0,50% : plancher historique pour le taux du Livret A !

0,50% : plancher historique pour le taux du Livret A !

Le Livret A bat des records d'encours alors que son taux d'intérêt est ramené de 0,75% à 0,50%, à partir du 1er février. Faut-il y voir un coup porté aux épargnants ou, au contraire, un choc salvateur pour les stratégies d'allocation de l'épargne ?

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 27 Janvier 2020

Record d’encours sur le Livret A et le LDDS

16,55 milliards d’euros, c’est la somme déposée par les Français en 2019 sur leur Livret A et leur Livret de développement durable et solidaire (LDDS), d’après les chiffres publiés par la Caisse des Dépôts (CDC). Rien que pour le livret A, ce montant atteint 12,64 milliards d’euros. Logiquement, le cumul d’encours des deux produits d’épargne se hisse à un sommet historique (410,9 milliards d’euros), même si le mois de décembre 2019 est marqué par une collecte négative du Livret A (-1,6 milliard d’euros).

C’est une tendance continue depuis 2009, année où la crise financière et économique a frappé. Sur cette décennie, les Français ont épargné 156,3 milliards d’euros (Livret A et LDDS), intérêts capitalisés compris, soit une hausse de 40%. La président du Cercle de l’épargne rappelle que « c’est considérable, mais il ne faut pas oublier qu’il n’y a pas si longtemps le livret était encore à plus de 2% ». Etait. Car, à compter du 1er février prochain, les rendements des deux livrets d'épargne baissent, passant de 0,75% à 0,50%.

Le financement du logement social moins onéreux

Malgré le risque de mécontentement encouru après avoir touché à un produit d’épargne très populaire, Bercy a choisi d’appliquer la nouvelle formule du calcul du taux du livret A. Celle-ci s’appuie notamment sur l’inflation et les taux interbancaires à court terme (EONIA). Pour éviter une baisse encore plus brutale (logiquement le taux du livret A aurait dû être de 0,23% !), un taux plancher de 0,5% a été instauré. Il faut dire que le contexte des taux bas pèse de tout son poids. Conséquence pour les 55 millions de titulaires d’un Livret A : un coût de douze euros par an.

Chose positive : cette évolution est bénéfique pour le financement du logement social dans l’hexagone. La Banque de France chiffre une économie de 317 millions d’euros par an, permettant de soutenir « la construction de 17 000 logements de plus ou la rénovation de 52 000 autres ». Autre bénéfice pour la CDC qui gère ce budget : les placements dans les actifs (90 milliards d’euros) gagnent en rentabilité puisque la ressource est moins couteuse.

Changer les mentalités face au risque

Liquidité et sécurité du capital, rendement défiscalisé : autant d’arguments qu’apprécient les Français pétris par leur sacro-sainte aversion au risque. Et peu importe que le rendement réel des livrets défiscalisés soit négatif au regard de l’inflation. Mais l’exécutif cherche toujours à déplacer cette masse d’épargne vers le financement de l’activité économique via notamment la promotion des fonds eurocroissance de l’assurance vie. Un véritable défi à cette volonté de mener une politique de diversification des placements.

Justement, cette baisse du taux du livret A ne pourrait-elle pas servir à une prise de conscience des Français, les obligeant à réviser leur stratégie d’allocation de l’épargne ? Cette annonce doit permettre de revoir la logique de rendement et son corolaire la logique de risque. Or, sur le long terme, les marchés boursiers demeurent attrayants. Sur cette même dernière décennie, la rentabilité des actions cotées a bondi de 8%. Les actions non cotées ont grimpé en moyenne de 5,5%, et les emprunts d’Etat de 4,3%.

Quant le Livret A pleure, le PEL retrouve le sourire

Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, c’est le Plan d’Epargne Logement (PEL) et son taux de rendement de 1% (hors prélèvements sociaux et fiscalité) qui retrouve des couleurs. En ramenant la rémunération des PEL ouverts depuis 2016 à 1%, les banques n’avaient pourtant pas été mécontentes de voir se tarir la collecte nette. Interrogé par Les Echos, Cyril Blesson, associé au cabinet PAIR conseil, spécialisé dans les tendances de l'épargne, décrypte : « En 2019, les épargnants ont retiré en net (dépôts moins retraits) un milliard d'euros de leurs PEL. »

Une situation qui pourrait s'inverser en 2020 avec « une collecte nette positive de deux milliards d’euros, et une hausse totale des encours de 8,5 milliards d’euros ». C’est un problème pour les banques qui doivent déjà rémunérer le stock de PEL à hauteur de 7 milliards d’euros par an (rendement moyen de 2,65%). Sont exposés le Crédit Agricole (40% du marché) et, dans une moindre mesure, BNP Paribas et la Société Générale. La position semble moins périlleuse pour le groupe BPCE et la Banque Postale.

Avec un taux d'épargne de 15% en 2019, les Français sont les champions de l'épargne en Europe (avec la vieillissante Allemagne). Une épargne de précaution constituée pour faire face aux éventuels accidents de la vie, alors même qu'ils profitent d'un système de protection sociale parmi les plus sécurisants...