N26, l'Amérique plutôt que les Britanniques !

N26, l'Amérique plutôt que les Britanniques !

Brexit prétexte ? Brexit catalyseur ? N26 vient d'annoncer son retrait du marché britannique, évoquant un coût trop lourd à supporter. De quoi imaginer surtout que la banque mobile a fait ses calculs, lorgnant sur les perspectives d'autres marchés, au premier chef, les États-Unis.
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 20 Février 2020

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Clients britanniques : le 15 avril 2020, N26 remballe

La néobanque N26 a tranché : exit le Royaume-Uni. Alors que la banque mobile avait débarqué outre-Manche en 2018, voilà qu'elle préfère reculer devant l’obstacle que représente la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Conséquence : N26 fermera tous les comptes ouverts dans le pays à partir du 15 avril prochain ! Le communiqué précise que le pure player ne pourra plus y assurer son activité, puisque sa licence bancaire européenne deviendra caduque sur le marché britannique.

En attendant cette date fatidique, les « comptes fonctionneront normalement, y compris les paiements par carte et les prélèvements automatiques ». Et ensuite ? Les clients ne pourront plus rien faire avec leur carte bancaire N26. Idem avec les prélèvements automatiques. La banque en ligne leur délivrera alors un avis de résiliation officiel afin qu’ils récupèrent leurs fonds. Si le délai est passé, l’argent pourra toujours être recouvré selon, néanmoins, une procédure plus longue.

Revolut, Monzo, Starling Bank, Monese…une concurrence qui occupe déjà le terrain

En deux ans, N26 revendique le chiffre de 200 000 clients au Royaume-Uni. A titre de comparaison, la néobanque allemande recense 5 millions de clients dans le monde, dont plus d’un million en France. Son objectif : réunir un portefeuille de plus de 100 millions de clients. Reste que 200 000 clients est un score insuffisant pour absorber le coût d’une licence bancaire britannique post-Brexit.

D’autant que s’ajoute une rude concurrence avec les néobanques locales comme Revolut et Monzo, qui affichent chacun trois millions de clients au compteur, Starling Bank qui vient de passer le cap du million ou Monese (2 millions de clients dans le monde dont 200 000 en France). Preuve en est : sur les dix premiers mois de l’année dernière, l’appli N26 se classait 19e des applis mobiles App Annie de sa catégorie. Un classement relatif au nombre de visiteurs mensuels actifs dans lequel Monzo se hissait au 3e rang et Revolut au 5e.

L’impact du mécanisme du passeport européen

Toutefois, le Brexit pose bien problème aux banques. Le secteur fonctionne sur le mécanisme du passeport européen qui ouvre droit à l’exercice d’une activité bancaire dans tous les pays membres de l’Union européenne. Sauf qu'avec le Brexit, l'agrément européen octroyé par le régulateur ne couvre plus le Royaume-Uni. Autrement dit : N26, qui possède une licence BaFin allemande, doit solliciter le Financial conduct authority (FCA) pour décrocher une licence lui permettant d’exercer outre-Manche. Autre solution tout de même : nouer une alliance avec un partenaire bancaire agréé par le FCA.

Dans ces conditions, N26 précipite son départ, refusant de « prendre des mesures réglementaires complexes et de modifier le produit ». Quant à l’avenir, N26 préfère déceler « des conditions idéales pour l'innovation et la disruption de l'industrie sur des marchés harmonisés à travers l'Europe, ainsi qu'un énorme potentiel dans de grands marchés uniques comme les États-Unis ». Au programme donc : « la croissance au sein de l'Union européenne, le renforcement de notre présence aux États-Unis et le développement de nos produits pour les clients du monde entier ».

N26 toute voile dehors vers les Etats-Unis

La néobanque est surtout concentrée sur sa stratégie de pénétration de nouveaux marchés bien plus significatifs que le Royaume-Uni bouché. N26 ne s’en cache pas, mettant en avant le Brésil et surtout sa « présence aux États-Unis, un des marchés les plus attractifs au monde ». En six mois, la banque mobile, partenaire d’Axos Bank, y a conquis 250 000 clients. De quoi combler les pertes de ses troupes britanniques.

Outre-Atlantique, pas de carte de crédit ni d’offres de prêt. L’établissement mise pour l’heure sur la commercialisation de cartes de débit. Les consommateurs américains vantent le versement de leur salaire plus tôt, la rapidité des traitements de virement et les comptes partagés. Pour satisfaire les clients de ces nouveaux marchés, N26 veut redéployer les 80 collaborateurs, consacrés au marché britannique et basés à Berlin et à Londres, « pour renforcer la croissance des équipes globales ».

Pour rappel, N26 a enchainé les levées de fonds : 300 millions de dollars en janvier 2019, puis 170 millions de dollars supplémentaires en juillet dernier (pour un total de 683 millions de dollars depuis 2013). Les investisseurs historiques sont Tencent, Allianz, GIC et Insight Venture Partners. La valorisation de la banque mobile atteint 3,5 milliards de dollars, la positionnant « parmi les startups les mieux valorisées en Europe et parmi le top 10 des fintechs dans le monde » dixit son communiqué.



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