Vivid Money, le cashback et l'investissement comme stratégies de conquête

Vivid Money, le cashback et l'investissement comme stratégies de conquête

Lancée en 2019 par deux anciens de Tinkoff Bank, Alexander Emeshev et Artem Yamanov, Vivid Money a bouclé une levée de fonds de 60 millions d'euros, en avril 2021. La Fintech tente de se différencier avec le cashback et l'investissement sur un marché concurrentiel.
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 04 Janvier 2022

Vivid Money, le cashback et l

Vivid Money, prestataire pour Solarisbank AG

Vivid Money GmbH est un établissement collaborant avec la plateforme technologique Solarisbank AG, qui possède une licence bancaire allemande. Cette banque externalise la fourniture de services, pour que Vivid Money puisse mettre à disposition de ses clients une offre de compte bancaire et une carte de crédit.

Vivid Money propose aussi un service de réception et de transmission d’ordres, et d’exécutions d’ordres de bourse pour le compte de tiers, toujours en tant qu’agent de Solarisbank AG, mais aussi de CM-Equity. Cette prestation se fait dans le cadre de transactions, qui portent sur l’achat et la vente d’instruments financiers, indexés sur des devises.

Autrement dit, la Fintech n’est pas une banque. Elle bénéficie de la licence bancaire de SolarisBank, plateforme Banking-as-a-service (BaaS), pour commercialiser des produits spécifiques. Si l’offre est restreinte par son statut, Vivid Money s’applique à creuser deux verticales : la banque du quotidien, d’une part, avec un compte courant, le cashback ou le paiement multidevises, et l’investissement, d’autre part, avec la possibilité de faire des placements sur des actions, des ETF, des métaux précieux et des cryptomonnaies.

Une valorisation de 360 millions d’euros en quelques mois

En avril 2021, l’établissement enregistrait 100 000 utilisateurs, répartis dans les quatre grands pays européens : Allemagne, France, Espagne, Italie. La levée de fonds de 60 millions d’euros doit accompagner l’ouverture à d’autres marchés en Europe, dont la Belgique et le Portugal, et contribuer au renforcement des équipes. Le tour de table a été conduit par Greenoaks (qui a misé notamment sur Deliveroo ou Robinhood) et l’investisseur historique Ribbit Capital (qui, entre autres, a lancé une Fintech avec le géant Walmart en janvier 2021).

La valorisation de Vivid Money atteint déjà 360 millions d’euros, un niveau toutefois à des années-lumière de ses concurrents directs N26 (9 milliards de dollars depuis sa dernière levée de fonds de 777 millions d’euros en octobre 2021) et Revolut (33 milliards de dollars suite à son dernier tour de table estival de 800 millions d’euros).

En matière de revenus, Vivid Money s’appuie sur son offre premium de compte bancaire (9,90 euros par mois), des frais bancaires (retraits de cash), une commission sur le cashback et sur l’achat-vente de devises. Mais atteindre le seuil de rentabilité ne sera pas facile.

Une formule gratuite et un compte courant premium payant

Vivid Money ne révolutionne pas l’offre de compte courant et s’appuie sur ce qui fonctionne déjà chez ses concurrents. Le compte courant est associé à une carte de débit à autorisation systématique. Chaque paiement ou retrait passe par un contrôle du solde.

L’avantage est qu’il est impossible d’être en découvert bancaire et donc d’avoir à verser des taux d’intérêt débiteurs (agios). L’inconvénient est que si le solde est insuffisant, l’opération est rejetée. Attention, l’IBAN n’est pas français, mais allemand, et les cartes de débit Visa n’incluent pas la police d’assurance de l’opérateur.

La Fintech propose une formule Standard gratuite et une version Prime facturée 9,90 euros par mois. Le socle commun : pas de dépôt initial pour ouvrir son compte, pas de conditions de revenus, plafond de paiement à 1000 euros par mois, accès aux fonctionnalités de l’appli et paiement mobile (Google Pay et Apple Pay). Les paiements et les retraits sont sans frais en devises, à condition d’acheter soi-même les monnaies étrangères depuis l’application, et de les stocker dans un sous-compte « Voyage ».

Vivid Prime présente un plafond de retrait supérieur (1000 euros contre 200 euros par mois) et un système de cashback plus attractif (100 euros de cashback maximum par mois contre 20 euros pour Vivid Standard). Côté investissement, l’offre premium autorise des transactions illimitées dans une cinquantaine de crypto (Bitcoin, Ethereum, Dogecoin, Litecoin, etc.) sans commission (une seule opération pour la version gratuite, puis 0,1 % de commission). En bourse, des frais s’appliquent lors de l’achat d’une action ou d’un ETF nécessitant une conversion d’euros en dollars.

L’aimant cashback pour attirer les clients consommateurs

La Fintech se positionne clairement sur le cashback, un service répandu dans les pays anglo-saxons, mais que la France découvre à peine. Sur ce segment, les banques traditionnelles ont du retard, à l’exception de la Société Générale, LCL (CityStore) et le Crédit Agricole « Malicéa ». D’autres Fintechs sont même spécialisées sur ce créneau porteur, à l’image de Poulpeo, iGraal, Joko ou encore eBuyClub.

La banque en ligne Boursorama Banque décline le concept, et délivre des cartes cadeaux en guise de réductions. Outre-Atlantique, les Big Tech sont également présents. Les wallets Google Pay et Apple Pay incluent des offres de récompenses ciblées sur les enseignes préférées des utilisateurs, grâce à la collecte de données bancaires.

Le cashback est aussi proposé par les néobanques Revolut et N26, même si le dispositif n’est pas aussi développé que celui de Vivid Money. Avec Vivid Prime, les clients récupèrent 0,1 % de cashback pour toutes leurs opérations effectuées avec leur carte bancaire en France, quel que soit le commerce.

Évidemment, les marques partenaires sont mises en avant dans l’application mobile bancaire (restauration, mode, cosmétique, transport). Les clients peuvent déverrouiller jusqu’à 20 % de cashback s’ils font la promotion de services et de marques sur Instagram. Enfin, ils ont l’opportunité de procéder à la location d’une voiture ou d’une chambre d’hôtel directement depuis leur appli et décrocher du cashback.

Et la suite ? La Fintech désire enrichir son offre : IBAN français, paiement fractionné, compte pro pour indépendants. Vivid Money souhaite élargir ses investissements aux actions et ETF hors Europe et États-Unis. Quant à la distribution de solutions de crédits, la start-up n’y songe pas pour l’heure, même si son fournisseur de services bancaires, SolarisBank, le lui permettrait.

Reste à savoir si Vivid Money parviendra à se faire une place sur un marché de la banque mobile hautement concurrentiel, qui vient de voir arrêter un de ses acteurs historiques, ING France, ou assister à la faillite de la Fintech lilloise Swoon après trois ans d’existence.



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