La crise n'enraye pas la progression des courtiers sur le marché immobilier

La crise n'enraye pas la progression des courtiers sur le marché immobilier

60%, c'est la part des Français qui ont fait appel à un courtier sur les trois dernières années pour acheter un bien immobilier. Une place grandissante sur le marché comme le révèle le sondage OpinionWay pour VousFinancer mené en janvier 2021. Décryptage.
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 11 Mars 2021

Progression des courtiers

En agence ou en ligne, les courtiers gagnent du terrain

Sur 100 personnes interrogées, le sondage OpinionWay pour VousFinancer note que 63 ont déjà signé l’achat un bien immobilier (dont 4% en 2020). L’enquête questionne alors le poids des courtiers dans les transactions. 40% ont eu recours à un intermédiaire pour souscrire leur crédit immobilier, ce qui représente une baisse de 3 points par rapport à l’étude annuelle précédente. Dans le détail, on note que 28% sont allés dans une agence de courtage (-1 point) et 12% par le biais d’un courtier en ligne (8% en 2020, 5% en 2015).

Cette hausse correspond à la fois à une tendance de fond et à un événement conjoncturel : les restrictions de déplacement suite aux mesures sanitaires de lutte contre la pandémie de la Covid-19. A ce titre, l’accès à la signature électronique et l’envoi dématérialisé des documents justificatifs (photographie, scan) pour constituer le dossier de demande de prêt immobilier ont joué un rôle moteur. S’ajoute à ce tableau la catégorie d’emprunteurs qui se sont renseignés chez un courtier en ligne sans solliciter ses services (9%).

Qui fait le plus appel aux courtiers en immobilier ?

Les femmes ont eu plus recours aux intermédiaires que les hommes (47% contre 33%), notamment en se rendant en agence (35% contre 21%). Un récent sondage de SeLoger notait d’ailleurs que les femmes étaient plus inquiètes et plus prudentes que les hommes : 35% craignent de ne pas pouvoir acheter contre 29% des hommes. Toutefois, en février 2021, elles représentent chez Empruntis 45% des dossiers de projets d’acquisition solo, soit un bond de 14 points par rapport à 2017.

D’un point de vue de l’âge, la tranche des moins de 35 ans a eu plus recours aux sociétés de courtage en immobilier (64%, dont 20% en utilisant uniquement les courtiers en ligne). Plus l’emprunteur vieillit, plus il choisit des voies traditionnelles. En matière de statut, les CSP+ sont la clientèle privilégiée des intermédiaires (51% contre 28% chez les inactifs). Les locataires (51%) par apport aux propriétaires (38%), et les provinciaux (41%) par rapport aux Franciliens (34%) sollicitent aussi plus les courtiers, avec une plus grande proportion dans les régions Nord-est (48%) et Sud-est (50%).   

Quels sont les avantages de passer par un courtier immobilier ?

Le principal motif qui incite les emprunteurs à passer par une société de courtage en immobilier demeure la recherche d’un taux avantageux (56%, +2 points). Ce score était déjà le plus élevé en 2015 (59%) dans les réponses. Mais avec la crise et le durcissement des conditions d’octroi du crédit l’an dernier, la deuxième raison évoquée est désormais la garantie de trouver une solution de crédit (30%, +7 points). Ce levier fonctionne évidemment sur les primo-accédants, les personnes aux faibles revenus ou chez les plus prudents (d’où la plus forte sollicitation des femmes).

Toutes les autres réponses sont en recul. L’accompagnement perd 5 points (26%) et le gain de temps 6 points (19%). Même les arguments de l’expertise ou de l’interlocuteur unique faiblissent avec respectivement 12% (-7 points) et 9% (-9 points). Seul l’item « optimiser un plan de financement complexe » se maintient (18%, -1 point). Un tableau 2021 en dissonance avec les explications de Sandrine Allonier, directrice des études de Vousfinancer, qui déclare que, malgré des taux très bas, « le recours au courtage n’a cessé de progresser, témoignant de la valeur ajoutée de notre métier, au-delà de la seule recherche du taux le plus faible… ».

Les taux immobiliers toujours attractifs

Les courtiers en immobilier sont donc prisés pour décrocher des taux avantageux, d’autant que les conditions d’octroi en 2020 se sont resserrées. La Banque de France note justement une baisse de la production de crédits en janvier 2021 par rapport à janvier 2020 (-21%, et -7,2% hors renégociations). La période actuelle cumule une moindre dynamique des transactions, une prudence accrue des banques et un attentisme des emprunteurs suite à la pandémie. Mais les opportunités existent toujours car les banques cherchent à remplir leurs objectifs, donc attirer des clients.

Julie Bachet, directrice générale de VousFinancer, se veut rassurante : « les banques sont en phase de conquête de clientèle. C’est pourquoi, en janvier et février, beaucoup ont à nouveau baissé leurs taux de crédits immobilier et légèrement assoupli leur critère d’octroi de crédit, tout en restant toutefois vigilantes sur les profils financés, compte tenu des incertitudes économiques. Mais les profils les plus sûrs sont actuellement très recherchés ». Surtout, les taux de crédit immobilier continuent d’être attractifs (0,95% sur 15 ans, 1,10% sur 20 ans) malgré des réajustements en février : hausse de 0,04 à 0,14 point, ou baisse de 0,05 à 0,25 points.

Les emprunteurs doivent faire jouer la concurrence y compris sur les formalités du financement, comme par exemple la pause et/ou la modulation des remboursements. Des négociations facilitées par le recours à un courtier en immobilier dont le rôle est de trouver le contrat le mieux adapté à chaque profil et projet.



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