Les Français, plus consommateurs qu'épargnants ?

Les Français, plus consommateurs qu'épargnants ?

15,2 %, c'est le taux d'épargne du revenu brut en fin d'année 2017 des ménages en France. Parallèlement, la consommation au 4e trimestre de l'année dernière a bondi de 0,5 %. Assiste-t-on à une nouvelle tendance en France ? Explications.
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Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 22 Mai 2018

Les Français, plus consommateurs qu

Retour de la consommation en France : merci l’immobilier !

Les Français dépenseraient-ils plus depuis le tremblement de terre causé par la crise financière et économique de 2008 ? C’est ce que laissent penser les intentions des Français dont le solde d’opinion sur le sujet de l’opportunité d’épargner s’inscrit en dessous de sa moyenne depuis 3 ans désormais. Cette tendance n’a jamais été observée depuis plus de 25 ans dans l’hexagone. Sur cette même période de 3 ans, les Français se disent plus enclins à réaliser des achats importants. A cela s’ajoute le fait qu’ils jugent leur capacité d’épargne suffisamment solide pour consommer plus et épargner moins. Ce constat est également un tournant depuis la crise qui avait justement durement altéré leur capacité d’épargne.

En termes de chiffres, le revenu disponible brut des Français a gagné 12 %. Ce score est le fruit de la hausse de la consommation (+14 %) et du recul de l’épargne (- 2,1 %). Ce recul résulte à la fois de la chute vertigineuse de l’épargne financière (-27,2 %) et de l’envolée des investissements dans les placements immobiliers (+17,1 %). Ainsi, ce tableau doit être décrypté de la manière suivante : les Français ont retrouvé une capacité d’épargne qu’ils projettent dans l’immobilier. Or, les paiements des mensualités de remboursement de prêt n’entrent pas dans la catégorie de l’épargne mise en place par l’Insee. Le taux d’épargne est donc minoré, sachant qu’en plus l’immobilier peut être perçu comme une façon d’épargner en vue de sa retraite par exemple.

Les facteurs qui expliquent ce retour à la consommation

Pourquoi le secteur immobilier séduit-il autant les Français, au point qu’ils y mettent volontiers leur épargne ? Plusieurs facteurs se conjuguent pour abonder en ce sens. Tout d’abord, les Français sont attachés à l’immobilier, l’achat de son logement ou la constitution d’un patrimoine immobilier demeurent des objectifs idéalisés pour la plupart d’entre eux. Pour cela, ils bénéficient d’un contexte des taux d’emprunt particulièrement attractif. En 2017, les taux de crédit immobilier ont été les plus bas, incitant les emprunteurs à renégocier en masse leurs prêts souscrits quelques années auparavant. Malgré la lente remontée des taux obligataires en 2018, le crédit immobilier reste un produit intéressant pour les ménages, notamment vis-à-vis des voisins européens.

Un autre ingrédient pousse les Français à renouer avec la consommation : la reconstitution de leur épargne de précaution qui a été sévèrement entamée durant la crise économique. Ils ont passé un cap qui leur permet désormais d’envisager les projets longtemps retardés par cette diète qu’ils s’imposaient jusqu’alors. Enfin, un dernier facteur doit être intégré à cette réflexion : le gonflement des dépenses pré engagées. Ces sommes correspondent aux dépenses actuellement engagées dans un contrat tel que les assurances ou les remboursements d’emprunt, et qui sont compliquées à renégocier. Incompressibles, elles alimentent donc automatiquement la colonne des chiffres de la consommation.

Une opportunité pour les produits financiers…pas vraiment

Selon le rapport du groupe Allianz, publié en fin d’année dernière et intitulé « Rendements des actifs privés dans certains pays de la zone euro », les Français n’ont placé leur épargne sur des actifs financiers qu’à hauteur de 1,8 %. Entre 2003 et 2007, soit avant la crise, ce pourcentage s’élevait à 4 %. Avec le contexte des taux bas, les Français ont intégré le fait que placer leurs liquidités sur les livrets d'épargne classiques ne leur rapportait plus grand-chose. Ils en ont profité pour investir dans l’immobilier mais aussi pour « consommer, renouveler des biens d’équipement comme l’automobile ou faire des transferts intergénérationnels » comme le confie Ludovic Sabran, chez économiste adjoint d’Allianz.

En revanche, les produits financiers n’ont toujours pas la faveur des Français au grand dam du gouvernement actuel qui souhaiterait attirer leurs économies sur des supports plus risqués permettant de financer l’activité économique et le développement des entreprises. Pour l’analyste, « le peu d’appétit des Français pour la Bourse ne leur a pas permis de bénéficier de la récente hausse des marchés d’action. ». Le rendement moyen annuel de leur épargne est de 3,8 %, un résultat moyen par rapport aux épargnants européens.



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