La carte bancaire biométrique arrive !

La carte bancaire biométrique arrive !

La carte bancaire activée par empreintes digitales est annoncée pour cet automne chez BNP Paribas. D'après les informations du Parisien, un premier lot de cartes biométriques de 10 000 à 15 000 unités serait distribué aux titulaires d'une carte Premier et Gold. Décodage.
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 25 Juin 2020

La carte bancaire biométrique arrive !

BNP Paribas en pôle position pour déployer ses cartes bancaires biométriques à l’automne 2020

La carte bancaire biométrique sans contact, qui permet de s’authentifier grâce à ses empreintes digitales, n’est pas une innovation en tant que telle. En effet, depuis plusieurs années, des tests sont réalisés en France et dans de nombreux pays. Toutefois, BNP Paribas veut couper l’herbe sous le pied de ses concurrents. Interrogé par Le Parisien, Jean-Marie Dragon, responsable monétique et paiements innovants chez BNP, ne dit pas autrement : « De nombreuses initiatives et prototypes ont vu le jour ces dernières années à travers le monde mais aucun n'a donné lieu à une commercialisation de masse auprès du grand public ».

L’avantage de BNP Paribas repose donc sur sa distribution de masse. Le Parisien évoque un lot de 10 000 à 15 000 cartes bancaires biométriques distribuées durant l’automne prochain. Les clients concernés seraient les détenteurs de cartes Visa Premier et Visa Gold. L’objectif est triple : prendre les devants dans un secteur de la carte de paiement en constante effervescence, notamment sous les avancées des Fintechs, apporter une nouvelle plus-value au moyen de paiement à l’heure où les banques en ligne et les banques mobiles le rendent gratuit en supprimant les cotisations des cartes bancaires, et augmenter le niveau de sécurisation des transactions et des données personnelles.

Authentification biométrique, une parade contre la fraude à la CB

0,062%, c’est le taux de fraude en France sur les cartes bancaires, en 2018, d’après les chiffres de l’Observatoire de la sécurité des moyens de paiement (OSMP). Si cette donnée n’attire pas forcément la méfiance, en volume, ce taux de fraude sur les CB représente 42% des arnaques, soit un coût de 439 millions d’euros. Sur les deux dernières années, au niveau mondial, on a recensé 1200 sites de vente en ligne infectés par un skimmer, un code informatique qui recopie les données bancaires lors du paiement. Début mai, Max Kersten, chercheur en cybersécurité, avait repéré 34 sites en France victimes d’un tel logiciel malveillant.

Autre rapport : la société experte Sixgill a comptabilisé 76,2 millions de cartes bancaires compromises, au cours du second semestre 2019, dont les données étaient revendues sur le Dark Web. Et la période de confinement a constitué une opportunité pour les hackers d’augmenter leurs méfaits. Parmi les solutions mises en place ces dernières années par les banques, on trouve l’e-carte bleue unique (Crédit Mutuel, Caisse d'épargne, Banque Populaire, Banque Postale), le paiement mobile (Apple Pay, Google Pay, Paylib), le cryptogramme dynamique (un code qui change à intervalle régulier, lancé en 2016 par la Société Générale, et désormais généralisé), et donc la carte biométrique.

Comment marche la carte bancaire biométrique ?

Pour activer sa carte biométrique, le client reçoit un boitier dans lequel il insère le moyen de paiement. Lorsque le voyant rouge clignote, il appose cinq fois l’empreinte d’un de ses doigts sur le capteur. La validation de l’enregistrement déclenche à chaque apposition un voyant vert. Quand celui-ci finit de clignoter, cela signifie que l’activation de la carte biométrique est bien effectuée. Cependant, il est recommandé comme habituellement de faire une première opération de paiement ou de retrait en saisissant son code confidentiel.

Au moment de payer, le client place son doigt sur la carte bancaire biométrique, elle-même positionnée à proximité du lecteur. Un voyant vert et un « bip » sonore indiquent que l’opération est validée. Autrement dit : plus de code à saisir, ce qui au passage constitue une nouvelle solution de geste barrière. Et comme le paiement mobile, la carte bancaire biométrique n’est pas plafonnée à 50 euros contrairement au paiement sans contact. C’est une prouesse technologique pour Thales à l’origine de la carte biométrique de BNP Paribas : « il a fallu intégrer davantage de composants, le capteur d’empreinte et le circuit électrique, tout en gardant la dimension et l’épaisseur d’une carte ordinaire » dixit Sylvie Gibert, vice-présidente en charge des cartes de paiement.

Pour rappel, Thierry Mennesson, associé chez Oliver Wyman, analysait le contexte : « Pour les banques, les revenus des cartes bancaires sont en baisse (…) mais elles doivent continuer de fournir ce service à leurs clients, car la carte bancaire est la porte d'entrée ultime dans leur quotidien ». BNP Paribas s’offre donc une belle annonce alors que ses concurrents sont aussi présents dans la course. Le Crédit Agricole Touraine et Poitou a lancé des tests auprès d’un groupe de 200 clients l’an dernier, tout comme la Société Générale qui évoquait, en 2019, une technologie « prometteuse » mais pas encore « industrialisable à grande échelle ». Un défi que BNP est en passe de relever.



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