Crédit immo : les banques veulent zapper les courtiers

Crédit immo : les banques veulent zapper les courtiers

La faiblesse des taux d'emprunt immobilier incite les banques à trouver de nouvelles marges pour soigner la rentabilité de leurs produits. Les établissements mutualistes, dominateurs dans certaines régions, se sentent assez costauds pour éliminer un intermédiaire : le courtier en crédit immobilier. Décryptage.
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 26 Novembre 2019

Les banques veulent se passer des courtiers

40% des demandes de crédit immobilier sont apportées par un courtier

Certaines banques commencent à stopper leur partenariat avec les réseaux de courtage. Le but est de supprimer un intermédiaire afin d’améliorer les marges, à l’heure où le contexte des taux bas semble parti pour durer. La commission d’un courtier est en général fixée à 1% du montant du crédit immobilier. Actuellement, les courtiers en crédit génèrent 4 demandes sur 10 de prêts immobiliers, et même 6 sur 10 dans les zones tendues que représentent Paris et l’Ile-de-France. Rappelons que le courtier joue à ce titre le rôle d’apporteur d’affaires pour les établissements bancaires. Ils représentent donc une manne conséquente de nouveaux clients qu’ils sélectionnent de manière appropriée selon la politique commerciale des banques.

Des conventions à échéance non renouvelées

Les groupes mutualistes semblent être les plus en pointe dans cette bataille. Ainsi, le Crédit Agricole Languedoc a mis en acte cette idée, en mettant fin à tous les contrats noués avec les courtiers. La Caisse régionale du Crédit Agricole explique en toute transparence : « On ne gagne plus d'argent sur les prêts à l'habitat. Avec nos parts de marché, nous nous rendons compte que nous n'avons pas besoin de sourcing ». L’abandon des conventions entre banques et sociétés de courtage est particulièrement vivace dans le Sud-ouest, et désormais le Nord-ouest. La région Ile-de-France est peu concernée car aucune banque ne domine le marché.

Le secteur du courtage immobilier à maturité

Les principaux réseaux de courtage comme Empruntis, Meilleurtaux ou Cafpi ne cachent pas l’hostilité qui grimpe entre les courtiers et les banques. Toutefois, ils estiment que les groupes bancaires ont moins de compétences qu’eux pour gérer les dossiers de demande de prêt immobilier. D’autres acteurs tels que le courtier de crédit immobilier en ligne Pretto pensent que les banques vont plutôt axer leurs partenariats avec les courtiers les plus efficaces. Pierre Chapon, Président cofondateur de Pretto, évoque même les critères de sélection : « le volume d’affaires, la taille et surtout la qualité des dossiers traités » et pressent que la prime ira « aux courtiers d’une taille significatif et très structurés ».

Les raisons qui poussent les emprunteurs vers un courtier

En mars 2019, une enquête OpinionWay pour Vousfinancer montrait que 35% des Français avaient eu recours à un courtier pour souscrire un crédit immobilier (+6 points depuis 2015). Les plus convaincus par cette démarche sont les 18-34 ans qui sont 61% à avoir fait appel à un courtier (+21 points), ainsi que la moitié des acquéreurs d’un bien immobilier en Ile-de-France (+14 points) et des CSP+ (44%, +16 points). Les raisons sont l’attrait d’un taux d’emprunt plus avantageux (55%), le gain de temps (27%), l’accompagnement (23%), le conseil (23%) et le refus de négocier avec les banques (17%). Reste justement à savoir si les banques peuvent être à la hauteur des services et des résultats de ces intermédiaires.



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