Baisse des rendements des fonds euros de l'assurance vie : une tendance inéluctable sur les années à venir

Baisse des rendements des fonds euros de l'assurance vie : une tendance inéluctable sur les années à venir

Chose promise, chose due : la rentabilité des fonds en euros à capital garanti des contrats d'assurance vie recule de 0,4 point sur un an. Les assureurs vie avaient prévenu, n'empêchant pas pour autant les Français d'alimenter la collecte de leur produit préféré.
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Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 07 Février 2020

Baisse des rendements des fonds euros de l

Fonds en euros : taux moyen servi en 2019 à 1,4%

1,4%, c’est le rendement moyen servi cette année par les fonds euros des contrats d’assurance vie, soit une baisse de 0,4 point. Ajoutons que ce chiffre ne tient compte ni des prélèvements sociaux (17,2%) ni des frais sur primes. Cet effet toboggan est parti pour durer. Interrogé par Les Echos, Cyrille Chartier-Kastler, fondateur du site d'informations Goodvalueformoney.eu, explique : « sous réserve du maintien des taux d'intérêt à 10 ans à un niveau proche de 0%, le taux moyen servi sur les fonds en euros pourrait tomber à 1,10% en 2020, 0,80% en 2021, 0,50% en 2022 et se stabiliser au-delà. ». Des fonds euros dont le rendement s’alignerait donc sur celui du…taux du livret A, qui est passé de 0,75% à 0,50% ce 1e février.

Les effets conjugués des taux bas et des normes réglementaires

Cette baisse des rendements des fonds euros est provoquée par l’environnement des taux bas des obligations. Or, les fonds euros sont investis en obligations d’état (30,7% des placements en 2018) et d’entreprises (37%). Les assureurs qui ont l’obligation de garantir le capital renouvèlent donc régulièrement leur portefeuille. Problème : ils remplacent des obligations arrivées à terme rémunérées à 3% et plus, par de nouvelles obligations qui ne rapportent plus que 1% à 1,5%. Le calcul est vite fait. S’ajoute l’obligation de liquidité donc de solvabilité. En effet, les compagnies d’assurance sont contraintes par des normes prudentielles. L’application du Solvency Capital Requirement (SCR) exige que leurs fonds propres couvrent au minimum 100% le montant de capital. Mais la baisse des taux fait augmenter le SCR et baisser les fonds propres, provoquant une contraction du ratio de couverture.

Des marges de manœuvre pour lisser les rendements dans le temps

Pour relever le défi d’un environnement prolongé des taux bas, les assureurs vie disposent de leur provision pour participation aux bénéfices (PPB). C’est une sorte de cagnotte alimentée par une portion des revenus issus de la gestion de leurs fonds en euros. Elle permet de lisser les rendements dans le temps. Cyrille Chartier-Kastler estime que la PPB a bondi, par rapport aux encours, de 1,43% à 3,81% entre 2012 et 2019. Les compagnies doivent toutefois la redistribuer à leurs clients dans un délai de huit ans, y compris lorsqu’elles l’affectent exceptionnellement à leurs fonds propres pour desserrer l’étreinte réglementaire. Mais les assureurs vie peuvent aussi compter sur les gains de leurs placements réalisés sur les actions et l’immobilier (respectivement de 1,70% et de 1,82%).

La mort annoncée du contrat assurance vie à capital garanti ?

Depuis le mois de septembre dernier, une petite musique s’est installée. Son refrain : remettre en cause les principes des fonds en euros de l’assurance vie, sa sécurité, sa liquidité et sa rentabilité. Plusieurs compagnies ont installé des barrières à l’entrée. Generali a relevé ses frais d’entrée et impose un fléchage plus important des fonds vers les unités de compte (50% en janvier 2020). Même tonalité pour l’Afer qui veut que ses nouveaux clients, désireux de déposer 100 000 euros et plus, soient limités à 70% sur le fond euros. Benoît Grisoni, directeur général de Boursorama Banque, participe à la chorale : « Nous ne pouvons pas être parmi les derniers à accepter des versements à 100% en fonds euros ». Seules la Macif et la Maif semblent vouloir laisser toute latitude à leurs adhérents.

Diversifier ses placements : les solutions alternatives

Bien que tous les feux soient au vert pour le fonds euros des contrats d’assurance vie en termes de collecte, les épargnants qui aspirent à plus de rendement doivent diversifier leur portefeuille. L’assurance vie multisupport apparaît la première solution, avec la possibilité de miser sur des fonds immobiliers avec le véhicule des SCPI (3% de rendement net de tous frais) ou sur les fonds structurés (toutefois plus sensibles au marché boursier). Autre produit mis en lumière par l’exécutif, le fonds eurocroissance cible la performance, y compris avec des investissements non cotés, en garantissant le capital au bout de huit ans. Enfin, dernier né, le Plan d’épargne retraite (PER) simplifie l’épargne retraite, en permettant de sortir en rente ou en capital. Il agrège tous les produits d’épargne retraite précédents et fonctionne en plusieurs compartiments (PER individuel, PER entreprise), avec des transferts possibles de l’un à l’autre à frais réduits (1% les cinq premières années).



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