Les banques traditionnelles sont-elles agiles ?

Les banques traditionnelles sont-elles agiles ?

Dans un secteur en plein bouleversement et en pleine transition digitale, les banques traditionnelles ont les moyens de rivaliser avec leurs homologues 100% web et les nouveaux acteurs entrants de la FinTech. Mais comment procèdent-elles ?
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 29 Aout 2017

banques traditionnelles agiles

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Les banques misent sur la constitution d’écosystème

Après avoir ignoré puis méprisé les jeunes pousses innovantes du secteur de la technologie financière, les banques traditionnelles ont fini par ouvrir les yeux. Car le modèle disruptif apporté par les Fintech, allié aux évolutions réglementaires et à la réduction des marges de manœuvre en matière de revenus, les incite à réagir sous peine de voir "l’ubérisation" du secteur bancaire faire vaciller leur position de rente. Du rachat (BNP Paribas avec Compte Nickel) à la prise de participation (Crédit Mutuel Arkéa et Crédit Agricole dans Linxo) en passant par le partenariat (BPCE et Natixis avec PayinTech), toutes les formules sont bonnes pour ne pas rater l’éclosion d’une éventuelle future licorne. Afin de détecter les nouveaux concepts et de favoriser leur épanouissement, les banques traditionnelles ont ouvert des espaces de détente ou de réflexion collectifs. Ces lieux ont d’abord été expérimentés à Paris et dans l’Ile-de-France, avant d’essaimer dans toutes les métropoles régionales.

Crédit Agricole : 100 millions pour détecter les talents

Le Crédit Agricole a ainsi lancé son label « Village by CA », pépinière de start-up, le premier étant ouvert à Paris en 2014. Depuis, la diffusion ne cesse de se propager avec 15 villages actifs et 13 autres en gestation pour la fin de l’année 2017. C’est prochainement le cas à Angers dont l’ouverture du « Village by CA » est prévue pour octobre. La banque verte s’y associe à WeForge, un accélérateur de Fintech localisé depuis plusieurs années en centre-ville. De Lille à Orléans, de Caen à Toulouse, pas moins de 300 jeunes pousses sont accompagnées. Et la dimension du projet est même internationale, avec des partenariats noués avec 15 métropoles mondiales (New-York, Londres, Moscou, Shanghai, Tokyo, etc.). Les deux fonds dédiés à la détection de talents précoces disposent de 50 millions d’euros chacun.

BNP Paribas pour être la banque de l’innovation

BNP Paribas s’appuie sur un modèle similaire en accueillant gratuitement ou à des prix modérés des sociétés innovantes dans ses pôles WAI (« We Are Innovation »). Si un vaste plan de transformation digitale structure la stratégie de l’établissement à horizon 2020, elle a ouvert son premier WAI dès 2012. Désormais, elle consacre à ce projet 5 % à 10 % des investissements en capital de la banque de détail en France. Actuellement, BNP Paribas dispose de 16 WAI et souhaite faire grimper ce chiffre à 60 en France. Elle offre un éventail de services afin de faciliter la croissance des jeunes pousses : investissement direct ou indirect, hébergement, accompagnement à l’international, mise en relation avec les ETI et les grands groupes. Elle réunit sous son label WAI près de 2 000 start-up clientes, et espère doubler ce contingent à l’horizon 2020.

Le campus collaboratif de La Société Générale

La Société Générale suit une ligne différente en misant sur un campus collaboratif, « Les Dunes », véritable technopôle consacré à la transformation numérique de l’établissement. Le bâtiment s’étend sur 126 000 m² et abrite 5 000 collaborateurs. « Le Plateau » est un quartier de 1 000 m² qui accueille des start-up externes comme internes rémunérées comme des prestataires de services. C’est le cas de Step 31, une startup interne hébergée dans cet espace et qui œuvre sur la thématique de l’expérience utilisateur. La vocation des Dunes : insuffler de l’intelligence collective, de la co-création et de l’expérimentation. Les méthodes de travail y sont volontairement plus collaboratives pour construire la banque de demain, plus réactive, plus relationnelle et plus agile. Depuis 2015, ce sont près de 1 000 start-up en Europe qui ont bénéficié de l'expérience de La Société Générale ainsi que 2 000 jeunes pousses clientes dont 10 % affiche un fort potentiel, à l’instar d’OVH ou de Blablacar.

Et les banques traditionnelles font bien de s’intéresser aux jeunes pousses plus flexibles et plus agiles tant le champ des innovations est impressionnant : open banking, blockchain, cloud, intelligence artificielle, modularisation des fonctionnalités. Autant d’investigations à poursuivre pour offrir aux clients de nouveaux services à valeur ajoutée.



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