L'utilisation du paiement sans contact bondit, le sentiment de sécurité moins

L'utilisation du paiement sans contact bondit, le sentiment de sécurité moins

La Covid-19 bouleverse les habitudes de consommation et de paiement. L'application des gestes barrières pousse logiquement le sans contact et le numérique à s'affirmer face au cash et au code secret à saisir. Un bémol : une confiance en matière de sécurité à acquérir.
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 22 Avril 2021

Sécurité des paiements : le sans contact progresse mais reste moins sûr dans l’esprit des Français

Pour 90% des personnes interrogées dans le baromètre Paiement & Digital de Gallit, le niveau de sécurité des paiements sans contact est suffisant. Néanmoins, des nuances s’imposent. Ainsi, c’est le paiement par carte bancaire en magasin qui arrive en tête des transactions bancaires les plus sûres. Viennent ensuite les retraits d’espèces aux distributeurs automatiques de billets (DAB), l’initiation d’un virement bancaire, le paiement par chèque, le paiement en ligne par CB, puis le paiement sans contact avec carte bancaire dans un commerce.

En revanche, les Français sont moins rassurés par le règlement d’un achat via l’application mobile d’un commerçant ou le paiement en ligne via un smartphone ou une tablette. Les situations les moins sûres pour eux, sont le paiement mobile dans un commerce ou via une appli mobile où la carte est enregistrée et où les paiements se font automatiquement. Bien que le paiement mobile progresse, surtout en période de pandémie, les réserves sont toujours les plus fortes quant au degré de sécurité proposé par cette solution sans contact.

En ce qui concerne les modalités d’authentification plébiscitées par les Français, le baromètre Paiement & Digital de Gallit indique que la réception d’un code unique par SMS arrive en tête des réponses. C’est également la solution la plus utilisée. La deuxième solution mise en avant est le CVV dynamique, moins répandu mais qui suscite toujours plus d’intérêt. Le podium est enfin complété par les services de carte virtuelle dynamique utilisés par un Français sur cinq. La distance est plus marquée avec l’authentification biométrique (reconnaissance digitale, faciale ou vocale).

Le paiement sans contact, grand gagnant de l’application des gestes barrières

Une étude du cabinet Forrester datant de mai 2020 montre que le numérique continue son essor dans le paiement : 10% ont essayé ce moyen en avril 2020 et 28% en mai 2020. Parmi ces derniers, l’étude relève que 4 sur 10 sont passés par le téléphone pour payer sans contact, alors que 72% ont utilisé leur CB sans contact. Les trois-quarts sont satisfaits de cette solution. Deux tiers envisagent de continuer à payer sans contact, tandis que 44% affirment vouloir moins utiliser le cash.

En temps de gestes barrières, le paiement numérique convient en premier lieu pour des raisons sanitaires. Le but : éviter de taper son code sur un clavier ou un écran de terminal de paiement électronique (TPE). Pour les auteurs de l’enquête : « Cette évolution des usages n’avait pas eu lieu jusque-là car les consommateurs ne voyaient pas la nécessité de changer leurs habitudes. La crise a agi comme un élément de rupture, forçant les consommateurs à adopter de nouveaux gestes par crainte du virus. ».

Même son de cloche pour Laure Faretti, responsable du  marché français chez Sumup, qui explique que « la crise a provoqué une mutation inédite des comportements de paiements des Français, consacrant en quelques mois à peine le ''sans contact'' ». Un sondage OpinionWay/SumUp réalisé ce mois-ci montre que 74% des habitants du Sud-ouest utilisent le paiement sans contact dans les commerces de proximité (+10 points en un an) y compris chez les TPE et les indépendants : 32% dans les taxis (+22), 36% chez le buraliste (+22) et 10% avec la baby-sitter (+5).

Le paiement mobile va-t-il enterrer le cash pour de bon ?

Frédéric Micheau, directeur adjoint d’OpinionWay, perçoit que « le rapport a l'argent liquide et aux espèces s'est fondamentalement transformé ; on note aujourd'hui que plus de 30 % de la population française déclarent ne pas avoir toujours des billets sur elles, c'est une progression de 6 % en l'espace d'un an. ». A ce constat s’ajoute l’instauration de nombreuses aides par le gouvernement en faveur de la numérisation de certains commerces (augmentation du plafond du paiement sans contact par exemple).

Si ce mouvement est tangible, le cash n’a toujours pas dit son dernier mot. Une enquête européenne de Statista montre que l’usage d’argent liquide a augmenté dans certains pays comme l’Allemagne ou en Roumanie. Plus globalement, les pays d’Europe Centrale voient une fragmentation des innovations qui diversifie l’offre de modes de paiement. Dans des pays où l’innovation technologique avait pris pied et où le recours à la CB est une habitude (Angleterre, France, Danemark, etc.), on peut parler d’une accélération du paiement mobile comme décrit par les sondages précédents.

Reste malgré tout le problème de la sécurité du paiement sans contact dans la représentation des consommateurs. Une pédagogie pas si évidente à faire eu égard des chiffres relatifs aux fraudes bancaires. Pour l’UFC-Que Choisir, le montant des escroqueries avoisinerait les 600 millions d’euros en 2020, dont une hausse de 20% pour les paiements sans contact. Un accroc que veut gommer la DSP2 avec la double authentification, processus renforçant la sécurisation des transactions via l’utilisation de deux facteurs pour garantir l’identité de l’acheteur. Problème : moins d’un Français sur deux serait doté de ce mode de protection selon l’association de consommateurs...



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