Les Fintechs du paiement continuent d'attirer les capitaux

Les Fintechs du paiement continuent d'attirer les capitaux

184 millions d'euros, c'est le montant total des levées de fonds, en 2019, des Fintechs françaises du secteur du paiement. D'après le rapport annuel publié par l'Observatoire de la Fintech, le secteur attire les acteurs bancaires traditionnels et surfe sur une dynamique internationale.
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 06 Janvier 2020

Les Fintechs du paiement continuent d

Record 2019 pour Wynd qui a levé 72 millions d’euros

Le paiement est le secteur historique des Fintechs en France comme dans le monde. Le secteur continue donc d’attirer les capitaux par sa position d’antériorité mais aussi par son dynamisme. Ainsi, dans l’hexagone, 30% des fonds levés dans la Fintech en 2019 concernent les jeunes pousses exerçant dans le domaine du paiement. Cela représente 184 millions d’euros sur les 625 millions d’euros collectés par la Fintech. Outre le paiement, la répartition des fonds collectés s’oriente vers l’AssurTech (134 millions d’euros), les services de financement (101 millions), le Middle et Back Office (90 millions), les services bancaires 2.0 et néobanques (42 millions), la blockchain (21 millions), les services d’investissement (18 millions), les services aux acteurs financiers (17 million) et la RegTech (4 millions).

Même constat en cumul : depuis dix ans, le paiement représente pratiquement le tiers des fonds recensés, en France, par la Fintech (29%, 588 millions d’euros). Un montant global qui s’élève d’ailleurs à 1,9 milliard d’euros, impliquant 434 opérations. Pour Mikaël Ptachek, président de l’Observatoire des Fintechs, le paiement constitue un « métier en pleine mutation, qui s’automatise beaucoup. Les opportunités sont nombreuses ». Ces Fintechs attirent forcément les banques traditionnelles, à l’instar de Natixis (BPCE) qui a participé à la levée de fonds de la start-up Wynd comme Orange ou Sodexo. Celle-ci est d’ailleurs la plus élevée en 2019 (72 millions d’euros), devant celles réalisées par le spécialiste de la gestion de paie et la gestion des ressources humaines pour les PME, PayFit (70 millions), et la plateforme de crédit conso en ligne, Younited Credit (65 millions d’euros).

Regain des opérations de fusion-acquisition

D’autres levées de fonds, bouclées par des Fintechs évoluant dans le secteur du paiement, se classent dans le TOP 10 : Lunchr (30 millions d’euros), Lemon Way (25 millions) et Bankin’ (20 millions). Mikaël Ptachek y observe le reflet d’une internationalisation, mais aussi d’une confiance réitérée autour d’investisseurs de renommée internationale. De plus, le domaine profite d’une dynamique mondiale comme l’illustrent, aux États-Unis, les rachats de First Data par Fiserv (22 milliards de dollars) et de Worldpay par Fidelity (43 milliards).

Plus globalement, l’année 2019 a été marquée par un retour des opérations de fusion-acquisition. C’est un rebond après un creux en 2018 qui avait fait place à une forte activité en 2017, traduite par cinq opérations majeures de rachat : Nickel par BNP Paribas, Dalenys par BPCE, KissKissBankBank par La Banque Postale, Credit.fr par Tikehau Capital et Pumpkin par Crédit Mutuel Arkea.

Cette année, l’Observatoire des Fintech enregistre les rachats de Homunity par Credit.fr, WeSave par Amundi, Prexem par Happy Capital, Budget Insight par le Crédit Mutuel Arkea, NBSW puis ForexFix par iBanFirst. D’autres acteurs du paiement ont en revanche stoppé leurs activités tels que Care Labs, Oyst ou Afrimarket. Pour Mikaël Ptachek, « ces ajustements sont sains. Ce n'est pas parce qu'il y a 500 Fintech aujourd'hui en France qu'il y en aura encore 500 demain. La valeur créée par ce marché, même s'il régressera en nombre d'acteurs, continuera malgré tout à augmenter ».

L’introduction en bourse comme perspective ?

Et à l’avenir ? Le spécialiste table sur l’émergence d’une première licorne (société non cotée en bourse et valorisée plus d’un milliard de dollars) dans la Fintech française et des entrées en bourse : « On peut s'attendre à ce que les actionnaires de certaines sociétés, dont on connaît les stratégies d'investissement, cherchent de la liquidité. Trois options sont alors possibles : l'entrée en Bourse, la revente ou le LBO ».

D’ailleurs, si les introductions en bourse ont été faibles cette année, 17% des sociétés qui ont sauté le pas correspondent à des valeurs financières. Sur le Vieux continent, la levée de fonds la plus importante a été finalisée par Nexi, un groupe de paiement italien (2,3 milliards de dollars), lui-même succédant à un groupe de paiement anglais, Network International (1,6 milliard).

L’entrée en bourse ? Ce ne sera pas le cas tout de suite pour Stripe, comme l’exprime, dans Les Echos, John Collison cofondateur du spécialiste BtoB du paiement en ligne, valorisé à 35 milliards de dollars : « c’est encore trop tôt. De nombreuses entreprises préfèrent se concentrer sur des objectifs à long terme, sans subir la pression d’un reporting trimestriel. Chez Stripe, une IPO n’est pas d’actualité ». Et de rappeler que l’Europe est « le berceau de la Fintech » tout en affirmant sa confiance à l’endroit de l’écosystème français qui s’est déployé à une vitesse « incroyable » en quelques années.  

 



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