De moins en moins de distributeurs en France...

De moins en moins de distributeurs en France...

2000, c'est le nombre net de distributeurs automatiques de billets en moins du réseau en France, en 2019. Un rythme qui s'accélère. Il faut dire que l'essor de l'argent dématérialisé et la nécessité de réduire les coûts structurels pour les banques font leur œuvre.
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 19 Aout 2020

De moins en moins de distributeurs en France...

Moins de DAB dans un contexte de dématérialisation accrue des paiements

4,1%, c’est le pourcentage de la baisse, sur un an et en volume, du nombre de distributeurs automatiques de billets en France métropolitaine, en 2019. Selon le rapport annuel dédié de la Banque de France, cette contraction représente la disparition de 2135 automates, le parc atteignant désormais 50 316 unités à la fin de l’année dernière. Ce chiffre marque une accélération de cette tendance qui, entre 2015 et 2018, avançait à un rythme moindre de l'ordre de 1,8% en moyenne.

Parallèlement, la valeur des opérations réalisées en cash diminue aussi : -13,2% entre 2012 et 2019. La Banque de France souligne un « changement des modes de consommation et de paiement ». Une modification des attitudes des consommateurs amplifiée sans aucun doute, en 2020, suite aux mesures de confinement imposées aux Français, afin de circonscrire la propagation de la pandémie. 

L’application de gestes barrières comme le paiement sans contact - par mobile ou non - contribue à l’évolution des habitudes. D’ailleurs, pour favoriser ce geste de barrière, le plafond du paiement sans contact par carte bancaire est passé de 30 euros à 50 euros. De quoi servir la cause des moyens de paiement dématérialisé et ainsi réduire l’usage des billets, donc l’intérêt à entretenir un réseau de DAB pour les banques.

La crainte infondée d’une désertification dans les zones rurales

Depuis quelques années, plusieurs maires de communes rurales ont pris à bras-le-corps cette problématique. Leur politique : éviter la suppression d’un DAB dans leur ville pour ne pas faire fuir les consommateurs locaux vers les communes qui en disposeraient d’un. En outre, il s'agit de conserver un service considéré comme relevant - au moins dans les représentations des habitants - de l’intérêt public, et de protéger le commerce de proximité qui vit des paiements en espèces.

La Banque de France rassure ces maires en indiquant que la suppression des DAB a lieu essentiellement dans les zones densément peuplées : 4,8% dans les villes de plus de 10 000 habitants. Le rapport précise que « près de 99% de la population métropolitaine âgée de 15 ans et plus réside soit dans une commune équipée d’au moins un automate, soit dans une commune située à moins de quinze minutes en voiture de la commune équipée la plus proche. »

D’aucuns pourraient rétorquer à cette seconde partie d’assertion que les personnes âgées, moins mobiles, n’ont pas toutes des voitures pour justement aller dans la commune voisine retirer de l'argent. Autant d’électeurs mécontents pour un maire. Autant de consommateurs frustrés pour les commerçants…également des électeurs qui comptent ! Mais, si les banques se retirent, des « points d’accès privatifs » s’implantent : +10% (dans 25 536 lieux).

Les banques chassent les coûts structurels

La société Brinks, dont le business tourne éminemment autour de l’usage du cash, a monté l’opération Point Cash Village afin de pallier l’absence de DAB dans certaines petites communes. Une proposition qui continue de séduire les maires concernés à l’image de celui d’Aoste, ville du nord Isère qui a inauguré ce service le 16 juillet dernier. Il en coutera à la collectivité 1200 euros par mois, un loyer dégressif selon le nombre d’opérations de retraits. De quoi inciter les habitants à y retirer de l'argent pour payer moins.

D’autres acteurs bancaires mettent en place des solutions. On peut mentionner les points relais du Crédit Agricole, du Crédit Mutuel et de la Banque Postale. On peut surtout citer le réseau de buralistes agrées qui distribuent l’offre Nickel, le fameux compte sans banque qui appartient à BNP Paribas. Reste que les banques ferment des DAB comme des agences bancaires afin de réduire leurs coûts structurels, elles qui souffrent d’un contexte réglementaire toujours plus corseté et d’un environnement des taux bas qui rogne durablement leur marge.

Interrogé par Les Echos, Frédéric Oudéa, dans son rôle de président de la Fédération bancaire française, soutient que les « banques rendent leurs services de paiement disponibles sur tout le territoire, qu’il s’agisse des espèces ou des paiements par carte ». Et de rappeler que 33 communes ont été équipées d’un DAB l’an dernier, preuve d’une dynamique positive également à l’œuvre.

Rappelons, pour leur défense, que les banques en ligne et les néobanques exploitent le réseau de DAB des banques traditionnelles pour permettre à leur clientèle de retirer du cash gratuitement. Une prestation pas toujours bien vue par les banques de réseau qui payent pour l'entretien et l'approvisionnement de leurs automates...



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