Peut-on se passer des banques ?

Peut-on se passer des banques ?

Vivre sans banque est presque impossible, mais il reste des solutions alternatives pour pouvoir garder et utiliser son argent… dans un climat plus confiant
Banques en ligne

Rédigé par Elsa Rédacréa

le 12 Novembre 2013

Si la question peut être récurrente, elle se pose certainement de façon plus fréquente depuis les soubresauts de la sphère financière et les différents événements que le monde bancaire a connus dans des Etats pas si éloignés de nous. Les raisons qui nous poussent parfois à nous interroger sur la « vraie utilité » de la banque sont multiples : qu’adviendrait-il si les banques perdaient tout notre argent, une garantie se mettait-il vraiment en place pour tous les déposants ? Pourquoi la banque me coûte si cher, alors que les liquidités que j’ai placées chez elles travaillent ? Que gagne-t-on à déposer chez un tiers de l’argent, si on ne peut pas vraiment en disposer en totalité et librement comme bon nous semble ?… Bref, les clauses de conscience sont très variées, à commencer par la défiance que certains peuvent ressentir envers un système « bâti sur le pouvoir des banques », comme le dénonçait il y a trois ans Eric Cantona, appelant les particuliers à un « bankrun » généralisé.
En pratique, pourtant, vouloir se débarrasser des services d’une banque, quelle qu’elle soit, est loin d’être simple. Voire rapidement impossible, selon la situation sociale dans laquelle on se trouve. A commencer par le versement des prestations sociales, allocations chômage, pensions de retraite en tête, qui ne peut être effectué que par le biais de virement, et non en espèces. Le versement du salaire pose lui aussi un problème : légalement, l’employeur ne peut octroyer en argent liquide plus de 1 500 euros. Si un certain nombre de personnes peuvent encore échapper au couperet de ces obligations, reste le paiement des divers abonnements (énergie, communications), pratiquement impossible en numéraire. Régler son loyer en cash reste une mission délicate. Enfin, effectuer de gros achats finira par poser problème, puisque le paiement en liquide n’est pas théoriquement permis au-dessus de 3 000 euros, sauf à avoir des relations de confiance parfaite avec le commerçant.

Choisir plutôt que bannir ?

Devant autant d’écueils probables, décider de rompre avec sa banque n’est presque pas envisageable. Mais s’il s’agit d’une rupture pour de considérations éthiques, alors cela peut éventuellement s’arranger : toutes les banques ne se valent pas sur le plan de l’utilisation « spéculative » d’une partie de l’argent des déposants. Transparence des activités, frais évalués à leur juste valeur, placements en accord avec des considérations humaines et environnementales, accueil des personnes au compte peu rempli… opter pour une banque coopérative est un moyen de donner un autre sens à son argent. Le compte Nickel, qui pourra être choisi en bureau de tabac avec un minimum de formalités, est une autre solution qui s’ouvre aux réfractaires et aux « refusés » de la banque traditionnelle. Mais, malgré la promesse de liberté, la formule pourra coûter aussi chère voire plus qu’un compte bancaire classique… et les découverts seront impossibles. Quand au financement participatif, il permet d’emprunter hors du circuit bancaire et d'éviter les taux prohibitifs des établissements de crédit.
Mais le monde bancaire est toujours en embuscade derrière ces solutions « moindre mal », alternatives, qui restent réellement envisageables pour le mutin hostile au commerce, manié par d’autres, de son propre argent.



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