Lendix : départ en flèche pour le crowdlender français

Lendix : départ en flèche pour le crowdlender français

Depuis son premier prêt en avril 2015, la plateforme a accordé près de 20 millions d'euros de crédit. Interview d'Olivier Goy, son fondateur et actuel directeur général.
Banques en ligne

Rédigé par Elsa Rédacréa

le 26 Avril 2016

Banques-en-Ligne. fr (BeL) : Une année aura suffi à Lendix pour s'imposer sur le marché du prêt participatif : combien de projets ont-ils été financés à ce jour ?

Olivier Goy (OG) : Aujourd’hui, ce sont 85 projets qui ont pu se financer grâce à Lendix, pour un montant total de 19 millions d’euros.

BeL : Quelles sont les entreprises qui font appel à vous et comment sont-elles sélectionnées ?

OG : Des PME de tout secteur et de toute taille font appel à Lendix, allant de la TPE de trois salariés à l’ETI de 1 800 employés. Des entreprises de renommée mondiale telle que 5àsec, leader du pressing, ou Saint Jean Industries, équipementier automobile international ont également choisi de se financer via Lendix.
Au niveau des critères de sélection, nous avons quelques critères de base tels que l’ancienneté de la société (supérieur à trois ans) et le chiffre d’affaires (supérieur à 400 000 euros), mais notre critère principal est finalement très simple : la société a-t-elle la capacité de rembourser l’emprunt qu’elle souhaite effectuer sur Lendix ? Pour chaque société, nous faisons une analyse détaillée de ses capacités de remboursement en regardant son historique, son marché et son management. C’est une analyse de risque que les banques ne font malheureusement plus dans la plupart des cas, préférant analyser les garanties et cautions que la société peut donner en gage plutôt que sa réelle capacité financière à payer ses échéances.

BeL : Qui sont les investisseurs ? Quels avantages ont-ils à prêter via Lendix ?

OG : Nous avons trois type d’investisseurs chez Lendix : les particuliers comme vous et moi qui peuvent choisir d’investir sur les projets de leur choix, des family office et des investisseurs institutionnels qui sont fédérés à travers un fonds et qui prêtent à l’ensemble des projets présentés sur la plateforme.
Ce modèle d’investisseurs mixtes, qui est celui qui prévaut désormais dans des pays anglo-saxons plus avancés en terme de crowdlending, nous permet de financer des prêts de 500 000 euros ou 1 million d’euros et de garantir le financement des projets une fois mis en ligne sur la plateforme. Tous ces investisseurs recherchent un rendement attractif, compris entre 4 et 9 % en brut, dans un environnement de faible performance des nombreux produits financiers existants. La motivation des investisseurs réside également dans la possibilité de financer l’économie réelle, directement et en toute transparence.

BeL : Dans quelle mesure les plateformes de prêt participatif se posent-elles en concurrentes des banques ?

OG : Par l’essence même de son offre de crédit aux PME, Lendix est un concurrent des banques traditionnelles et c’est justement cette concurrence que la loi sur le financement participatif d’octobre 2014 a voulu créer en faisant sauter le monopole bancaire qui préexistait.
Dans la pratique, nous constatons que l’offre de crowdlending est beaucoup plus complémentaire que simplement concurrente de celle des banques. Nous intervenons dans des cas de figure où les banques ne peuvent pas répondre aux besoins des PME, que ce soit au niveau de la rapidité du besoin, de l’absence de demande de garantie, ou du type de projets financés. A titre d’exemple, les banques ont du mal à servir les besoins de financement d’immatériels (travaux de rénovation, développement de site internet…), des projets qui trouvent une nouvelle opportunité de financement grâce au crowdlending.

BeL : Comment vous positionnez-vous face à vos concurrents directs "crowdlenders" ?

OG : Lendix présente plusieurs spécificités par rapport aux autres acteurs du secteur en France. Du côté des PME emprunteuses sur Lendix, ces spécificités ont pour objectif de lever toute incertitude pour les entrepreneurs. Aussi chez Lendix, pas de système d’enchères pour définir le taux d’intérêt du crédit, ce taux et toutes les autres conditions sont connues à l’avance par le dirigeant avant même que le projet soit mis en ligne sur la plateforme. De plus, grâce à la diversité de nos catégories d’investisseurs, nous pouvons garantir le financement du projet, contrairement aux autres plateformes où le dirigeant ne sait pas s’il va, in fine, trouver assez d’investisseurs pour financer l’ensemble de son prêt.
Côté « prêteurs », Lendix présente également une particularité importante. Afin d’assurer un alignement d’intérêts parfait entre les investisseurs et la plateforme, les dirigeants de Lendix investissent à titre personnel et systématiquement dans tous les projets mis en ligne. Cela ne garantit pas que nous n’aurons pas de défauts, il y en aura forcément, mais nous partageons avec les prêteurs les mêmes intérêts au niveau des gains et des risques.

BeL : Quelle portée auront, pour votre activité, les évolutions annoncées en faveur de votre secteur par le ministre de l'Economie lors des dernières assises du financement participatif ?

OG : Les évolutions annoncées lors des assises du financement participatif vont indéniablement dans le bon sens. Il y a un soutien réel des autorités pour favoriser ce nouveau type de financement et sans leurs actions pour mettre fin au monopole bancaire, ce marché n’existerait pas en France. De notre point de vue, l’augmentation du seuil de prêt par projet pour les particuliers de 1 000 euros à 2 000 euros est intéressante, mais ne va pas changer fondamentalement la dynamique du marché. La moyenne des prêts est de l’ordre de 210 euros, aussi peu de personnes seront touchées par cette mesure.
L’une des mesures qui pourrait vraiment booster le développement du crowdlending en France, serait d’y appliquer une fiscalité comparable à celle du PEA ou de l’Assurance-Vie. C’est la direction prise par exemple au Royaume-Uni avec le lancement d’un contrat dédié « ISA ». Certaines études suggèrent que plus de 400 000 britanniques vont opter pour le crowdlending grâce à cette mesure, une vrai manne nouvelle de financement pour les PME anglaise.

BeL. Quelles évolutions, quels projets pour Lendix dans les mois à venir ?

OG : Nous avons deux ambitions clés pour cette année. La première est de continuer notre développement en France et asseoir encore plus notre place actuelle de leader sur le marché français. La seconde réside dans notre développement international avec l’expansion de nos activités en Espagne d’abord puis en Italie.



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