Le bouclier sur les frais bancaires en 2023 : qu'est-ce qui est prévu ?

Le bouclier sur les frais bancaires en 2023 : qu'est-ce qui est prévu ?

Les banques se sont engagées à plafonner la hausse de leurs frais en 2023 à 2 %. Elles répondent ainsi au gouvernement les incitant à ne pas s'aligner sur les niveaux galopants de l'inflation. Mais chaque établissement bancaire reste maître de sa grille tarifaire.
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 26 Septembre 2022

frais bancaires 2023

Frais bancaires et pouvoir d’achat des Français

6,6 %, c’est le taux d’inflation mesuré par l’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) au mois d’août. Ce chiffre provient des projections économiques de la Banque de France dans une étude parue en septembre. Les économistes tablent sur une inflation moyenne à 5,8 % en 2022 et à 4,7 % en 2023. De quoi poser le contexte sur la baisse du pouvoir d’achat des Français à court terme. L’État cherche donc à amortir le choc à l’image de la mise en place du bouclier énergétique. Mais la tentative de limiter les prix s’étend à d’autres secteurs dont celui des banques.

Mis bout à bout, les frais bancaires ne sont pas anodins. D’après l’Observatoire des Tarifs Bancaires 2021 tenu par l’INSEE, ils représentent 0,45 % du budget des ménages pour un usage quotidien des services bancaires.

Grille tarifaire 2023 : hausse contenue et convenue à 2 %

L’enquête annuelle du comparateur Panorabanques chiffre à 219,90 euros les dépenses en manière de frais bancaires pour un Français en moyenne. Entre les mois de janvier 2021 et de janvier 2022, l’étude montre une augmentation de 1,5 %. Un score bien loin des niveaux de l’inflation actuelle. Sauf que les banques ont annoncé une progression supérieure à celle de ces deux dernières années.

Face à un tel sujet urticant, le gouvernement a invité les banques à modérer leur augmentation tarifaire. C’est ainsi que la négociation avec le ministre de l’Économie, Bruno Lemaire, a abouti à l’instauration d’un bouclier des frais bancaires : pas plus de 2 %. Sur le terrain, chaque établissement bancaire garde la main sur sa politique tarifaire. C’est ainsi que quatre grandes banques ont annoncé le gel de leurs tarifs sur l’année 2023 : La Banque Postale, BNP Paribas, le Crédit Coopératif et le LCL.

Des marges de manœuvre contrariées pour les banques

La remontée des taux obligataires et le relèvement du taux sur les dépôts bancaires (0 % à 0,75 %) par la Banque centrale européenne (BCE) octroient des marges de manœuvre aux banques. Toutefois, elles ne profitent pas vraiment de la remontée des taux sur leur production de crédits immobiliers. Pourquoi ? Parce que les taux sont fixes. Impossible donc de répercuter cette hausse sur les prêts déjà accordés. Ce n’est pas le cas de leurs homologues européens qui appliquent des prêts à taux variables.

L’augmentation réglementaire des taux des livrets d’épargne (2 % pour le Livret A, 4,6 % pour le livret d’épargne populaire) pèse aussi. Le groupe BPCE évalue à 700 millions d’euros le coût de la hausse du taux du Livret A cette année. La Banque Postale affirme également que l’impact amputerait forcément ses marges. Les établissements sont enfin confrontés à des coûts structurels plus élevés que dans les autres pays. En cause : l’entretien d’un vaste réseau d’agences bancaires de proximité et des effectifs qui vont avec. Les plans de mutualisation et de numérisation devraient permettre d’amoindrir ces coûts de fonctionnement.

Une baisse des tarifs sur l’offre spécifique clientèle fragile

Les associations de consommateurs ont longtemps pensé qu’un gel des tarifs bancaires en 2023 était envisageable. Elles estiment que les résultats records, enregistrés en 2021 et lors du premier semestre 2022, allaient en ce sens. Néanmoins, les banques s’engagent à baisser les tarifs sur l’offre dévolue aux clients en situation de fragilité bancaire. Le forfait mensuel passe de 3 euros à 1 euro. Là encore, chaque établissement avance à son rythme. La Société Générale et le Crédit Mutuel Alliance Fédérale ont par exemple déjà appliqué ce montant.

La Fédération Bancaire Française (FBF) rappelle que 700 000 clients ont profité de l’offre spécifique clientèle fragile (OCF). Pour rappel, cette offre délivre un socle de services bancaires de base en limitant le risque d’incidents bancaires par une stratégie de plafonnement.

Flou autour des frais d’incidents bancaires

De leur côté, les associations de consommateurs sont mécontentes jugeant prioritaire la généralisation des plafonds des incidents de paiements (CLCV) et inacceptable le fait de laisser les banques décider par elles-mêmes qui est éligible ou non à l’OCF (UFC-Que Choisir). D’après la Banque de France, près de 4,1 millions de personnes pourraient être qualifiées de fragiles financièrement (+8 % en 2021). Leurs frais bancaires s’élèvent à 118 euros par an en moyenne (10 euros par mois).

Pour l’UFC-Que Choisir, les banques continuent d’être gourmandes en matière de frais d’incidents bancaires malgré la concurrence. L’association chiffre à plus d’un milliard d’euros les économies que les consommateurs pourraient faire si les frais de rejet étaient limités à 8 euros. En attendant, surveillez si votre banque prend des mesures allant dans le sens du bouclier sur les frais bancaires.



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