Les banques contraintes d'adapter leurs offres pour augmenter leur portefeuille client

Les banques contraintes d'adapter leurs offres pour augmenter leur portefeuille client

Dans le secteur de la banque de détail, la conquête client est un jeu désormais de plus en plus ouvert. A l'image de la Société Générale qui lance son offre low cost Kapsul, les groupes bancaires tentent de contrecarrer l'offensive des néobanques. Pas simple.
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 03 Février 2020

La nouvelle offre Kapsul de la Société Générale

L’offre Kapsul de la Société Générale à 2 euros par mois

La Société Générale vient d’annoncer le lancement de son offre low cost Kapsul à 2 euros par mois. La banque traduit dans les faits la signature de Kapsul « La banque, ça s’essaie » en proposant le « satisfait ou remboursé » et le sans engagement. Autrement dit, le client peut, en cas d’insatisfaction, demander le remboursement de la cotisation au cours de la première année de souscription.

La formule est calquée sur celle des néobanques : un compte courant, une carte bancaire et une application mobile. Coté fonctionnalités, on retrouve également un alignement sur ce qui fait la force des banques 100% mobiles : contrôle du solde en temps réel, pas de découvert bancaire, blocage/déblocage temporaire de la carte bancaire. Autre service délivré par l’offre Kapsul : le système de cashback (jusqu’à 20% d’achats réglés en CB remboursés chez plus de 800 commerçants partenaires).

Pour se distinguer de la concurrence, la Société Générale ouvre les portes de ses agences bancaires aux souscripteurs de Kapsul mais aussi de l’ensemble de ses produits financiers (épargne, crédit immobilier, prêt à la consommation, etc.). Cette offre cible une clientèle aux « besoins frugaux, avec une utilisation limitée des services bancaires (…) et toutes les personnes sensibles aux prix et aux bons plans ». Ainsi, le plafond de paiement par carte est borné à 1000 euros par mois.

Augmenter de 10% la conquête client

La Société Générale complète ainsi son arsenal commercial, entre les offres de sa banque en ligne Boursorama Banque (qui espère passer la barre des 3 millions de clients l’an prochain) et ses propres offres. En ce sens, le groupe bancaire applique la même stratégie que ses concurrents : Eko by CA (Crédit Agricole), Enjoy (Caisses d’Epargne), Essentiel (LCL).

L’offre payante à 2 euros par mois semble se normaliser puisque c’est le tarif affiché par la banque mobile Ma French Bank (La Banque Postale) et par la banque en ligne payante Monabanq (Crédit Mutuel). C’est légèrement moins élevé pour le compte C-Zam de Carrefour Banque (1 euro par mois) et pour le compte Nickel de BNP Paribas (20 euros par an).

Mais cet angle d’attaque du marché fonctionne pour Nickel, qui revendique 1,5 million de clients à la fin de l’année 2019. Même satisfecit pour le Crédit Agricole qui indique qu’un nouveau client sur quatre est passé par l’offre Eko by CA. Enfin, Ma French Bank précise avoir conquis 100 000 clients, quatre mois après son lancement.

Bien que le risque de cannibalisation existe, la Société Générale espère que Kapsul lui permettra de tenir ses objectifs : accroître de 10% la conquête de nouveaux clients. Actuellement, les chiffres stagnent autour de 7 millions, alors même que Boursorama Banque est en tête du podium, en termes de nombre de clients, dans la catégorie des banques en ligne.

Contrer les néobanques

3,5 millions, c’est le nombre de comptes actifs des néobanques dans l’hexagone à la fin de l’année dernière (+900 000 depuis juillet 2019) selon le recensement effectué par le cabinet KPMG. Ce nombre a tout simplement explosé en deux ans (multiplié par 2,5) ! De quoi agacer les groupes bancaires qui pensaient sans doute maitriser le phénomène en disposant chacun de leur banque en ligne.

Cette tendance est si marquée que les banques en ligne ont elles-mêmes changé de paradigme. Après la gratuité du compte courant et de la carte bancaire, les pure players ont fait sauter le verrou des conditions de revenus. Boursorama Banque a été la première à dégainer son offre Welcome, puis Ultim (carte bancaire premium), suivie de Fortuneo et son offre Fosfo, ING et son offre Essentielle et, tout récemment, Hello bank! avec son offre Hello One. Quant à BforBank, la banque en ligne ne s’intéresse plus seulement aux clients premium, en distribuant une offre standard conditionnée à des revenus plus faibles.

Mais les néobanques courent toujours plus vite et s’internationalisent. Revolut réunit 8 millions d’utilisateurs dans 36 pays, dont 3,5 millions en France. N26 revendique 5 millions de clients dans 24 pays, dont plus d’un million dans l’hexagone. La Société Générale reconnait qu’en « nombre de clients, ils commencent vraiment à peser » mais tempère aussitôt en rappelant qu’il s’agit « essentiellement de comptes secondaires ». Jusqu’à quand ?

Depuis qu’elles ont décroché leur agrément bancaire pour distribuer notamment du crédit, l’offre des néobanques s'enrichit, à l'instar de ce qu'il s'est produit pour les banques en ligne. Reste l'épineuse question du modèle économique. Nouvel acteur à s'être aventuré dans la course, Orange Bank a séduit 500 000 clients en deux ans, et compte fédérer 4 millions de clients en Europe d'ici 2023, pour atteindre son seuil de rentabilité. Enième illustration des vents porteurs pour les néobanques, les investisseurs y croient. La Fintech Qonto (néobanque pour professionnels) vient de boucler une levée de fonds record, avec comme objectif en 2020, de décrocher l'agrément bancaire afin de...devenir une « vraie banque ».

Le cabinet KPMG a noté sept nouveaux acteurs, en France, en 2019 (Monese, Xaalys, Holvi, Ma French Bank, Kard, PayKrom, Pixpay), et relaie l'arrivée sur le marché, en 2020, de six nouveaux concurrents (Prismea, Linxo, Onlyone, Margo Bank, Starling Bank, Moneway). De quoi remettre quelques euros dans la machine.



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