Doconomy, la carte bancaire qui calcule l'empreinte carbone de chaque achat

Doconomy, la carte bancaire qui calcule l'empreinte carbone de chaque achat

COP26 de Glasgow, conférence des Nations unies sur le changement climatique : 450 banques mondiales ont pris l'engagement de décarboner leurs investissements. Si les promesses n'engagent que ceux qui les croient, d'autres sensibilisent directement les consommateurs pour qu'ils réduisent l'empreinte carbone des achats.
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 19 Novembre 2021

Doconomy la carte bancaire qui calcule l

Qu’est-ce que Doconomy ?

Calculer les émissions de carbone en temps réel de nos achats : tel est l’objectif de l’application suédoise Doconomy. C’est en 2018 que naît l’ambition de sensibiliser les consommateurs à cette problématique. Les deux fondateurs, Johan Pihl et Mathias Wiksström, se sont sans doute sentis confortés à la lecture d’une première étude de l’ADEME (Agence de transition écologique), parue en 2016, qui chiffrait à 11,9 tonnes de dioxyde de carbone les émissions moyennes annuelles d’un Français.

Trois quarts de ce volume étaient associés à sa consommation courante ! Or, pour atteindre la neutralité carbone, chacun devrait se contenir à 2 tonnes en moyenne par an… d’où les explications du PDG de Doconomy, Nathalie Green : « Notre ambition est que chaque consommateur puisse faire la différence en étant conscient de l’impact de ses achats sur la planète et soit en capacité de le gérer et de le compenser ».

Do White et Do Black

La Fintech délivre une carte de crédit Do Card, très proche en apparence d’une Visa ou d’une Mastercard. L’utilisateur a le choix entre la Do White et la Do Black. Les deux modèles fonctionnent avec une application, qui évalue les émissions de CO2 générées par la transaction.

Concrètement, la Do card identifie le producteur du bien consommé au moment de régler ses achats, grâce au code MCC (l’équivalent du Code NAF en France). Les données sont alors croisées avec le référentiel Åland Index, développé avec une banque finlandaise.

Si la Do White se contente d’envoyer une notification d’alerte sur le smartphone de l’utilisateur, la Do Black est plus intrusive. L’offre premium payante impose un seuil mensuel de carbone émis à ne pas dépasser. S’il est franchi, la solution bloque le moyen de paiement !

« Plus d’excuses » pour les consommateurs comme le clame Nathalie Green : « nous devons tous faire face à l’urgence de la situation et progresser rapidement vers une consommation plus responsable ».

Un référentiel et des approximations

L’index évalue l’impact environnemental par catégorisation des dépenses (aliments, boissons, textiles, carburant, hôtel, cinéma, etc.). À chaque industrie spécifique son niveau d’empreinte carbone propre. Ce dernier est établi à partir d’analyse de données financières et de notations extra-financières.

Le calculateur transmet ensuite l’information au consommateur, via l’application mobile. L’outil précise le nombre d’arbres requis pour absorber la quantité équivalente de dioxyde de carbone. Toutefois, l’indice est loin d’être parfait, puisqu’il ne parvient pas à calculer l’empreinte carbone de chaque produit individuellement.

Ainsi, le calculateur ne fait pas de différence entre une voiture neuve et une voiture de plus de quinze ans. Pour le partenaire Mastercard, « bien que ce ne soit pas parfait, cela donne en fait une très bonne indication de vos dépenses globales pour le mois. Ce calculateur est un terrain d’entente entre le respect de la vie privée et la fourniture d’informations aux consommateurs ».

Épargne responsable, carte recyclable : les autres produits verts de Doconomy

Lauréate 2020 de Netexplo (observatoire de l’innovation digitale), Doconomy est devenue la partenaire de la Convention Cadre des Nations-Unies sur le changement climatique (CCNUCC). D’ailleurs, l’application incite à compenser son surplus d’émission carbone dans des projets certifiés par l’ONU.

Inversement, les consommateurs vertueux ont droit à des « crédits DO » reversés par des enseignes partenaires. Ces récompenses sont ensuite orientées vers des projets ou des fonds labellisés verts.

