Déflagration en Allemagne suite à la chute du joyau Wirecard

Déflagration en Allemagne suite à la chute du joyau Wirecard

2 milliards d'euros : c'est le trou dans la trésorerie que vient d'avouer le spécialiste du paiement sécurisé Wirecard. Considérée comme un véritable scandale financier, la chute de la pépite allemande, valorisée précédemment à 20 milliards d'euros, claque comme un coup de tonnerre. Décryptage.
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 01 Juillet 2020

Déflagration en Allemagne suite à la chute du joyau Wirecard

Wirecard : une fraude à deux milliards d’euros

La love story outre-Rhin était donc trop belle. L’histoire de la Fintech, qui a démarré en 1999, se termine dans le mur, avec la révélation de ce scandale financier. Wirecard disait détenir sur des comptes bancaires aux Philippines près de deux milliards d’euros de trésorerie. C’était du vent. De l'argent fictif qui provoque son placement en dépôt de bilan.

La vérité à peine éclatée, le cours de l’action de la Fintech s'est immédiatement précipité vers les abîmes. Au 17 juin, l’action Wirecard s’échangeait à 104,50 euros. Le 26 juin, elle ne valait plus que 1,28 euro. Les acheteurs ruinés ont perdu 98,78% de leur investissement en 9 jours. Pas étonnant de constater qu’ils aspirent à en découdre devant la justice pour escroquerie.

Le système de gestion allemand dans la tourmente

La start-up, qui atteignait il y a peu 20 milliards d’euros de valorisation, a cédé sa place de leader à Commerzbank à l’indice DAX. Une banque qui au passage songe à supprimer 7000 postes suite au covid. Mais, pour le ministre de l’Economie allemand, Olaf Scholz, l'affaire Wirecard représente tout simplement « le plus gros scandale financier de l’après-guerre ». Pire que le récent Dieselgate (affaire Volkswagen), c’est dire !

Un traumatisme pour la place financière allemande considérée comme solide et transparente, bien que déjà affaiblie par le cas Deutsche Bank. La banque est en effet éclaboussée par des compromissions avec le blanchiment d’argent. Reste que personne n’échappe à l’affaire Wirecard, depuis l’autorité de contrôle, qui a vu sa compétence de supervision transférée à la BaFin, jusqu'aux hommes politiques considérés comme laxistes ou incapables.

Comment peut-on prétendre avoir deux milliards d’euros ni vu ni connu ?

Si Wirecard est évidemment le premier acteur concerné par cette dissimulation, le problème s’élargit aux organismes censés contrôler l’établissement. La vérification des comptes de la Fintech est effectuée par un cabinet d’audit, en l’occurrence EY (ex Ernst Young). Cet expert de haut standing est passé à côté, jetant le discrédit sur ses aptitudes à être juge de paix.

Pourquoi ? Parce sa fonction est de certifier les comptes afin que la communauté financière puisse faire ses analyses objectivement, au premier rang desquels les actionnaires ! D’où l’accusation d’escroquerie qui monte. Parallèlement, en accumulant les revers, les autorités allemandes voient leur image de rigueur sérieusement écornée à travers cette série de délits financiers et cette incapacité à lutter contre le manque de transparence.

Les dirigeants de Wirecard arrêtés

Le 25 juin, l’ancien PDG de Wirecard, Markus Braun, a été arrêté après s’être rendu à la police la veille. Dès les premières allégations, il avait démissionné la semaine dernière. Markus Braun est soupçonné par le parquet de Munich d’avoir gonflé les ventes et le bilan de la société par le biais de fausses transactions dans le but de booster son profil auprès des investisseurs. Trois autres dirigeants sont également recherchés, dont Jan Marsalek, ex-directeur général en charge de superviser les opérations en Asie du Sud-est.

L’histoire de la société qui employait 6000 personnes ne tient plus qu'à un fil. Et les clients ? En France, 150 000 détenteurs de cartes prépayées Transcash ont été touchés. Jusque vendredi dernier, la suspension de la filiale anglaise Wirecard Card Solutions empêchait les utilisateurs de faire des opérations avec le moyen de paiement. Une chose rétablie désormais mais Transcash pense changer de prestataire ou au minimum « élargir à d’autres émetteurs de cartes pour limiter les risques de blocage à l’avenir » comme le confiait avec tact Rémi Domenge, responsable marketing et communication de Transcash, au Parisien.

Le cas Wirecard jette un froid dans l'univers des Fintechs en pleine expansion, notamment dans le secteur des paiements. C'est d'autant plus vrai que l'allemande était justement le premier de cordée...



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