Quelle est la valeur du AAA ?

Quelle est la valeur du AAA ?

Que révèle la notation financière AAA, considérée comme le baromètre du risque d'endettement du pays ?
Banques en ligne

Rédigé par Elsa Rédacréa

le 07 Février 2012

Le 13 janvier dernier l'agence de notation Standard&Poors dégradait la note de l'Etat français, cantonnée à « AAA » depuis 1975. La nouvelle appréciation, « AA+ », ne laisserait présager rien de bon selon les commentateurs… Ou balayée d'un revers de manche, selon d'autres observateurs de l’actualité hexagonale, révoltés que le monde de la finance puisse, tel un maître d'école, attribuer les bons et les mauvais points aux Etats souverains suivant une logique de pure rentabilité.
Et pourtant : S&P, en sanctionnant directement le dérapage dépensier de la France, ne fait que souligner le danger de remboursement d'une dette colossale dans des conditions de plus en plus difficiles. En une année (2011), l'Etat français a accru son endettement de 90,8 milliards d'euros. La dette de notre pays a franchi la barre des 85 % du produit intérieur brut, un taux jamais atteint.

Aujourd'hui, la France finance sa dette en empruntant sur des marchés plutôt confiants dans une bonne solidité économique, mais surtout une excellente capacité à contribuer à l'essor de la prospérité mondiale — par le marché extérieur, l'innovation, . En bref, avoir une bonne réputation, même dans un état d'endettement chronique depuis presque quarante ans, a permis à notre pays d'emprunter à moins de 3 % sur 10 ans. Certes, la perte du triple A n'a pas fait brusquement remonter les taux : l'anticipation des marchés, réelle, nous permet de conserver un taux d'intérêt obligataire « décent » — et même en-deçà des observés après la crise de financière de 2008. Mais rien n'exclut, dans la logique, une hausse de taux à 3,5, 4 %… Nous n'en sommes heureusement pas là.

Conséquences pour les ménages

Tout aussi inquiétante que la dégradation de la notation de France, et parce qu'elle lui est liée, la désappréciation de la note des banques et établissements de crédit fait craindre des conséquences directes pour le consommateur, emprunteur ou simple client des banques que nous sommes tous. Dans un contexte de crise économique, la note de crédit augmente. Plus aucune banque n'est désormais « classée triple A » : plus compliqué, elles sont exposées à une dégradation progressive de leur note et, conséquence directe, le coût de leur refinancement va en augmentant : elle doivent elles-mêmes emprunter plus cher, y compris entre elles. Avec pour contrecoup la hausse des taux de crédit octroyés à leurs clients, entreprises, collectivités — très inquiètes — et, bien sûr, ménages. Premiers concerné, le crédit immobilier, véritable produit d'appel des banques françaises. Selon un spécialiste web du crédit, la moyenne des 4,2 % sur vingt ans, observée aujourd'hui, pourraient s'élever en quelques mois à 4,7 %. Les banques, qui ont tout intérêt à ne pas laisser déraper ce produit de vitrine lucratif qu'est le crédit immobilier, vont devoir redoubler de vigilance sur la solvabilité de leur clients, mais aussi faire preuve d'astuce pour regagner d'un côté ce qu'elle perdent de l'autre. Par exemple en augmentant les tarifs de leurs services, et accessoirement en « se servant » sur leur formules de crédit à la consommation, généralement souscrites par les ménages moins solvables… Mais, là non plus, nous n'en sommes pas là : les taux moyens de crédit immobilier observés en ce début de mois contredisent les prévisions alarmistes, puisqu'il sont en faible baisse par rapport à janvier. Jusqu'ici, tout va bien ?



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