Epargne : les Français ne veulent pas de produits risqués
Publié le 2 mai dernier, le sondage réalisé par Odoxa pour Les Echos et LinXea sur la réforme de l’épargne-retraite et de l’assurance-vie est sans appel : les Français continuent d’afficher une aversion au risque. Les produits dynamiques et plus risqués constituent pour eux, non pas une opportunité pour augmenter le rendement de leur épargne (29 %) mais un risque de voir leurs économies s’évaporer (70 %). Nos compatriotes préféreraient placer leur économie sur un produit sûr même moins rentable (70 %). On retrouve donc logiquement l’assurance-vie en tête de leur préférence quand il s’agit de se constituer une épargne de précaution ou de préparer sa retraite. Rien d’étonnant dès lors à constater que la collecte nette de l’assurance-vie (1,5 milliard d’euros) soit restée dans le vert en mars.
Encours de l’assurance-vie : + 2 % sur un an
La Fédération française de l'assurance (FFA) note une hausse de l’encours de 2 % sur un an (1 681 milliards d'euros). Tout juste relève-t-on une collecte de l'assurance vie plus faible que celle enregistrée lors des mois de janvier et de février. Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’Epargne, rappelle que « la remontée de l’inflation et l’augmentation des tensions sociales incitent [les Français] à la prudence ». En outre, l’assurance-vie jouit d’une conjonction de facteurs : baisse moins faible que prévue des rendements des fonds en euro (1,8 %), tassement de la collecte des Plan d’Epargne Logement suite aux modifications de leur fiscalité, instauration de la flat tax et transfert de l’immobilier vers l’assurance-vie.
L’assurance-vie et le cas des fonds eurocroissance
Le gouvernement cherche pourtant à flécher l’épargne des Français vers le financement des entreprises et de l’activité économique. Sans grand bouleversement, la loi Pacte vise à relancer les fonds eurocroissance, ces produits qui comportent une garantie en capital, totale ou partielle, uniquement appliquée après une période de détention (huit ans). Lancés en 2014, les fonds eurocroissance n’ont pas connu le succès escompté, plombés par la méconnaissance tout simplement du produit. Selon le sondage Odoxa, 75 % des Français n’en ont jamais entendu parler, malgré un rendement intéressant (3,4 % en 2017). L’objectif du gouvernement est pourtant de passer de 2 à 20 milliards d’euros dans deux ans. Toutefois, deux écueils sont à franchir : convaincre les épargnants français et éviter que ce placement ne soit illiquide durant plusieurs années.