Vers une année record pour les livrets d'épargne réglementés

Vers une année record pour les livrets d'épargne réglementés

L'incertitude rime avec précaution. Les épargnants ne dérogent pas à la règle durant cette crise sanitaire marquée par le confinement. Entre baisse de la consommation, report des investissements et aides publiques forcées : le taux d'épargne explose comme l'encours des Livret A et LDDS.
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 11 Septembre 2020

Une année record pour les livrets d

De l'épargne forcée à l'épargne de précaution

2,5 milliards d'euros, c'est la collecte nette du Livret A et du Livret de développement durable et solidaire (LDDS) au mois de juillet 2020. L'encours total des deux livrets réglementés atteint désormais 440 milliards d'euros, dont 320,8 milliards d'euros pour le seul Livret A. Depuis le début de l'année, la collecte nette s'élève à 28 milliards d'euros malgré un taux d'intérêt gelé à 0,5% au moins jusqu'en février 2021.

Aucune surprise dans ces chiffres étant donné le contexte d'incertitudes qui règne dans le monde à cause de la pandémie et de ses conséquences. Déjà adeptes indécrottables de la prudence, les Français apprécient particulièrement de placer leur épargne de précaution sur des produits sécurisés pour leur argent et accessibles à tout moment.

Ils thésaurisent même en laissant dormir leurs économies sur leurs comptes en banque qui ne rapportent pourtant rien. Autre produit privilégié : l'assurance vie en fonds euros est boudée depuis le confinement, bien que la tendance semble s'inverser depuis l'été. Bref, toutes les planètes sont alignées pour faire gonfler l'encours des livrets d'épargne réglementés malgré une rémunération faible.

Il faut dire que le Livret A et le LDDS sont des véhicules à la fiscalité avantageuse. En effet, les gains sont exonérés d'imposition sur le revenu et de prélèvements sociaux. Les versements et les retraits sont libres. Les plafonds ont été révisés à la hausse depuis 2012-2013, ce qui offre plus de marge de manœuvre. Attention toutefois puisqu'une personne ne peut détenir qu'un seul Livret A et qu'un seul LDDS. Les doublons sont donc proscrits.

Que faire du magot des Français ?

Ce constat entre en corrélation avec les chiffres de l'Insee indiquant que le taux d'épargne des ménages s'établit à 27,4% au deuxième trimestre 2020. Une progression sensible puisque ce taux était de 19,7% au premier trimestre et de 15,1% au quatrième trimestre 2019. L'explication vient d'une hausse de l'épargne couplée aux investissements en berne. Les Français ont reporté leurs achats ce qui a provoqué une baisse de la consommation.

L'argent récupéré, notamment à travers les aides de l'état instaurées suite à la crise sanitaire et qui a été qualifié de cagnotte, a donc été stocké, en grande partie sur les livrets d'épargne réglementés comme mentionné précédemment. Depuis mars, l'Insee évalue cet effort d'épargne à hauteur de 100 milliards d'euros. Et parmi les pays de l'OCDE, les Français font partie de ceux dont le revenu disponible brut a le moins diminué : -0,3% au premier trimestre, -2,4% au deuxième trimestre.

Cette baisse sur trois mois est néanmoins la plus forte depuis 1949. Ainsi, la masse salariale a reflué de 10%, faisant suite à un premier repli entre janvier et mars de 2,4%. Même signal du côté des revenus patrimoniaux : -2,9% (T1 2020) succédant à -3,7% (T2 2020). Les pouvoirs publics via l'aide exceptionnelle de solidarité (au titre de l'activité partielle, du chômage, de l'absence pour garde d'enfants) ont contribué à faire grimper de 7,9% les aides sociales (+2,3% déjà au T1 2020).

L'Insee montre logiquement que la chute des revenus du travail entraîne une baisse des impôts sur le revenu et le patrimoine. Enfin, le pouvoir d'achat recule de 2,1% dans un contexte de repli des prix à la consommation (-0,2% au T2 2020). Une consommation qui connaît un réel coup d'arrêt avec le confinement : -11,5% au T2 2020, -5,8% au T1 2020. D'où encore une fois l'encours des livrets A et des LDDS qui s'envole.

La question que se pose le gouvernement : comment orienter cette masse d'argent pour relancer l'économie une fois la pandémie jugulée ? Un des angles d'attaque serait de surfer sur le fait que beaucoup de Français aspirent à donner du sens à leur épargne. Lutte contre le réchauffement climatique ou le chômage, soutien aux entreprises vertueuses et à l'agriculture biologique : autant de secteurs qui peuvent inciter les ménages à investir dans l'activité économique, tout en faisant fructifier leur argent plutôt que de le laisser dormir.



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