Banque en ligne : handicap et accessibilité.

Banque en ligne : handicap et accessibilité.

Avoir sa banque de chez soi sur internet est un réel atout pour les personnes atteintes d'un handicap moteur. Mais les sites sont-ils à la portée de tous ?
Banques en ligne

Rédigé par Elsa Rédacréa

le 20 Décembre 2011

Peut (bien) mieux faire. C'est le constat qu'on pourrait dresser au sujet de l'accessibilité des sites bancaires aux personnes en situation de handicap, et particulièrement aux déficients visuels.
Si l'accès en ligne aux services publics, administrations, institutions a grandement facilité la vie de tous les citoyens, il reste du chemin à parcourir pour rendre simple dans tous les cas une interface d'abord conçue pour les personnes ne souffrant d'aucune limitation fonctionnelle. Et pourtant… Le lien du web a littéralement changé la vie de milliers de personnes à mobilité réduite, rendu plus facile le quotidien de sourds et malentendants, permis plus d'autonomie à tous ceux dont un handicap limite l'accès complet et immédiat à toutes l'information visuelle ou sonore délivrée par un site.

Des outils spécifiques

Les personnes déficientes visuelles, par exemple, disposent d'outils spécialisés pour accéder aux contenus web : citons le lecteur d'écran JAWS, qui permet de convertir le texte en voix, et la conversion des contenus sur un afficheur braille. A condition que le site consulté soit compatible… Les personnes qui ne peuvent atteindre facilement l'information visuelle ont aussi la possibilité de s'en remettre aux fonctionnalités d'accessibilité propres aux systèmes d'exploitation et aux navigateurs — contenu alternatif vocal des images, agrandissement du texte… Le paramétrage des sites est le minimum consenti par les web-banquiers pour permettre l'utilisation des outils spécialisés. En pratique, les banques en ligne restent singulièrement discrètes sur les outils mis en place de leur propre initiative pour faciliter l'usage de leur interface. Aucun des principaux établissements ne met en avant, dès la page d'accueil, d'information sur les modes d'accessibilité, la politique d'accès du site aux personnes déficientes visuelles ou auditives. Un paradoxe, pour des sociétés de services s'affichant plus accessibles à tous et censées faciliter la vie en supprimant les contraintes de déplacement, d'intermédiaire… Certes, la plupart des opérations bancaires courantes sont aujourd'hui réalisables en ligne. L'accès à l'information est une chose, mais encore bien différente des services bancaires spécifiques, étrangement discrets dans l'offre de produits pourtant étoffée affichée par les établissements. Que faire quand, par exemple, on ne peut pas se déplacer facilement ? A noter peut-être, le service Cash@Dom de livraison à domicile — payant — des espèces, devises ou euros, notamment proposé par l'un des premiers banquiers en ligne français…

Des normes respectées a minima

L'émergence et l'exponentiel développement des nouvelles technologies de l'information ont quand même poussé à l'action les têtes pensantes du web. Elaborées par le W3C, Wide Web Consortium, dès la fin des années quatre-vingt-dix, une série de directives définit les règles d'accessibilité au web des personnes déficientes visuelles et auditives, à mobilité réduite, et plus généralement tous les personnes présentant une limitation fonctionnelle. Il s'agit d'ailleurs de recommandations, puisqu'aucune sanction ne s'applique en cas d'« oubli » manifeste de l'éditeur du site. Les Web Content Accessibility Guidelines (WCAG) préconisent par exemple des alternatives textuelles aux contenus non textuels, un maximum de contenu convertible pour lecteur audio sans perte d'information, l'accessibilité maximale par le clavier, des styles simples et facilement identifiables, la réversibilité des actions (tout le monde a le droit de se tromper en cliquant)… et la nécessaire anticipation des technologies nouvelles permettant une meilleure interactivité (reconnaissance de mouvement, commande vocale, écran tactile…).
Banquiers ou non, les sites se mettent très lentement à la page, à l'heure où aucune législation ne contraint les éditeurs à s'engager pour l'accessibilité à internet des personnes déficientes sensorielles — pourtant érigé en droit universel par la convention relative aux personnes handicapées promulguée par l'ONU. Une très large minorité de sites sont aujourd'hui en conformité avec les exigences de niveau A des WCAG. Un long travail de lobbying reste à mener…



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