Les « fintechs » encore peu utilisées par les Français 

Les « fintechs » encore peu utilisées par les Français 

Les services offerts par les nouvelles technologies dans le domaine de la finance restent peu connus du grand public et ne sont exploités que par une portion très limitée des épargnants.
Banques en ligne

Rédigé par Stéphane LORMEAU

le 28 Avril 2016

Le marché des « fintech » est en plein boom en France. Ces start-up de la finance, qui développent de nouveaux services pour s'assurer, gérer et investir son épargne, se multiplient ces dernières années dans l'Hexagone. Mais trouvent-elles pour autant leur public ? Une étude du cabinet Deloitte et de l’Institut Harris Interactive, publiée le 24 mars 2016 et réalisée en partenariat avec l’association France Fintech, apporte des éléments de réponse.

L’enquête s’appuie sur une liste de dix services. Parmi eux, tous ne bénéficient pas de la même notoriété. Si 38% des 2.000 personnes interrogées âgées de 18 à 70 ans connaissent le « crowdfunding » (financement participatif) et l’assurance habitation connectée, seuls 17% d'entre eux savent à quoi correspond l’assurance P2P, qui permet la mise en place d’un pot commun entre particuliers pour piocher dedans en cas de sinistre. En moyenne, à peine un sondé sur quatre est familiarisé avec ces services financiers innovants.

L’agrégation de comptes entre dans les mœurs

Connaître tel ou tel service ne signifie pas y avoir recours. Les statistiques chutent concernant l’usage des innovations financières. La plus utilisée est l’agrégation de comptes, qui offre la possibilité de rassembler ses données issues de plusieurs comptes bancaires sur une même interface logicielle. Reste que seulement 9% des Français s’en servent.

Viennent ensuite la planification financière et le crowdfunding (6%). Puis, les assurances auto et habitation connectées et le conseil automatisé en investissement (5%). Les dispositifs de formation à la finance (3%), les transferts d’argent via les réseaux sociaux (3%) et l’assurance P2P (2%) affichent les taux d’utilisation les plus bas.

Les « digitaux » et les « patrimoniaux » les plus intéressés

L’étude évalue également l’intérêt que portent les Français à ces différents services, pour se faire une idée de leur « vrai potentiel de développement ». Quatre répondants sur dix se disent « très intéressés » ou « plutôt intéressés » par les assurances auto et habitation connectées, par l’agrégation des comptes, par la planification financière et par le conseil automatisé en investissement. A l’opposé, moins de deux personnes sur dix jugent intéressant le transfert d’argent via les réseaux sociaux.

D’une manière générale, les clients « digitaux », qui privilégient Internet dans leurs relations bancaires, manifestent plus d’intérêt pour ces services dont ils ont une plus grande connaissance. L’étude dresse le même constat pour les Français « patrimoniaux », disposant d’actifs financiers de plus de 25.000 euros. Ils constituent « une cible plus avertie et intéressée que la moyenne nationale », selon l’étude. Pas surprenant que le client type des fintech soit un jeune cadre appartenant aux CSP+, âgé de 25 à 34 ans...

Les acteurs traditionnels placent leurs billes

Si les services financiers innovants sont encore peu connus et faiblement utilisés, ils représentent un nouveau marché dont les acteurs traditionnels du secteur comptent bien profiter. L’étude souligne « le positionnement croissant » des banques dans les fintech. Un moyen de participer à ces innovations plutôt que de subir une nouvelle concurrence.

Des partenariats sont ainsi noués, comme celui de La Banque Postale avec la plateforme de financement participatif KissKissBankBank. D’autres établissements bancaires prennent des parts dans les fintech déjà existantes, à l’image du Crédit Agricole, entré via sa filiale Amundi au capital d’Anatec, spécialisé dans la gestion de l’épargne en ligne. Et cela peut aller jusqu’à prendre le contrôle de jeunes pousses. BPCE a, par exemple, fait l’acquisition du site LePotCommun.fr. Enfin, des incubateurs sont parfois mis en place pour accompagner le démarrage de start-up, quand les banques n’optent pas directement pour des innovations en interne.



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