019 (-0,45 %). Les répercussions dans l’accès au crédit, notamment au crédit immobilier, sont tangibles pour les ménages, les taux d’emprunt ne cessant de baisser.

Les yeux rivés des investisseurs sur la guerre commerciale Chine-États-Unis

Pourquoi cette remontée des taux d’emprunt survient-elle maintenant ? Plusieurs éléments s’invitent au débat : accord partiel attendu entre les Etats-Unis et la Chine, apaisement sur un Brexit dur, et croissance américaine et européenne. Or, ces anticipations de croissance contribuent à faire remonter les taux d’intérêt qui agissent comme un bouclier contre l’inflation à venir. Le Bund allemand à dix ans est remonté de -0,71 à -0,31 %, et les taux obligataires à dix ans aux Etats-Unis de 1,53 % à 1,86 %.

Ce contexte redonne aussi un goût du risque aux investisseurs ce qui concourt à nourrir la hausse des taux d’emprunt des états. En clôture, les marchés boursiers ont collectionné plusieurs records historiques (8482 points pour le Nasdaq le 14 novembre, 5928 point pour le CAC40 le 12 novembre). Néanmoins, tout dépend du point de cristallisation qu’est l’actuelle guerre commerciale sino-américaine. Ainsi, Julien Rolland, gérant obligataire spécialiste des taux souverains chez Aviva Investors, rappelle qu’il n’y a « pour l’instant pas d'avancées de ce côté-là, ce qui met un petit peu plus de pression sur les marchés, sachant que ces derniers avaient commencé à réintégrer la probabilité d'un accord au cours des dernières semaines ». 

La remontée des taux semble par ailleurs limitée car l’inflation demeure très faible (+0,7 % sur un an en zone euro pour octobre selon Eurostat) et les banques centrales poursuivent leur politique accommodante. Depuis le 1er novembre, la BCE rachète à un rythme mensuel pour 20 milliards euros d’obligations pour une durée indéfinie, tout en ayant ramené son taux de dépôt à -0,50 %. Quant à la Réserve Fédérale américaine, elle a successivement baissé le taux des Fed Funds en juillet, septembre et octobre.



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