Comment arbitrer son assurance-vie dans le contexte actuel ?

Comment arbitrer son assurance-vie dans le contexte actuel ?

La période d'incertitudes brouille les stratégies d'investissement. Faut-il procéder à un rachat partiel de son assurance vie ? Comment faire ses arbitrages entre fonds euros et unités de compte, entre fonds immobilier et actions, entre marchés européen et américain ? Quelques pistes de réflexion.
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 01 Octobre 2020

Comment arbitrer son assurance-vie dans le contexte actuel ?

Bien comprendre le principe des arbitrages de l’assurance vie

Les arbitrages consistent à redéployer le capital de son assurance vie en fonction de sa stratégie et de son horizon de placement. Cette réallocation a pour but d’optimiser la gestion de son contrat, notamment en prenant ses gains sur les supports en unités de compte pour les transférer sur la poche sécuritaire du fonds euros qui garantit le capital.

Les contrats d’assurance vie d'une banque en ligne proposent de nombreux avantages : passer ses ordres d’arbitrage se fait en ligne, avec une prise en compte dans la journée, ce qui permet de le faire en connaissance des cours non pas en différé mais en temps réel. Ce service est généralement gratuit et illimité, contrairement aux offres des banques traditionnelles qui ponctionnent une commission ou appliquent un forfait à chaque opération.

Ainsi, les frais d’arbitrage rognent le rendement de l’assurance vie, un élément dont il faut tenir compte au moment de choisir son assureur ou son courtier (intermédiaire). Pour rappel, la gestion de l’assurance vie peut être libre ou sous mandat d’un tiers qui s’occupe alors de la répartition des actifs en fonction des objectifs du client, de son profil et de son aversion au risque.

Plusieurs options d’assistance technique aux arbitrages sont automatisées. C’est le cas de la sécurisation automatique des plus-values qui transfère les gains vers le fonds euro dès que l’objectif ciblé est atteint (sous forme de pourcentage). On peut mentionner l’outil de rééquilibrage automatique de la distribution du capital entre les deux poches, ou le stop-loss qui limite les pertes en liquidant les positions à partir d’un certain niveau prédéfini.

Assurance vie : quels arbitrages à faire en cette période de pandémie ?

1%, c’est le rendement moyen prédit pour les fonds euros de l’assurance vie en 2020. Déjà depuis un an, les compagnies d’assurance sont à la manœuvre pour convaincre leurs clients de flécher une part plus importante du capital vers les unités de compte (UC), des supports plus rémunérateurs mais aussi plus risqués. Certains assureurs ont même stoppé la commercialisation de contrats d’assurance vie, alors que d’autres obligent désormais leurs clients à allouer un certain pourcentage sur les UC.

Mais la pandémie ajoute un ingrédient imprévu : la volatilité des marchés boursiers. Et la crise économique de frapper de nombreux secteurs (tourisme, transport aérien, etc.) ainsi que le marché immobilier professionnel, avec des conséquences directes sur la performance à venir de l’assurance vie multisupport.

Par exemple, les placements dans les SCPI à dominante bureaux et boutiques apparaissent fragilisés. Bien que les baux s’étendent sur dix ans, les faillites des entreprises pourraient se multiplier. Parallèlement, la rentabilité des grands centres commerciaux baisse. A l’inverse, l’immobilier résidentiel résiste, tout comme l’immobilier logistique (e-commerce) ou tertiaire spécialisé dans les domaines de la santé et de l’éducation.

Unités de compte : vers quels fonds investis en actions s’orienter ?

L’éligibilité du private equity ouvre les perspectives d’arbitrage pour la répartition du capital de l’assurance vie multisupport. C’est d’autant plus le cas que, contrairement au Plan d’épargne en actions (PEA), ce véhicule peut accueillir des fonds investis hors Europe sur des actions internationales (Etats-Unis, pays émergents) et des fonds thématiques.

Mieux, le fonds euro garantit l’argent investi malgré une faible performance. Or, les principaux indices boursiers américains ont par exemple effacé la baisse de mars (+4,7% pour le S&P500 au 15 septembre depuis le 1er janvier, +25% pour le Nasdaq littéralement porté par les valeurs technologiques). En revanche, l’Europe est à la traine : -15% pour le CAC40, -11% pour l’Euro Stoxx. Le conseil incite à récupérer une partie des gains sur l’exposition aux actions américaines et à miser sur le potentiel rattrapage des actions européennes.

L’arbitrage peut enfin se faire en direction de fonds thématiques comme l’eau, la cybersécurité, le digital, la robotique, la silver économie, l’intelligence artificielle ou le traitement des déchets. On ne rappellera jamais assez que la diversification reste la ligne de conduite pour éviter justement une surexposition.

Ne pas céder à ses émotions pour arbitrer son assurance vie

Méfiance aussi aux réactions émotionnelles et aux comportements moutonniers, sources de déconvenues sur les marchés. Ainsi, faire un rachat de son assurance vie constitue un très mauvais mouvement, car la vente des supports en portefeuille s’effectue à cours inconnu. En effet, la réactivité d’un contrat d’assurance vie ne vaut pas celle d’un PEA ou d’un compte-titres, sauf à passer par une banque en ligne ou un broker.

Si l’épargnant a besoin de liquidité, il doit procéder à un rachat partiel sur le fonds euros. Le faire sur les unités de compte, c’est prendre le risque d’acter une moins-value. Etant donné le contexte d’incertitudes, le bon dosage dans les arbitrages de ses placements consiste à privilégier les actions performantes et liquides, à conserver une épargne de précaution pour réinvestir au moment escompté, et à garder une base en immobilier résidentiel comme stabilisateur patrimonial.

La gestion libre plus directe nécessite d’avoir les connaissances, l’accès aux informations et le temps pour réfléchir et prendre ses décisions. D’où l’intérêt quand ces critères ne sont pas réunis de mandater un intermédiaire en mesure de piloter la stratégie avec toujours comme boussoles ses objectifs et ses horizons de placement.



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