Épargne : bilan de 2022 et perspectives pour 2023

Épargne : bilan de 2022 et perspectives pour 2023

L'année 2022 se caractérise par le retour d'une inflation élevée obligeant les banques centrales à relever leurs taux directeurs. La crainte d'une récession économique couplée à une géopolitique incertaine a fait chuter les indices boursiers. 2023 sera-t-elle encore plus compliquée pour les épargnants??
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Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 12 Janvier 2023

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Répartition du patrimoine financier des ménages français

La Banque de France indique que le patrimoine financier des ménages en France s’élève à 5 726 milliards d’euros à la fin du mois de juin dernier. À titre de comparaison, cette somme équivaut au double de la dette publique et au triple de la totalité de la capitalisation boursière des sociétés cotées au CAC40.

Cette véritable montagne d’argent a bondi de 54 % depuis 2010. Malgré un léger reflux depuis le quatrième trimestre record de 2021, la tendance est à l’épargne. Entre pandémie, inflation et crise géopolitique, le contexte incite à mettre de l’argent de côté, ce qui se traduit par une baisse de la consommation.

L’assurance vie toujours appréciée

La répartition de l’épargne des Français fait appel aux éternels produits bancaires que sont les contrats d’assurance vie et les livrets réglementés. Ainsi, 18 millions de particuliers détiennent une assurance vie. Toutefois, les performances des marchés financiers et la concurrence des taux revigorés des livrets d’épargne ont malmené ce produit phare.

Reste qu’après une décollecte en octobre 2022 de 300 millions d’euros, le mois de novembre affiche un joli rebond à hauteur de 1,4 milliard d’euros. La collecte nette est essentiellement soutenue par les placements sur les fonds en unités de compte (non garantis en capital) : +1,7 milliard d’euros contre -300 millions d’euros pour les fonds euros (à capital garanti).

L’inflation, le facteur structurel

L’année passée a surtout été marquée par l’inflation qui a dépassé les 9 % en zone euro et aux États-Unis. Celle-ci a été nourrie par la guerre en Ukraine dopant les prix des matières premières et énergétiques, avec un effet sur les prix à la consommation. Pour contrer cette vague, les banques centrales ont réagi en délaissant leurs politiques de taux zéro et de liquidités abondantes.

La Banque centrale européenne (BCE) a relevé une première fois son taux directeur de 50 points de base au mois de juillet. Elle a poursuivi cette stratégie avec deux hausses successives de 75 points de base à l’automne, avec de conclure l’année par un nouveau resserrement de sa politique monétaire de 50 points de base.

Les livrets réglementés retrouvent des couleurs

Le taux rémunérant les liquidités bancaires non distribuées en crédit atteint 2 %. Son pendant sur les opérations de refinancement à court terme se hisse à son plus haut depuis fin 2008 : 2,50 %. Ces évolutions ont un impact direct sur le taux des livrets réglementés crantés justement sur la moyenne entre le taux d’inflation moyen sur le dernier semestre et la moyenne des taux interbancaires.

Résultat : le taux du Livret A est passé de 0,5 % à 1 % en février 2022, puis à 2 % en août. Il devrait franchir le seuil de 3 % durant ce mois de janvier et se hisser à 3,30 %. Les rendements des livrets réglementés redeviennent donc attractifs par rapport aux taux servis par l’assurance vie dont les premiers résultats tombent actuellement : la banque privée Milleis présente une performance de son assurance vie en 2022 de 2,15 %, alors que la mutuelle Garance annonce 2,80 %.

Une thésaurisation presque caricaturale

Néanmoins, la revalorisation des taux du livret A fait bien son œuvre, avec une collecte nette entre janvier et novembre 2022 de près de 25,8 milliards d’euros. En additionnant l’encours du livret A et du livret de développement durable et solidaire (LDDS), le total entre novembre 2021 et novembre 2022 progresse de 6,8 % pour se fixer à 500,5 milliards d’euros !

Si ce chiffre est tout simplement énorme, il demeure inférieur à l’épargne endormie sur les comptes courants : 700 milliards d’euros à la fin du mois de juin selon la Banque de France. L’institution précise même que huit billets sur dix en circulation sont stockés… à la maison. Une aberration quand on sait que cet argent qui ne travaille pas subit de plein fouet l’inflation. Mais où mettre son épargne alors ?

