Baisse des taux : des conséquences inattendues

Baisse des taux : des conséquences inattendues

La baisse des taux du crédit immobilier depuis dix-huit mois ne joue pas toujours faveur des emprunteurs
Banques en ligne

Rédigé par Elsa Rédacréa

le 09 Juin 2015

Depuis un an et demi maintenant, les taux moyens du crédit immobilier ne cessent de décroître, volant de record en record. Une situation à peine modifiée par l’amorce de hausse débutée le mois dernier, en raison des tensions réapparues sur le marché des taux obligataires, en subite hausse depuis avril. Pour autant, une progression sensible du coût du crédit d’ici à la fin de l’année n’est envisagée par aucun professionnel : plusieurs facteurs, comme une inflation très basse, un contexte économique toujours fragile et le rachat d’un volume d’actifs important par la BCE, facilitant l’accès aux liquidités par les banques, plaident en faveur d’une hausse très contenue des taux ces prochains mois. Le crédit immobilier devrait donc être très accessible pendant un certain temps, d’autant plus que les banques ont tout intérêt à attirer à elles les emprunteurs, qui contribuent à la bonne santé de leurs marges.

Des conséquences directes

Conséquence directe du crédit bon marché, l’afflux des dossiers, et plus particulièrement ceux concernant les renégociations de crédit. Si, aujourd’hui, un emprunt sur vingt peut être négocié à 2,30 %, les emprunteurs pouvaient espérer 4,30 % pour la même durée il y a seulement un an et demi : de quoi avoir envie de faire revoir à la baisse les échéances mensuelles. L’afflux des demandes auquel sont confrontées les banques est aujourd’hui tels que les délais de traitement des dossiers se sont considérablement allongés. Il n’est plus rare de devoir attendre plusieurs semaines, parfois jusqu’à deux mois pour obtenir une réponse, alors que quelques jours pouvaient auparavant suffire à un conseiller pour donner une suite positive ou négative à une demande de renégociation de crédit. Et les banques sont loin de systématiser leur accord à un rabais sur le coût accordé quelques années plus tôt : une fois atteints les objectifs sur le crédit immobilier bien avant le terme habituel, le banquier ne peut se risquer à accepter des dossiers moins solides, et la sélection est mécaniquement plus sévère.
Autre conséquence plus inattendue de la baisse des taux ces derniers mois, l’accès beaucoup plus compliqué au Plan d’épargne logement et à la prime d’Etat qui lui est liée en cas d’emprunt. Une embûche qui a pour origine le taux de l’usure des crédits immobilier à taux fixe, qui a évidemment baissé en même temps que chutait le coût de l’emprunt. Fixé par la Banque de France à 4,49 % au deuxième trimestre 2015, ce taux est désormais plus bas que celui de l’emprunt lié au PEL : le plan d’épargne-logement devient non seulement moins intéressant que jamais pour les emprunteurs mais également usuraire, ce qui en bloque l’accès et condamne la perception de la prime d’Etat. La récompense n’est certes pas énorme, puisqu’elle s’élève à 1 525 euros au maximum… La situation est donc pour le moment bloquée pour les emprunteurs qui comptaient sur la prime, tant que les taux sont au plus bas. Et, pour le moment, très peu de vents contraires en perspective : début juin, les taux moyens s’élèvent à 2,85 % pour un emprunt immobilier sur quinze ans, contre 2,90 % en mai…



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