Désaccord Morning - Maif : coup dur pour la néo-banque

Désaccord Morning - Maif : coup dur pour la néo-banque

La néo-banque Morning rencontre actuellement des difficultés financières et est en désaccord avec la Maif, son actionnaire de référence. L'ACPR, le régulateur de la banque et de l'assurance, lui reproche d'avoir utilisé les fonds de ses clients pour financer une nouvelle activité.
Banques en ligne

Rédigé par Nathalie Jouet

le 13 Décembre 2016

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C’est un vrai coup dur pour la banque en ligne Morning. En effet, alors qu’elle relançait son service sous l’angle « open-banking », la Fintech installée proche de Toulouse vient de recevoir plusieurs coups de massue. Une série de mesures conservatoires a été prise à la demande de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) qui ont abouti à une suspension de service de Morning, à des difficultés financières mais également une mésentente avec la Maif qu’elle qualifie « d’investisseur fantôme ».

La néo-banque Morning interrompt son service

Née à Toulouse en 2013 sous le nom de Payname, Morning avait exposé ses nouvelles ambitionsen juin dernier. Suite au développement d’un système de cagnotte en ligne gratuite, elle envisage de créer un projet ambitieux sans l’appui des banques : le lancement d’une MasterCard destinée à simplifier la gestion financière quotidienne.
C’est à cet instant que la situation de la néo-banque a commencé à se détériorer. L’ACPR a constaté une insuffisance de fonds sur son compte de cantonnement. Morning n’a donc pas respecté son obligation imposée par le Code monétaire et financier. En effet, en tant qu’intermédiaire de services financiers, la banque en ligne n’est pas autorisée à détenir en son nom propre les dépôts effectués par les clients. Toutes ces sommes sont rassemblées auprès d’un établissement de crédit.

Or, l’ACPR reproche à Morning d’avoir prélevé plus de 500 000 euros sur son compte de cantonnement en septembre dernier. Cette somme a été reversée à un autre organisme pour le lancement de sa nouvelle activité à savoir le lancement d’une nouvelle MasterCard. Le régulateur souligne que la banque n’a pas été en mesure de réintégrer cette somme dans le compte de cantonnement avant le 1er décembre. L’ACPR précise dans sa décision, après avoir été informée par le commissaire aux comptes de Morning, que la trésorerie de la société était devenue négative à partir du 17 novembre. Son risque de défaillance est relativement important et pourrait conduire à une cessation des paiements, voire même à une liquidation judiciaire.

La banque en ligne Morning pointe du doigt la Maif

En septembre 2015, la Maif avait injecté près de 5 millions d’euros par l’intermédiaire de son fonds d’investissement. Elle détient 40 % du capital de la PME toulousaine et se dit prête à soutenir Morning dans les difficultés financières qu’elle rencontre. Cependant, la Fintech startup soupçonne l’assureur mutualiste de favoriser son propre projet de néo-banque, Nestor, en interne. Une assemblée générale devrait se réunir dans les prochains jours pour tenter de remédier à cette situation. Les prochaines semaines seront déterminantes pour les 50 employés et le projet de Morning . Eric Charpentier, le fondateur de la banque en ligne Morning explique cette situation par une dégradation des relations avec la Maif qui selon lui, "ne soutient pas son projet d’introduction en bourse prévue pour 2017". En effet, la Maif souhaite que Morning ouvre son capital à une banque traditionnelle, une action qui irait "à l’encontre de l’indépendance de la néo-banque", selon son fondateur. Cette mésentente empêcherait également l’arrivée de nouveaux actionnaires.

En attendant, il n’est pas certain que les clients revoient leur argent. Effectivement, en tant qu’intermédiaire de services financiers, la Fintech n’offre pas les mêmes garanties que les banques classiques. Sur son blog, la néo-banque Morning explique que les services de cagnotte et de paiement restent pour l’heure indisponibles. Eric Charpentier précise cependant qu’il est en contact avec l’ACPR afin de lui apporter toutes les garanties nécessaires. Il espère ainsi une levée rapide de ces mesures, qui ne sont actuellement que conservatoires.
Avec sa détermination et son courage, la banque en ligne Morning est bien décidée à mener son projet à terme et permettre ainsi l’émergence d’un New Deal Bancaire en France.



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