Medallion Fund, le fonds le plus rentable du monde

Medallion Fund, le fonds le plus rentable du monde

66,1%, c'est le rythme annuel du rendement brut du fonds Medallion Fund depuis trente ans. Qui dit mieux ? Ni le fonds Quantum Fund de Georges Soros ni Berkshire Hathaway de Warren Buffet. A qui doit-on cette prouesse ? Au mathématicien James Simons.
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Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 22 Novembre 2019

Fonds Medallion Fund

James Simons, l’ex-mathématicien devenu virtuose de la finance spéculative

La sortie le 5 novembre dernier de l’ouvrage « The Man Who Solved the Market: How Jim Simons Launched the Quant Revolution Hardcover » rédigé par Gregory Zuckerman, journaliste au Wall Street Journal, est l’occasion de mettre un coup de projecteur sur James Simons, qui pilote le fonds star Medallion Fund. L’ancien professeur de géométrie de l’Université Stony Brook dirige tout simplement le fonds spéculatif (hedge fund) le plus performant sur les trois dernières décennies.

Ce hedge fund quantitatif de Renaissance Technologies, fondé par Jim Simons, a rapporté 66,1% en moyenne chaque année depuis 1988. Cette rentabilité record a toutefois un coût pour les investisseurs : 5% de frais de gestion annuels et 44% de commissions liées à la performance (performance lee). Le coût standard des fonds spéculatifs avoisine respectivement 2% et 20%. Reste que le gain annuel moyen net de commissions Medallion Fund s’établit à 39%.

Jamais dans le rouge

Le fonds spéculatif de James Simons, dont la fortune personnelle est évaluée à 16,6 milliards de dollars, selon le Billionaires Index de Bloomberg, n’a été dans le négatif qu’un cinquième du temps dans la décennie 1990 et uniquement 2,5% du temps dans les années 2000. Medallion Fund jouit d’ailleurs d’une aura mystérieuse, les collaborateurs désireux de voler de leurs propres ailes dans le monde de la finance étant soumis à des accords de confidentialité très costauds ainsi qu’à une clause de non concurrence qui les engagent dans le temps.

Pour parvenir à ces probants résultats, Renaissance Technologies mise sur les formules mathématiques en laissant de côté l’aspect subjectif ou instinctif des traders. Gregory Zuckerman explique : « Trop souvent, nous sommes émus par des histoires, quand il s’agit du marché des actions. Nous sommes captivés par les Uber, ou WeWork. Si vous regardez les meilleures entreprises aujourd’hui, Amazon, Netflix, Tencent, vous constatez que ce sont toutes des modèles. Et c’est la solution de Simons. En se fiant aux modèles et à la méthode scientifique, on ne tombe pas dans le piège des préjugés comportementaux ».

Ecarté, le flair du trader

James Simons n’a pas rencontré le succès à ses débuts en 1978 quand il quitte le monde de l’enseignement et de la recherche afin de créer son premier fonds. Il s’appuie alors sur les méthodes éculées : analyse des fondamentaux, anticipations de la Réserve fédérale des États-Unis, consultation d’économiste réputé comme le futur directeur de la Fed, Alan Greenspan. James Simons fait un pivot et s’oriente vers les machines et les algorithmes pour élaborer un modèle de trading sans interférence humaine.

Sebastian Mallaby, dans son ouvrage « More Money Than God » paru en 2010, rappelle qu’en 1988, « 15 % du capital étaient investis sur la base de signaux de court terme, le solde étant alloué à des modèles classiques de suivi de tendance "CTA". Toutefois, le suivi de tendance a vite cessé d'être rentable car trop de "hedge funds" utilisaient une approche similaire. C'est la raison pour laquelle Simons décida de faire des signaux de court terme le coeur de son système ».

Sur la piste des signaux de court terme

Gregory Zuckerman détaille : « Il y a des mouvements et configurations dans les marchés qui ne sont pas visibles à l'oeil nu par les traders, mais Renaissance voulait exploiter ces anomalies de manière systématique et rigoureuse ». James Simons s’entoure alors de mathématiciens, de linguistes, d’astrophysiciens, d’informaticiens chevronnés et d’experts en intelligence artificielle, à qui il octroie des bonus investis dans Medallion, histoire de les fidéliser.

Renaissance Technologies est ainsi une pionnière dans la constitution d’une base de données immense et dans l’exploitation du big data. La rumeur lui prête même la deuxième capacité de calcul au monde derrière celle du Pentagone. Une stratégie validée par les résultats affichés depuis 30 ans. Le fonds emploie 300 personnes pour un encours volontairement limité, autour de 10 milliards d’euros. Toutefois, impossible d’y accéder désormais, Medallion Fund est en effet fermé aux investisseurs depuis 2005 (toujours accessible aux collaborateurs), ce qui le rend d’autant plus indépendant à la pression.



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