Mauvaise année pour la bourse et les crypto actifs

Cette question récurrente n’a cessé de hanter les épargnants et les investisseurs en 2022. Si les plans d’épargne en actions (PEA) ont connu une embellie, les marchés boursiers ont pourtant sérieusement dévissé. Le CAC 40 a décroché de 9,5 % et le DAX 40 allemand 12 %. Aux États-Unis, l’indice Dow Jones a chuté de 9,16 % et le Nasdaq de 33,57 % ! Ainsi, de prestigieuses valeurs technologiques ont vu leur valeur être divisée par deux, à l’instar de Meta ou de Tesla.

Vers les crytpoactifs ? L’euphorie pour les cryptomonnaies auto-proclamées valeur refuge a fini par retomber. La valeur du Bitcoin est passée de 46 000 dollars au 1er janvier à 16 800 dollars au 31 décembre (-63 %). Les scandales n’ont pas aidé, avec, en octobre, la retentissante faillite de la plateforme FTX qui a fait suite au crash du stablecoin Terra (3e plus gros stablecoin) et de la plateforme de prêt Celsius.

La pierre-papier pour chercher des rendements

Réelle alternative pour les épargnants, la pierre-papier attire beaucoup, notamment du fait que les SCPI affichent des performances supérieures à l’inflation depuis des années. La capitalisation totale atteint 80 milliards d’euros, pour une collecte, en 2022, qui va franchir la barre des 10 milliards d’euros. Les particuliers investissent en SCPI en grande partie via les unités de compte détenues dans leur assurance vie multisupport.

Sur le marché immobilier, la vigilance sera de rigueur en 2023 suite à la hausse continue des taux directeurs qui va renchérir le coût du crédit. Face à une demande moins forte, le secteur devrait donc voir les prix des biens baisser, même s’il faut distinguer les secteurs géographiques et la catégorie des logements concernés. Point positif : certains emprunteurs vont bénéficier d’une marge de manœuvre financière plus importante avec la revalorisation du taux d’usure. Sur le premier trimestre 2023, il s’établit désormais à 3,57 % pour un emprunt sur 20 ans et plus et à 3,53 % pour un prêt contracté sur 10 à 20 ans.

Les incertitudes règnent pour 2023

Les perspectives en 2023 sont toujours liées à l’inflation. Les banques centrales doivent poursuivre la hausse de leur taux directeur, mais de manière moins rigoureuse. L’Insee chiffre à 7 % le taux d’inflation en France avec un possible recul à 5,5 % à partir de juin.

Par ailleurs, sa note de conjoncture parue en décembre évalue le taux de croissance en 2022 à + 2,5 %, avec une prévision de +0,4 % en juin. De son côté, la Banque mondiale a revu à la baisse ses prévisions de croissance pour 2023 : 1,7 % contre 3 % en juin dernier.

Devant cette poussée inflationniste, les taux des livrets réglementés devraient à nouveau augmenter. Le taux du Livret A doit dépasser le seuil des 3 %, tandis que le taux du Plan épargne logement (PEL) a d’ores et déjà doublé, de 1 % à 2 %. Reste que ce rendement ne vaut que pour les PEL ouverts en 2023.

Rendements à nouveau attractifs pour les fonds euros

En revanche, la hausse des taux est favorable à l’assurance vie du fait de la progression des taux d’emprunt d’État : l’OAT de la France a par exemple bondi de 0 % à 3 % sur un an. Or, le fonds euros de l’assurance vie est composée environ de 40 % d’obligations émises par des états d’après Good Value for Money, ce qui engendre une répercussion positive sur le rendement du fonds euros.

Le Revenu estime entre 2 % à 2,5 % les performances des meilleurs contrats en 2023. Et la mécanique est identique pour l’épargne retraite via le PER. Au 30 juin dernier, cette solution avait séduit 6 millions de personnes pour un encours de 70 milliards d’euros. La réforme des retraites en cours, avec le report de départ de l’âge légal de 62 ans à 64 ans, est un facteur de réflexion supplémentaire dans une stratégie patrimoniale de longs termes.

 

Pour aller plus loin

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