Quand les banques belges mettent en commun la gestion de leur parc de distributeurs automatiques de billets

Quand les banques belges mettent en commun la gestion de leur parc de distributeurs automatiques de billets

Ce n'est pas un scoop, les banques cherchent à réduire leurs coûts. Outre les plans de restructuration en termes d'emplois, elles cherchent à faire des économies en ciblant leur réseau de distributeurs automatiques de billets. Comment ? Grâce à la mutualisation. Exemple en Belgique.
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 21 Janvier 2020

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Des retraits d’argent liquide en constante diminution

Les quatre premières banques belges (BNP Paribas Fortis, KBC, Belfius et ING) ont décidé de gérer ensemble un même et unique réseau de distributeurs automatiques de billets (DAB), à partir de 2021. Comment ? En mettant en place une plateforme commune pour abaisser les coûts fixes de chaque établissement (installation, approvisionnement, maintenance, gestion en cas de dysfonctionnement) mais également pour faire face au recul du cash.

Selon la Fédération des banques belges (Febelfin), le nombre d’opérations aux DAB a reflué de 15% entre 2012 et 2019, passant de 300 millions à 264 millions. On retrouve cette tendance en France où le nombre de retraits en liquide a chuté de 3,5% entre 2017 et 2018. Le succès du paiement par carte sans contact et l’émergence progressive du paiement mobile et du paiement instantané concurrencent les espèces. En Belgique, les paiements électroniques ont augmenté de 70% en moins d’une décennie, d’après la Banque centrale européenne (BCE), pour atteindre un volume de 2 milliards de transactions.

Des DAB belges sous marque blanche en 2021

Le projet des quatre principales banques belges consiste donc à créer un réseau de DAB commun et uniformisé pour mutualiser les coûts. Cette initiative ouverte aux autres établissements verra le jour en 2021, sous marque blanche, et sera pilotée par une société commune en joint-venture.

Le consortium précise d’ores et déjà que ce nouveau réseau commun « offrira, sur base de besoins réels et de paramètres géographiques objectifs, une disponibilité optimalisée d’argent liquide dans un périmètre défini ». Chaque établissement bancaire va intégrer une partie de son réseau de DAB, le futur réseau disposant aussi d'automates propres.

Le déploiement entrainera  un découplage progressif mais complet entre le réseau d’agences bancaires et le réseau d’automates. Autrement dit : les grandes banques belges ne proposeront plus de DAB dans leurs agences, à l’image de ce qu’il se produit aux Pays-Bas où les trois grandes banques, ABN Amro, ING et Rabobank, ont migré leurs DAB vers un nouvel opérateur commun : Geldmaat. L'avantage est que la fermeture d'une agence bancaire ne provoque pas automatiquement la suppression d'un distributeur.

Vers une optimisation du maillage territorial des DAB

Ce virage a déjà été pris en Suède et en Finlande depuis 2015, mais également…en Belgique. En effet, un projet similaire a été lancé quelques mois auparavant par d’autres banques belges : Argenta, AXA Banque, bpost banque, Crelan et vdk bank. Le principe est identique : faire des économies d’échelle en créant Jofico (Joint Financial Company), à la différence toutefois que chaque entité garde son propre réseau d’automates, qui représente en cumul un cinquième du réseau belge.

Les particuliers doivent-ils s’inquiéter de ces mesures ? Certaines catégories de population continuent de plébisciter l’argent liquide, à commencer par les commerçants qui craignent de voir leur échapper une part de leur clientèle. Cette interrogation est particulièrement exacerbée dans les petites communes, qui vivent la suppression d’un distributeur comme un coup supplémentaire nourrissant le processus de désertification. Mais le problème se pose aussi dans certains quartiers pourtant très urbanisés de grandes villes.

Plusieurs solutions pour lutter contre la fermeture des DAB

Pour les rassurer, les banques belges unies dans ce projet garantissent une meilleure répartition territoriale des DAB : 95% des Belges doivent pourvoir accéder à un DAB à moins de 5 km de chez eux. Reste que le nombre d’automates bancaires diminue : de 8754, en 2015, à 7869 actuellement, selon la Febelfin. Confrontées à des problématiques analogues, les banques tricolores évoluent sur la question.

Par exemple, le groupe BPCE a délégué la gestion totale de son réseau de DAB à Brink’s France. Surtout, les banques réfléchissent à relever la commission qu’elles se prélèvent mutuellement pour l’usage de leurs DAB à hauteur de 1 euros contre 57 centimes actuellement. Enfin, les villes désertées prennent les devants en s'équipant elles-mêmes d'un DAB via la location auprès des transporteurs de fonds Loomis ou Brink's (offre Point Cash Village).



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