Cash et paiement sans contact au révélateur du covid-19

Cash et paiement sans contact au révélateur du covid-19

Parmi les mouvements de panique pouvant saisir les populations en cette crise sanitaire : l'augmentation des volumes de retrait en cash. La Banque de France est vigilante sur le sujet, alors que le débat sur le relèvement du plafond du paiement sans contact s'emballe.
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 03 Avril 2020

Cash et paiement sans contact au révélateur du covid-19

La Banque de France active sa cellule de crise fiduciaire

La crise sanitaire peut-elle provoquer un rush des retraits en cash aux distributeurs automatiques de billets ? Une question prise au sérieux dès le mois de février par la Banque de France qui a activé sa cellule de crise fiduciaire. Celle-ci réunit l’ensemble des acteurs de la filière qui gère l’argent liquide : banques, convoyeurs de fonds, commerçants. L’objectif est de réduire le risque de rupture dans la chaine d’approvisionnement et dans les services. Dans ce contexte anxiogène nourri d’incertitudes, on a relevé une augmentation sensible des volumes dans certains DAB (jusqu’à 20%).

Toutefois, dès la mi-mars, le constat était plus positif : aucun mouvement d’ampleur de retraits d’espèces. Les propos relayés dans Les Echos d’Erick Lacourrège, directeur général des services à l'économie et du réseau à la Banque de France, sont clairs sur un éventuel rush sur le cash : « Selon nous, il y a de fortes chances qu'il n'y en ait pas à l'avenir. Et même si les retraits devaient augmenter, il est possible que cela soit annulé par le fait que les paiements diminuent parce que les magasins sont fermés ».

Retrait en cash : pas de mouvement de panique

Et dans un scénario moins favorable, la Banque de France se montre toujours aussi rassurante, indiquant disposer de stocks de billets pour tenir « plusieurs semaines ». Même sérénité du côté du Groupement des cartes bancaires par la voix de son directeur général, Philippe Laulanie qui déclare n’avoir « aucun motif d'inquiétude sur les paiements ». Pourtant, les craintes d’une contamination par la manipulation d'espèces pourraient influencer les comportements des consommateurs. Certains militent pour faire sauter le plafond des cartes bancaires sans contact de 30 euros trop restrictif.

Philippe Laulanie tempère : relever le plafond du paiement sans contact « ne se fait pas comme cela, cela nécessite des mises en production informatiques lourdes qu'il ne serait pas raisonnable d'activer en la circonstance ». Or, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) fait du paiement sans contact un geste barrière contre la progression du virus. Un appel entendu par l’Autorité bancaire européenne (EBA) qui invite les autorités nationales chargées des systèmes de paiement de 29 pays européens a relevé ce plafond de 30 à 50 euros.

Relever le plafond du paiement sans contact : pourquoi ça bloque ?

En France, malgré les recommandations, le groupement en charge des cartes bancaires prône le relèvement du plafond du paiement sans contact pour…l’après crise sanitaire. Le but : éviter dans cette période de crise paroxysmique de s’imposer de nouvelles contraintes réglementaires. Et aussi ne pas avoir à gérer de potentiels risques de dysfonctionnement. Une friction avec l’Autorité bancaire européenne qui plaide pour « encourager les clients et les commerçants à prendre des mesures sanitaires en utilisant tous les moyens de paiement possibles en magasin ».

Le GIE cartes bancaires se montre tout de même plus souple en menant des discussions avec les fédérations de commerces et de grands distributeurs. L’idée est de faciliter le paiement sans contact pour un même ticket de caisse, relevant de fait le seuil à 60 euros. Autre piste : le développement du paiement à partir d’un euro dans les pharmacies, médecins et autres tabacs. C’est une volonté de la Fédération bancaire française depuis…2015. Sauf que les petits commerçants rechignent jusqu’alors à autoriser les paiements sans contact par carte à partir d’un euro à cause des commissions prélevées sur chaque transaction. Un enjeu sans doute des pourparlers.

Le paiement mobile comme solution : quelle offre chez les banques en ligne ?

Toutefois, il existe bien une solution pour passer outre ces problématiques de plafond de paiement : le paiement mobile. A l’heure où se généralise ce service qui consiste à dématérialiser sa carte bancaire puis de payer avec son smartphone, le seuil de paiement correspond à celui de la carte bancaire elle-même. Il sera donc intéressant d’observer l’engouement ou non pour les solutions de paiement mobile version Big Tech (Apple Pay, Google Pay, Samsung Pay) ou tricolore (Paylib, Lyf Pay).

Attention néanmoins de savoir si sa carte bancaire est bien compatible avec un wallet. A ce jeu, les clients de Boursorama Banque sont les mieux lotis (Apple Pay, Google Pay, Samsung Pay, Paylib), devant ceux de Fortuneo (Apple Pay, Google Pay, Samsung Pay) et d’Hello bank! (Apple Pay, Paylib). En revanche, malgré les annonces, Monabanq, BforBank et ING ne proposent pas encore ce service, même si Apple Pay doit se mettre en place en 2020. Et du côté des banques mobiles ?

Max est la seule à se hisser à la hauteur de Boursorama Banque, devançant Lydia dont les cartes sont compatibles avec Apple Pay, Google Pay et Samsung Pay. Nombreuses sont les néobanques à se contenter des deux premiers wallet (N26, Revolut, Orange Bank, Bunq) ou uniquement du premier (Ma French Bank, C-Zam, Monese). Par contre, les utilisateurs de Nickel n’ont pas accès à cette solution (tout comme ceux de Morning). Le compte mobile sans banque concède du retard à ce niveau sur la concurrence, venant juste de mettre en place le paiement sans contact (automne 2019).



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