Frais bancaires : va-t-on payer pour déposer son argent ?

Frais bancaires : va-t-on payer pour déposer son argent ?

Pour compenser la chute des taux d'intérêt, certains banques européennes n'hésitent pas à taxer les dépôts effectués par leurs clients.
Banques en ligne

Rédigé par Stéphane LORMEAU

le 15 Septembre 2016

La Raiffeisenbank a récemment défrayé la chronique. L’établissement coopératif de la petite ville de Gmund, en Bavière, a décidé de prélever une commission de 0,4% sur les dépôts à vue de ses clients particuliers. Tous ne sont néanmoins pas concernés. La mesure ne doit s’appliquer qu’aux épargnants possédant des avoirs supérieurs à 100.000 euros. Reste qu’il s’agit d’une première en Europe. Jamais aucune banque n’avait encore osé une telle taxation. Au total, 140 clients de l’établissement allemand seront concernés à partir du mois de septembre.

Une répercussion des taux de la BCE

Si la Raiffeisenbank a fait ce choix, c’est afin de compenser le taux de dépôt négatif de la Banque centrale européenne (BCE). Les sommes que les banques de la zone euro déposent à ses guichets font effectivement l’objet d’un prélèvement au lieu de procurer une rémunération. Cette politique de la BCE vise à inciter les établissements financiers à accorder des crédits aux entreprises et aux particuliers, plutôt que de placer leurs fonds tels des rentiers. L’institution espère ainsi parvenir à relancer l’activité sur le Vieux Continent. Sauf qu’aujourd’hui, elle a tellement diminué ses intérêts sur les dépôts que les taux sont devenus négatifs. Ils sont tombés de – 0,3% à – 0,4% en mars 2016.

La Raiffeisenbank a donc répercuté à l’identique ce prélèvement via une commission de 0,4% sur les dépôts. Si aucun établissement n’avait encore osé s’en prendre au portefeuille des ménages d’une manière aussi frontale, certaines banques avaient déjà annoncé une mesure comparable concernant les sommes déposées par leurs clients institutionnels ou leurs clients entreprises. Le groupe tricolore BPCE a ainsi décidé d’instaurer une commission au printemps dernier, lorsque que « la taille de la trésorerie est significative». La Royal Bank of Scotland a également indiqué qu’elle taxerait les dépôts des associations et des commerçants indépendants si la Banque d’Angleterre optait à son tour pour des taux négatifs.

Taxer sur les dépôts : une stratégie risquée

Les établissements qui se risquent à une taxation des dépôts jouent à un jeu dangereux. Concernant la Raiffeisenbank, des clients auraient commencé à placer leur argent ailleurs. Deux millions d’euros ont été retirés de ses coffres depuis l’annonce de la mise en place d’une commission. Le risque principal consiste en un « bank to run », à savoir une fuite massive des épargnants qui ne confieraient plus leurs économies aux banques, ce qui pourraient mettre en péril ces dernières.

C’est pourquoi la plupart des établissements ont pour le moment préféré recourir à d’autres méthodes pour compenser les taux négatifs de la BCE, en instaurant par exemple des frais de tenue de compte ou en taxant certains retraits aux distributeurs. Une manière plus discrète de maintenir leur marge.



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