La Fintech déploie également d’autres produits bancaires comme un livret d’épargne ouvert dans des établissements partenaires. Les taux d’intérêt oscillent entre 0,4 et 0,5 %, les dépôts étant placés dans des fonds actifs en faveur du développement durable. Notez que la carte Do est fabriquée en maïs biodégradable, avec une impression sans encre résultante de polluants atmosphériques, et sans bande magnétique !

Un chemin également emprunté par les banques françaises (des cartes en PVC recyclé au Crédit Mutuel ou chez Welcome de Boursorama Banque), ou Mastercard qui conçoit des cartes en plastiques recyclables, biosourcés, sans chlore, dégradables et récupérés dans les océans. L’entreprise vise un ratio de zéro émission nette d’ici 2050.

Une offre en marque blanche

Outre Mastercard, les banques Nordea et Bank of West, une filiale américaine de BNP Paribas, ont rejoint l’aventure Doconomy, lors de la COP25 de Madrid. Grâce à ce système BtoBtoC, la Fintech suédoise espère pouvoir toucher 500 millions de clients potentiels. La jeune pousse aspire ainsi à réduire d’un milliard de tonnes les émissions de CO2 et repose son modèle économique sur les commissions prélevées sur ses cartes bancaires et ses comptes d’épargne, ainsi que sur l’abonnement à son offre premium Do Black.

La finalité, qui laisse parfois circonspect, consiste à surveiller le comportement des utilisateurs et de sévir. Le concept répond ainsi à une étude de Nature, qui appelle au respect de quotas de carbone, quitte à relever scrupuleusement les émissions de dioxyde de carbone des populations par des compteurs intelligents et des applications mobiles de suivi. Un système de notation des habitudes personnelles, à l’instar du crédit social chinois, fondé sur l’urgence climatique, qui peut présager de dérives autoritaires.

Les autres calculateurs de bilan carbone du marché

Sur ce marché, Doconomy n’est pas le seul acteur vantant les outils de bilan carbone, rendus possibles par l’open banking. C’est le cas d’Ecolytiq, une Fintech localisée à Berlin qui vient de s’associer avec la plate-forme bancaire ouverte d’equensWorldline, filiale de Worldline, numéro un sur le marché européen dans le secteur des services de paiement et de transaction, et quatrième acteur mondial des paiements.

Les Fintech Greenly et Carbo proposent aussi un calculateur d’empreinte carbone sur les transactions réalisées, offre destinée non aux particuliers, mais aux entreprises. Ce positionnement est porteur, puisque les entreprises peuvent en faire un argument marketing pour leur image de marque, pour fidéliser leurs collaborateurs et pour remporter des appels d’offres.

Dans ce même registre, la banque en ligne Monabanq met en place sa solution Green by Monabanq. Le programme, gratuit et seulement accessible sur adhésion, donne une estimation de l’empreinte carbone de la clientèle de l’établissement. L’analyse des dépenses est automatique, à partir des relevés bancaires.

La solution Green by Monabanq

Le calcul s’appuie sur les données publiques de l’ADEME. Chaque transaction est catégorisée (alimentation, transport, loisirs, hébergement, restauration, etc.) et un score d’empreinte carbone est attribué à titre informatif. Les clients sont ici libres de modifier leurs comportements de consommation en fonction de cette donnée. Ils ne sont pas contraints par un seuil qui pourrait bloquer leur carte bancaire.

Pour profiter de ce service gratuit Green by Monabanq, l’utilisateur doit être titulaire d’un compte dans la banque en ligne. Il doit ensuite s’inscrire au programme, en répondant un mini-questionnaire de 30 secondes. Les retours permettent d’affiner et d’individualiser le calculateur d’empreinte carbone.

Le client continue d’utiliser sa carte bancaire et reçoit par email une estimation de son empreinte carbone, ainsi que des recommandations de l’ADEME pour améliorer son score. Une approche somme toute plus pédagogique qu’orthodoxe, plus autonome que punitive.



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