Arrêt de la commercialisation de l’assurance vie Carrefour Horizon
2,44%, c’est le taux servi en 2018 par le fonds euros Carrefour Avenir, composante du contrat d’assurance vie en unités de compte baptisé Carrefour Horizon et géré par Axa. Un résultat bien supérieur à la moyenne des fonds euros de l’assurance vie l’année dernière (1,6%), avec des conditions et frais plutôt attractifs : versement initial de 15 euros, frais sur versements de 1,5%, frais de gestion de 0,5%.
Et pourtant, sa commercialisation est terminée. C’est une décision prise par le groupe à l’automne 2019 : « Carrefour Horizon est un beau produit d’assurance-vie que Carrefour Banque va continuer à développer en fidélisation client ». Les souscriptions sont donc fermées, suite à la volonté de Carrefour Banque, entité détenue à 60% par Carrefour et à 40% par BNP Paribas, de « concentrer ses efforts commerciaux sur ses services de paiement et de crédit pour accompagner la transformation de Carrefour ».
Après l’assurance vie, le compte courant C-Zam ?
De là à s’interroger sur l’avenir du compte C-Zam, il n’y a qu’un pas. En effet, après un départ intéressant, en avril 2017, afin de surfer sur la vague du modèle à succès du compte sans banque Nickel, C-Zam a enregistré 120 000 achats de son coffret (5 euros à l’achat, puis 1 euros par mois) durant la première année. L’offre a toutefois pâti de la baisse de fréquentation dans les hyper, sensible chez le public ciblé des jeunes, et d’un manque d’investissements dans le suivi client.
Résultat : le portefeuille client a plafonné à 150 000 unités, sans compter les utilisateurs qui n’ont jamais activé leur compte ! Pendant ce temps, Nickel s’envole avec un objectif de 2 millions de clients en 2020, et de nouveaux acteurs affichent des rythmes de conquête performants (N26, Revolut, Orange Bank).
Carrefour Banque cible l'e-commerce et le paiement fractionné
Carrefour Banque a donc l’intention d’accélérer sur ce qui fonctionne déjà : sa carte Pass MasterCard et ses deux millions de porteurs. En outre, le groupe veut profiter de l'élan du e-commerce et du paiement fractionné qui caractérise actuellement le marché. Car payer en plusieurs fois un achat est à la mode chez le consommateur, y compris pour les biens modestes, en ligne comme en magasin, depuis l’encadrement du crédit à la consommation mis en place à partir de 2010.
Conseil client obligatoire, signature d’un contrat, montage d’un dossier de crédit : autant de charges supplémentaires dans le parcours client qui incitent les filiales bancaires des grands distributeurs à trouver la parade. Or, ce renforcement réglementaire concerne les prêts à la consommation d’au moins 90 jours. Pour y échapper, la solution est de souscrire un crédit conso d’une durée inférieure. Ainsi, le paiement fractionné permet de régler sa facture en trois ou quatre fois sur trois mois, juste sous les radars.
Le très lucratif secteur du paiement fractionné
Le client se satisfait d’une solution de financement rapide qui se déroule au moment de l’achat, éliminant les frictions sur son parcours. Le coût du paiement fractionné lui semble par ailleurs indolore (2% en moyenne) mais, rapporté à un coût annuel, le taux atteint en réalité 8%. C’est donc une activité particulièrement rentable pour un marché représentant, en octobre 2019, plus de six milliards d’euros.
Et la concurrence fait rage entre les enseignes Oney Bank (50,1% BPCE, 49,9% Auchan), Banque Casino (50% Groupe Casino, 50% Crédit Mutuel-CIC), Banque Edel (66,06% E.Leclerc, 33,94% Crédit coopératif-BPCE) et Banque Chabrières (75% Les Mousquetaires, 25% Crédit Agricole SA). Pour se démarquer, certains acteurs suppriment le coût de certains crédits en charge. C’est le cas chez Carrefour Banque dont un paiement fractionné sur quatre est gratuit pour le client.