Nouvel élan pour la Société Générale dans la banque de détail

Nouvel élan pour la Société Générale dans la banque de détail

Le 12 octobre dernier, la Société Générale a présenté son projet de nouvelle banque de détail en France. Profitant de la fusion avec le Crédit du Nord, le modèle évoque une banque plus réactive, accessible et efficace. Un projet qui n'est pas sans casse.
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 21 Octobre 2021

Fusion du groupe Société Générale et Crédit du Nord

Société Générale et Crédit du Nord : une fusion des réseaux

L’environnement économique dans le secteur bancaire bouscule les établissements. Les taux bas rognent les revenus. La concurrence se montre plus agressive. La numérisation des usages de la banque au quotidien par les clients devient incontournable. La pandémie a accéléré ses changements et mis en lumière certaines carences.

Dans ce contexte, la Société Générale réorganise sa branche de banque de détail avec, comme rouage essentiel, la fusion de son réseau d’agences bancaires avec celui du Crédit du Nord. La banque saisit cette occasion pour repenser son service et redonner de l’élan dans la conquête client, elle qui bénéficie déjà du joli succès de sa banque en ligne Boursorama Banque. La banque digitale affiche 3 millions de clients au compteur, quand le groupe tout entier en recense 10 millions sur le marché français.

En matière d’effectifs, la voilure se réduira avec la suppression de 3700 emplois entre 2023 et 2025. La banque assure que l’opération ne provoquera aucun départ contraint. L’établissement compte sur les vagues de départs naturels (1500 emplois chaque année) pour garder le cap et tenir ses objectifs. Par ailleurs, un budget de 100 000 millions sur trois ans sera consacré à l’accompagnement et à la formation des salariés. En effet, le métier est en pleine évolution, avec la digitalisation des parcours clients et la recherche de conseils personnalisés à haute valeur ajoutée.

Réaffirmer sa proximité territoriale

Souvent l’apanage des banques mutualistes, l’ancrage local réapparaît dans l’argumentaire de la Société Générale. La banque a compris qu’une grande partie des Français s’agace de la désertification des services à la fois dans les communes rurales, mais également dans les quartiers urbains.

L’établissement redonne donc ses vertus à la proximité territoriale, grâce à une organisation articulée sur 11 régions, couvrant chacune entre 210 000 et 1,4 million de clients. Réduire la distance avec le client est censé accélérer les décisions et doper la satisfaction client. Sur cet item, la Société Générale veut siéger sur le podium dans sa catégorie.

Néanmoins, la contraction du réseau est bien réelle, basculant de 2000 agences, fin 2020, à 1450, en 2025. Une perte sèche qui ne doit pâtir à aucune ville, puisque le regroupement des réseaux ne concerne que les agences des deux banques localisées à proximité l’une de l’autre. Mais, que deviennent les marques des banques fusionnées ?

La Société Générale ne souhaite ni gommer l’héritage ni renoncer aux dénominations régionales. Ainsi, pour chaque territoire, la marque nationale s’appuiera sur celle du groupe Crédit du Nord, composé des banques Courtois, Tarneaud, Laydernier et SMS. Dans son communiqué, la banque indique malicieusement que « ce maillage représentera à terme plus de points de vente pour nos clients : 15 % de plus pour les clients Société Générale par rapport à 2020 et près de 3 fois plus pour ceux du Crédit du Nord. »

Des engagements RSE et un calendrier à tenir

La fusion des réseaux entre la Société Générale et le Crédit du Nord offre une fenêtre pour mettre en œuvre une série de mesures RSE. Alors que les grands groupes bancaires sont régulièrement tancés pour leur politique de financement de l’économie carbonée, l’établissement souhaite élargir son expertise auprès des grands groupes, dans le conseil des financements des énergies renouvelables, aux ETI et PME.

Au passage, La Société Générale rappelle être la « seule banque en France à proposer une offre de produits d’épargne totalement ISR en architecture ouverte [la banque continuant] à développer des nouvelles offres de crédit RSE, permettant aux clients de bénéficier de conditions tarifaires bonifiées pour financer des projets RSE ».

La banque cherche aussi à gagner en réactivité, en accessibilité et en efficacité. C’est la ligne de conduite du projet de fusion, qui a été initié en décembre 2020. Plusieurs accords ont d’ores et déjà été signés dans le cadre du dialogue social. La fusion doit intervenir logiquement au 1er janvier 2023, notamment la fusion informatique qui va réduire les coûts de fonctionnement. La Société Générale chiffre à 450 millions d’euros par an les économies obtenues par ce projet, à partir de 2025.

Dans le communiqué, Sébastien Proto, Directeur général adjoint en charge des réseaux Société Générale, Crédit du Nord, Banque privée et de leur direction Innovation, Technologie et Informatique résume : « En fusionnant ses réseaux Société Générale et Crédit du Nord, le Groupe anticipe l’évolution de l’environnement et des comportements clients et prend un temps d’avance sur des tendances de fond. Cette fusion est pour nous l’opportunité de bâtir un nouveau modèle commercialement offensif et plus efficace ».

Un projet offensif qui tranche avec l’avis des organisations syndicales qui n'y voient qu'un intérêt purement pécuniaire.



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